De l'aveu même de Josh Gorges, les choses se sont passées un peu vite. Il ne prévoyait pas devenir aussi rapidement le représentant syndical des joueurs du Canadien.

«Je me suis retrouvé dans une situation particulière, a raconté le défenseur de 25 ans. J'ai commencé la saison à titre d'adjoint au représentant, de façon à seulement me mouiller les pieds et à apprendre comment les choses fonctionnaient.

«Or, après le départ de Georges Laraque, j'ai hérité du poste!»

Gorges est l'un des intervenants les plus réfléchis et les plus éloquents chez le Tricolore. Ce n'est guère surprenant qu'il se soit montré intéressé par l'Association des joueurs.

«La ligne est mince, car autant je veux m'intéresser à ces questions-là, autant j'ai un boulot à faire avec le Canadien sur lequel je veux me concentrer», a-t-il précisé.

Le défenseur du Canadien s'est joint à un contingent de représentants qui, outre les Vincent Lecavalier, Eric Staal et Shane Doan, compte très peu de joueurs vedettes.

«J'ignore pourquoi il n'y en a pas davantage, répond Gorges. Les vedettes ont une voix qu'ils peuvent faire entendre à tout moment. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas représentants qu'ils ne peuvent pas donner leur opinion!

«Après tout, notre rôle est surtout de faire la liaison entre ce qu'on entend au niveau de la ligue et ce qui se dit dans le vestiaire.»

«Cinq ou six équipes menacées»

Gorges a réagi aux propos de l'ancien du Canadien Vincent Damphousse, qui a dit craindre, à la radio hier matin, la menace d'un autre lock-out en 2012.

L'ex-capitaine, qui a vécu de l'intérieur le conflit de travail précédent, rappelait que la convention collective viendra à échéance en septembre 2011, mais qu'elle pourrait être prolongée d'un an par les joueurs.

Au-delà de ce terme, les propriétaires pourraient en profiter pour vouloir améliorer leur situation.

«J'espère que l'on n'en viendra pas là, surtout que toutes les équipes ont l'air assez heureuses de l'entente actuelle», a jugé Gorges.

«Après le dernier conflit, les assistances ont baissé dans plusieurs marchés américains. Si ça se reproduisait, ça ferait tellement de dommages, je me demande si la ligue serait capable de s'en remettre. Je n'ai pas les chiffres, mais il y a sûrement cinq ou six équipes qui ne seraient pas capables de s'en tirer.»

Gorges mise sur le fait qu'il reste beaucoup de temps avant l'échéance pour se montrer optimiste.

«Les deux parties comprennent la situation et devront éviter de se montrer gourmandes, a-t-il indiqué. Il faut laisser l'ego de côté et s'entendre en fonction de ce qui est le mieux pour notre sport.»

D'ici là, les coups à la tête

À plus brève échéance, Gorges confie que la cause qu'il compte défendre à l'Association des joueurs porte sur les coups à la tête.

«Le message que je voudrais propager, c'est qu'en dépit de tout ce qui se dit et des règlements que l'on veut modifier, ultimement c'est la responsabilité des joueurs d'avoir assez de respect pour ne plus se donner de coups intentionnels à la tête», a réitéré Gorges.

«Je sais que l'on parle de la victoire à tout prix, mais ce n'est pas une raison pour empêcher d'autres joueurs de pouvoir gagner leur vie. Et ça, ça n'a rien à voir avec les propriétaires ou la ligue...»