Près d'une heure après que ses coéquipiers eurent retraité au vestiaire, Tomas Plekanec tirait encore des rondelles dans un filet abandonné.

Même qu'il a fallu l'intervention de monsieur Zamboni pour le chasser de la glace.

Sans casque et sans plaisir apparent, le centre tchèque avait l'air de chercher l'illumination en maniant les rondelles.

On ne peut pas le blâmer de prendre son travail à coeur et de chercher désespérément des solutions.

Mais quitte à faire du temps supplémentaire, Bob Gainey aurait sûrement préféré que les frères Kostitsyn soient à ses côtés.

Car l'entraîneur l'a répété: le salut de son équipe passe par un deuxième trio capable de produire.

«Ils ne doivent pas tenter de régler ça individuellement en rentrant chez eux, en fermant les lumières et en ruminant dans le noir tout ce qu'ils font de pas correct, a expliqué Gainey.

«Ils doivent plutôt se demander de façon concertée comment ils peuvent mettre ensemble les habiletés dont ils disposent.

«C'est probablement le joueur de centre qui doit prendre ce type de leadership car il est naturellement le général sur un trio.

«D'autant plus que Tomas a un peu plus d'expérience que les deux autres...»

Plekanec avait connu une belle séquence au retour de sa suspension, mais il n'a inscrit que deux buts et une passe à ses 11 derniers matchs.

Andrei Kostitsyn, qui a raté les deux derniers matchs en raison d'un virus, n'allait guère mieux avant cela, n'ayant qu'un but et seule mention d'aide à ses 14 matchs précédents.

Et son frère Sergei n'a rien fait qui vaille depuis son rappel de Hamilton.

«Les deux Kostitsyn tentent encore de faire leur marque dans la LNH et ce sera un bonus pour nous lorsqu'ils viendront pour jouer», a lancé Bob Gainey dans un commentaire qui en dit long.

«Je crois qu'ils le feront, nous avons besoin d'eux. Et quand ils le feront, on aura une équipe complète avec laquelle travailler.»

À eux de trouver

Avec seulement sept rencontres à disputer dans la saison, il est un peu tard pour recommencer à jongler avec les trios.

Les trois autres unités du Canadien fonctionnent. C'est donc à Plekanec et aux frères Kostitsyn de trouver eux-mêmes des solutions.

«Sergei a été parti un certain temps, Andrei a été malade et Tomas a eu plusieurs compagnons de trio, a rappelé Gainey. Mais à un moment donné, il faut tracer la ligne.

«Les joueurs sont là et ils correspondent à la description du trio offensif qu'on recherche. Mais ils doivent en faire plus par eux-mêmes.

«Ça veut dire moins chercher les solutions individuelles et cesser de se demander pourquoi ils jouent avec un tel, ou pourquoi ils n'ont pas joué sur tel avantage numérique.

«Ils doivent commencer par jouer un bon match. Ça ne veut pas nécessairement dire être le meilleur trio de l'équipe ou de récolter cinq points.

«Mais, on a besoin d'un autre trio offensif qui fonctionne.»

Price aussi aura un rôle-clé 

Le succès du Tricolore est bien sûr une affaire d'équipe.

Mais s'il fallait grossir les traits, on vous dirait que Tomas Plekanec et Andrei Kostitsyn sont peut-être les attaquants qui influenceront le plus les sept derniers matchs de la saison.

Et l'autre gars dont le rendement sera déterminant, c'est Carey Price.

«Ça s'en vient, j'ai l'impression que le travail commence à porter fruit», a déclaré un Price encouragé, lundi midi.

Tout en confirmant que Price serait devant le filet, mardi, pour la visite des Blackhawks de Chicago, Gainey a noté que le gardien de 21 ans prenait un peu moins la responsabilité de chaque but marqué contre lui.

«Auparavant, son langage corporel était celui de quelqu'un qui était toujours coupable. Maintenant, il a l'air de faire partie de l'équipe, mais pas plus que les autres», a-t-il dit.

Josh Gorges, un bon ami de Price, reconnaît que ce dernier est un athlète tellement fier qu'il s'incombe d'arrêter absolument toutes les rondelles.

«Heureusement, on sent qu'il recommence à avoir du plaisir à l'entraînement et qu'il est un plus peu joyeux, note Gorges.

«Mais il n'y a que les arrêts-clé et les victoires qui peuvent redonner sa confiance.»

Price est un disciple du sacro-saint puck tracking.

Quand le puck tracking va, tout va. Pour l'instant, c'est à peu près la seule chose qui importe pour lui.

Tout le reste, Price essaie de ne pas trop y penser.

«Les gens disent toutes sortes de choses, disait-il mardi. Une semaine, on me compare à Patrick Roy et la semaine suivante, mon histoire ressemble à celle de Jim Carey.

«Alors j'essaie de ne pas trop prêter attention à ce qui se dit.»