Ça devait être une saison magique. Une saison de rêve, comme ils en font dans les films de Disney. Je me souviens encore de ce beau souper au Centre Bell avec les anciens en début de saison, avec des invités de prestige qui sirotaient du vin rouge entre deux canapés. Je me souviens des dirigeants du Canadien, qui parlaient de cette 100e saison du Canadien comme d'une saison inoubliable.

Eh bien, c'est une saison inoubliable en effet. Mais peut-être pas pour les bonnes raisons.

Résumons un peu. Depuis le 10 octobre, date du premier match de la saison régulière, le Canadien a fait les manchettes pour les raisons suivantes: un entraîneur congédié, un joueur vedette qui se fait renvoyer chez lui tout en étant privé de dessert, des photos de certains joueurs sur le party qui se retrouvent sur le net, une subvention de 250 000$ pour produire du matériel pédagogique distribué dans les écoles et, bien sûr, les frères K et leurs fréquentations douteuses.

Voilà. Bon centième, mesdames et messieurs!

Ce n'était pas le scénario prévu. En septembre, tous les experts, ou presque, voyaient en ce club le club de l'avenir. La première place dans l'Est? Pas de problème. En fait, on cherchait seulement à savoir qui le Canadien allait affronter en grande finale.

Bien sûr, on ne pouvait pas prévoir que certains joueurs du CH allaient profiter de leurs soirées au centre-ville pour se comporter comme Lil Wayne ou Flavor Flav. Mais avec le recul, on a peut-être un peu surestimé les jeunes joueurs du Canadien, ceux qui devaient «exploser» cette saison.

«On s'attendait tous à ce que les jeunes prennent le leadership de cette équipe, m'a expliqué hier Vincent Damphousse, l'ancien capitaine qui voit encore de 10 à 15 matchs par saison au Centre Bell. Des gars comme Price, Higgins et les frères Kostitsyn ont eu plus de difficultés que prévu. Pour le moment, les jeunes espoirs sont encore des espoirs, justement.»

Pour le moment, le Canadien demeure l'équipe de Koivu et Kovalev. Et ça, c'est un gros problème, selon Damphousse.

«On demande à des gars de 35-37 ans de traîner l'équipe, alors que ce devrait être le rôle des plus jeunes, a-t-il ajouté. Si tu regardes les joueurs du Canadien présentement, c'est plus facile de comprendre pourquoi l'équipe n'est plus en première place comme il y a un an. Le Canadien se retrouve exactement où il devrait être.»

Évidemment, la saison n'est pas finie. Il reste encore 11 matchs à jouer. On peut toujours s'accrocher à des si, n'est-ce pas? Si Carey Price enfile les petits miracles. Si Koivu retrouve sa fougue. Si Glen Metropolit en met 15 dedans d'ici la fin...

Ça va prendre tout ça et même plus pour sauver ce centenaire du désastre. Avec les attentes, avec cette barre placée bien haut en septembre, le Canadien ne peut plus se contenter de seulement prendre part aux séries.

Pour sauver son 100e, le Canadien a besoin de quelque chose de gros. Il a besoin d'une participation en finale d'Association, rien de moins. S'il n'atteint pas le troisième tour, alors là, on en viendra à la conclusion que cette saison du centenaire aura été un échec sur toute la ligne.

Dans le fond, une sortie rapide en avril serait peut-être la meilleure solution pour régler les problèmes qui minent cette équipe. Une sortie rapide, et le Canadien de 2009-2010 aurait assurément un visage très différent.

En tout cas, Vincent Damphousse, lui, s'attend à des changements. À commencer par le capitaine. «Je ne pense pas que Saku Koivu va être de retour, a-t-il prédit. Il ne mérite pas toutes ces critiques, et des fois, c'est mieux de passer à autre chose pour aller finir sa carrière ailleurs.»

Nous voici donc en fin de saison régulière, et on parle de quoi? Du coach congédié, du capitaine qui pourrait partir, des rumeurs qui circulent, d'un vestiaire pollué. Sans oublier la déclaration-choc de Carbo, qui a promis que la vérité allait sortir un jour.

Non, ce n'était pas ça, le scénario.