Martin Brodeur et Ilya Kovalchuk sont arrivés ensemble dans les corridors du Centre Bell, deux heures avant le début du match d'hier soir face au Canadien. L'image venait tout résumer des Devils: d'un côté, le gardien vedette qui a tenu ce club à bout de bras pendant des années, et de l'autre, la supervedette russe à qui l'on va verser 100 millions de dollars US au cours des 15 prochaines saisons pour relancer l'équipe.

Kovalchuk est le futur, mais pendant des années, les Devils, c'était Brodeur. Et c'est son nom qui arrivait en tête des listes quand on jetait un coup d'oeil sur les statistiques des gardiens de la Ligue nationale.

Comme les choses ont changé.

En ce début de saison, les Devils ne sont plus la puissance de jadis, et le nom de Brodeur ne se retrouve plus parmi les meilleurs de la Ligue. Les temps changent, et à 38 ans, le vétéran des Devils admet qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps. La retraite? Pas pour tout de suite. Mais en même temps, il sait très bien que la fin de sa carrière approche. «C'est sûr que j'y pense, a-t-il admis avant le match d'hier soir au Centre Bell. Il me reste encore deux années de contrat, et après ça, je ne sais pas trop ce qui va arriver. On va voir comment je vais me sentir.»

Brodeur jure que côté physique, tout va très bien pour lui. Il rit d'ailleurs quand on lui demande s'il se croit capable de jouer 65 matchs cette saison. «D'habitude, on me demande si je pense pouvoir disputer 70 matchs! Physiquement, ça va. Ce n'est pas un problème. C'est plus mentalement, je dirais... si on continue de perdre, ça va être une autre affaire!»

Il faut dire que le gardien québécois en a vu, des rondelles. Au cours des 12 dernières saisons, il n'a disputé qu'une seule saison de moins de 70 rencontres, et encore, c'était en raison d'une blessure.

Le visage de l'équipe

Même si Kovalchuk est devenu la vedette des Devils, c'est encore sur Martin Brodeur que les projecteurs sont braqués. C'est encore lui qui est, d'une certaine façon, le visage de cette équipe. Ce n'est pas un problème pour lui; après toutes ces années, le vétéran gardien jure qu'il a encore du plaisir à se rendre à l'aréna. «C'est plaisant parce qu'il y a dans notre équipe tous ces jeunes qui poussent, qui veulent faire leur place. Ce n'est pas plus dur de me rendre aux matchs, de me lever le lendemain d'un match. J'aime encore la vie de joueur de hockey. J'adore ça. En fait, c'est une vie qu'on apprécie plus on vieillit. J'essaie seulement de profiter du moment.»

Depuis ses premiers arrêts dans la LNH, en 1991-92, Brodeur a toujours été celui dont les statistiques étonnaient. C'est pourquoi il est tout aussi étonnant de constater ses modestes chiffres en ce début de saison. Mais les Devils demeurent son équipe, et ce n'est pas Johan Hedberg, son substitut, qui va venir lui voler son poste.

La saison commence à peine, et Martin Brodeur, on le sait, n'est pas du genre à paniquer. «Nous avons de bons jeunes joueurs et il faut bâtir autour de ces gars-là si on veut avoir du succès cette saison», a-t-il ajouté, d'un air confiant.

Ne reste plus qu'à enfiler des victoires...