P.K. Subban amorce sa première saison dans la LNH. Si l'on ajoute aux sept matchs disputés jusqu'ici cette année les 16 de la saison dernière, dont 14 en séries éliminatoires, cela donne une expérience de 23 parties. Et 23 matchs, ce n'est rien. Rien du tout.

Dans le cas de Subban, ce rien du tout fait déjà foi de tout. Car après 23 parties, en dépit de ses 21 ans, du côté bon enfant qu'il affiche au vestiaire et qu'il traîne aussi sur la patinoire, P.K. Subban a convaincu tous ses coéquipiers qu'il est non seulement un membre à part entière du Canadien de Montréal, mais qu'il est déjà un joueur établi dans la Ligue nationale. Un joueur promis à une belle, voire éclatante carrière.

Quand on demande à Subban s'il est déjà convaincu d'avoir une place bien à lui après une probation si courte, le défenseur cesse de délacer ses patins et relève la tête en souriant à belles dents.

«Est-ce que ça paraîtrait mal si je te disais que ça fait quatre ans que je suis convaincu d'avoir ma place dans la Ligue nationale?»

Cette phrase, Subban la lance de la même façon qu'il joue, qu'il patine, qu'il dribble avec la rondelle au lieu de la tirer dans la baie vitrée: avec une confiance assaisonnée d'un brin, ou deux, d'arrogance.

Le genre d'arrogance qui peut mettre une recrue à l'écart du groupe lorsqu'elle n'est pas justifiée.

Mais dans le cas de P.K. Subban, cette pincée d'arrogance est acceptée par des coéquipiers qui ont vite compris qu'elle n'avait rien d'un écran de fumée. «Dès son premier séjour avec nous l'an dernier, lors de deux matchs contre Philadelphie, j'ai vu que P.K. était sur le point d'atteindre la LNH et d'y rester», lance Josh Gorges lorsqu'on lui demande de déterminer le statut à accorder au défenseur recrue.

Vrai qu'en deux rencontres, Subban avait récolté deux passes et obtenu quatre tirs au but. Mais le Canadien avait subi des revers de 3-2 et 6-2... «Tu commets l'erreur que trop de partisans et de journalistes commettent lorsqu'ils analysent le rendement d'un joueur: tu t'arrêtes aux statistiques, aux jeux qui se retrouvent dans les faits saillants à la télé. Car ce n'est pas avec ce genre de jeu qu'un jeune fait sa place au sein d'une équipe. P.K. m'a convaincu en résistant à l'échec avant des Flyers, en gardant sa position devant le but, en protégeant la rondelle. Ces jeux passent inaperçus aux yeux du public. Mais ce sont eux qui permettent à un gars de faire sa place ou de la perdre. Le talent et les aptitudes permettent ensuite de gagner du galon. C'est exactement ce qui arrive avec P.K. Oui, il est spectaculaire. Oui, les partisans l'acclament souvent pour des jeux flamboyants. Mais c'est pour des jeux bien plus effacés qu'il reçoit une tape sur l'épaule sur le banc et qu'il fait partie de l'équipe.»

Le premier but du Canadien, samedi à Ottawa, illustre clairement le propos de Josh Gorges. Pressé dans son territoire par Zack Smith et Ryan Shannon, Subban a essuyé une solide mise en échec. Mais c'est lui qui est ressorti de l'impact avec la rondelle, qu'il a en ensuite relayée à Tomas Plekanec. Quelques secondes plus tard, Andrei Kostitsyn marquait.

«À la télé, ils ont sans doute montré la passe de «Pleki» et le tir d'Andrei. Mais sur le banc, nous savions tous que ce but était le résultat du jeu de P.K.», a tenu à souligner Gorges qui affiche une confiance sans bornes à l'égard de son jeune coéquipier.

Une confiance dont Subban a besoin. Grand besoin.

«Pour être au mieux de ma forme, je dois jouer beaucoup et avec confiance. Mais pour jouer avec confiance, on doit sentir que nos coéquipiers et les entraîneurs nous font confiance. Je suis content du déroulement de la saison, de ma progression. Mais je n'ai encore rien prouvé dans la Ligue. Je sais que chaque présence est importante. Qu'elle ne peut être gaspillée. J'apprends chaque jour et j'ai encore beaucoup à apprendre. Mais c'est bien plus facile d'apprendre quand on le fait avec l'appui de ses coéquipiers.»