Dur coup pour les Bruins de Boston, hier. Après Milan Lucic, absent pour un mois, le départ de Phil Kessel pour Toronto, voilà que les Bruins ont perdu le troisième membre de leur premier trio de l'an dernier: Marc Savard sera à l'écart du jeu pour au moins quatre semaines en raison d'une fracture au pied gauche.

Le DG Peter Chiarelli a fait les déclarations de circonstances, hier, affirmant que ce coup de malchance allait permettre aux troupes de se rallier et donner la chance à des jeunes de se faire valoir.

Reste que la lutte pour le championnat dans la division Nord-Est est désormais plus ouverte qu'on ne le croyait, non seulement en raison des pépins que vivent les Bruins, mais de l'aplomb démontré jusqu'ici par certains clubs, comme les Sénateurs d'Ottawa et les Sabres de Buffalo, ou même le Canadien s'il continue à jouer comme il l'a fait mardi.

L'opinion de Dorion

Mais n'allons pas croire que les Bruins sont cuits pour autant. «Certaines équipes ne se remettraient pas de la perte de deux joueurs de leur premier trio, mais les Bruins ont de la profondeur, a souligné hier le directeur du personnel chez les Sénateurs, Pierre Dorion, au cours d'un entretien téléphonique. C'est une grosse perte, mais ils ont des Patrice Bergeron et David Krejci au centre, des Michael Ryder et Blake Wheeler aux ailes. Ils viennent d'acquérir Dan Paille, qui n'est évidemment pas Milan Lucic, mais qui constitue un atout. Ils ont une excellente structure. Ça peut les affecter un peu, mais ça ne sera pas une situation où ils se retrouveront dans le bas du classement.»

Dorion prend du galon à Ottawa. Il a appris le métier à un jeune âge à Montréal (fin vingtaine), où il a dirigé le repêchage amateur de 1998 à 2000. Puis, il est passé aux Rangers de New York en 2005, avant de se joindre aux Sénateurs deux ans plus tard. Il a été promu, cet été, directeur du personnel, c'est-à-dire qu'il touche au recrutement professionnel tout en continuant de piloter le repêchage amateur.

Pour les membres de l'organisation des Sénateurs et lui, le début de saison suscite beaucoup d'espoir après une année difficile. Ottawa est actuellement premier dans l'Est, en ce début de saison, avec une fiche de 5-2. Et les coups durs subis par les Bruins ne seront pas de nature à leur nuire.

«On a un bon système de jeu, a souligné Dorion. On poursuit sur notre lancée de la fin de saison dernière sous la direction de l'entraîneur Cory Clouston. On travaille fort, on est disciplinés. On a aussi beaucoup plus de profondeur avec l'échange de Heatley et l'arrivée de Kovalev. On a perdu un gros morceau (Heatley), mais notre équipe est mieux équilibrée. La vitesse de notre équipe est supérieure, grâce entre autres à l'arrivée de Milan Michalek. Les gars sont en meilleure forme physique aussi. Mais le gros facteur, c'est Pascal Leclaire. Il s'est remis de ses blessures et il démontre qu'il est l'un des bons gardiens de la ligue.»

Les Sénateurs repêchent un peu mieux depuis quelques années. Leur premier choix en 2008, le défenseur Erik Karlsson, a obtenu un poste cette année. Le colosse Jared Cowan attend dans l'ombre.

«Karlsson va assez bien. Il n'est pas parfait, mais il amène des habiletés à la ligne bleue. Il démontre tout de même qu'il peut jouer dans la LNH à 19 ans. Dans le cas de Jared Cowen, il faut souligner que Phillips et Volchenkov ne seront pas éternellement avec nous. C'est important de trouver de futurs remplaçants pour jouer contre les meilleurs trios adverses. On a été chanceux d'obtenir Cowen au neuvième rang. Il n'aurait pas été disponible s'il n'avait pas été blessé.»

Des souvenirs

On a beaucoup reproché au Canadien d'avoir préféré Éric Chouinard à Simon Gagné en 1998. Chaque fois qu'on l'interroge à ce sujet, Pierre Dorion demeure nébuleux. Il donne l'impression d'un homme qui s'est vu imposer un choix, mais qui refuse de faire porter le blâme aux principaux intéressés. Dorion et son équipe de dépisteurs ont fait un travail formidable par la suite en repêchant Mike Ribeiro en deuxième ronde, François Beauchemin en troisième ronde, Andrei Markov en sixième et Michael Ryder au huitième tour.

«J'aimerais prendre le crédit pour Andrei Markov, c'est une grande fierté pour l'organisation, mais il faut plutôt louanger Pierre Mondou dans ce dossier. Je suis plutôt fier dans le cas de Michael Ryder, un gars repêché tard qui a joué dans la East Coast League et qui a finalement montré qu'il pouvait être un marqueur dans la LNH. Fier aussi de Mike Ribeiro. C'est malheureux que ça n'ait pas fonctionné à Montréal, mais il a gagné en maturité au fil des années.»