Nicklas Backstrom a récolté cinq points en deux matchs face au Canadien. Samedi, il a complété son tour du chapeau en prolongation pour permettre aux Capitals de Washington de couronner une remontée impressionnante.

Mais de qui parlait-on le lendemain?

D'Alexander Ovechkin!

«Je ne pense pas que Nicklas puisse sortir de l'ombre d'Ovie... et je ne pense qu'il le veuille non plus», nous a raconté le vétéran Brendan Morrison en fin de semaine.

«On dit d'Ovie qu'il est le visage de la Ligue nationale et qu'il adore l'attention. Mais Back, lui, est plus réservé et il n'a aucun problème à faire sa petite affaire. Le moins de distractions, le mieux c'est pour lui.»

Mais il faut vraiment que les projecteurs braqués sur Ovechkin soient éblouissants pour que Backstrom puisse se camoufler dans toute cette lumière. «Il a eu la saison de 100 points la plus discrète de la Ligue», constate son compagnon de trio Mike Knuble.

On ne parle pourtant pas d'un attaquant ordinaire qui parasite le talent d'un autre pour gonfler sa fiche!

Passeur de tout premier plan, le centre de 22 ans a atteint cette saison un plateau que seuls Wayne Gretzky et Peter Stastny avaient atteint avant lui, soit d'avoir enregistré au moins 55 mentions d'aide à chacune de ses trois premières campagnes dans la LNH. Pas étonnant qu'il trône au troisième rang des mentions d'aide de la Ligue dans les trois dernières années, n'étant devancé que par Henrik Sedin et Joe Thornton...

C'est du sérieux

Autant Knuble que Morrison n'hésitent pas à comparer le style de jeu de Backstrom à celui de Peter Forsberg, même si ce dernier avait une dimension physique dans son jeu que n'a pas leur coéquipier.

«Nicklas est extrêmement fort en possession de la rondelle, c'est un excellent passeur et sa vision du jeu est incroyable, décrit Knuble. Il est également capable de jouer des deux côtés de la patinoire.»

«Nicklas est particulièrement solide sur ses patins, ajoute Morrison. Lorsqu'il bataille dans le coin de la patinoire, c'est très rare qu'il ne ressortira pas avec la rondelle. Il travaille fort et il a une réelle volonté de gagner. Ce n'est pas le genre de chose qui s'enseigne.»

Plusieurs signes prouvent le sérieux du jeune homme.

Dans toute la Ligue, personne n'a inscrit plus de points que lui sur les patinoires adverses cette saison (15 buts et 33 aides). Cela révèle les traits d'un joueur qui ne se laisse pas intimider, qui demeure concentré et qui, à l'image d'Ovechkin, a le dessus sur ses couvreurs même lorsque l'autre équipe a le dernier changement.

De plus, Backstrom sait prendre soin de lui: il n'a raté aucun match en trois ans dans la LNH. Enfin, soulignons qu'il a maintenu une moyenne de 1,05 point par match depuis son entrée dans la ligue en 2007-08.

Pas mal, dites-vous?

Si l'on tient compte des deux premiers matchs face au Canadien, cette cadence grimpe à 1,13 point par match en séries éliminatoires!

Un enfant qui domine les hommes

Le hockey a toujours été dans la vie de Nicklas Backstrom. Son père Anders évoluait dans la Ligue d'élite de Suède, avec le Brynäs IF de Gavle.

Il avait même été un lointain choix au repêchage des Rangers de New York en 1980.

«C'était mon rêve d'enfance de jouer dans la LNH, mais honnêtement, je ne regardais pas beaucoup le hockey de la LNH avant d'arriver à Washington, raconte Backstrom. Je croyais que j'en étais trop éloigné. Je m'attardais davantage à regarder les gars de la Ligue d'élite de Suède. J'ai beaucoup appris d'un gars d'expérience comme Andreas Dackell, avec qui je jouais avec Brynäs.»

Dès l'âge de 17 ans, Backstrom terminait au premier rang des marqueurs de son équipe dans la Ligue d'élite, et les recruteurs s'emballaient.

Mais c'est une excellente performance au Championnat du monde junior, la même année, qui a vraiment fait grimper sa cote.

Si bien que Backstrom a été repêché au quatrième rang, en 2006, coincé entre Erik Johnson, Jordan Staal, Jonathan Toews et Phil Kessel.

Presque quatre ans plus tard, aucun joueur de cette cuvée n'a amassé plus de points que lui...

Une complicité instantanée

À 19 ans, après une autre année de domination en Suède, Backstrom a finalement mis le cap sur Washington.

«Ça m'a pris un peu de temps à m'habituer dans les premiers mois, mais lorsque nous avons changé d'entraîneur, Bruce Boudreau m'a mis sur le même trio qu'Alexander Ovechkin et Viktor Kozlov, et ça m'a donné un bon coup de main», explique le jeune joueur de centre.

La complicité avec Ovechkin a été instantanée, et les deux attaquants sont devenus inséparables sur la patinoire.

«Il a évidemment avec Ovie cette relation typique du passeur et du franc-tireur qu'on retrouve dans tous les plus grands duos du hockey, que ce soit Wayne Gretzky et Jari Kurri, Brett Hull et Adam Oates, observe Brendan Morrison.

«Mais cette année, en prenant l'initiative de tirer davantage au filet, Nick s'est donné plus d'espace pour manoeuvrer. S'il était seulement perçu comme un passeur et que son lancer n'était pas suffisamment respecté, il ne se donnerait pas autant d'options sur la glace.»

De 14 buts à sa première saison, Backstrom est passé à 22 l'an dernier. Puis à 33 cette saison. Mais quelle attention accorde-t-on à un marqueur de 33 buts lorsqu'il évolue sur le trio d'Alexander Ovechkin?

Pas assez.

Et les équipes de la Ligue nationale en paient le prix soir après soir.