Le 22 février 2007, lors d'une visite du Canadien à Nashville, Steve Sullivan aidait les Predators à se défendre en infériorité numérique lorsqu'il s'est retourné pour repérer son coéquipier David Legwand.

Il a alors senti quelque chose se coincer.

«J'avais des spasmes au dos de façon épisodique depuis 1999, raconte cet attaquant dont les parents sont originaires de Rouyn-Noranda.

«Sur le coup, je n'ai pas eu l'impression que ce serait différent des autres fois.»

L'attaquant de 34 ans n'aurait jamais pensé qu'il amorcerait ce soir-là un calvaire qui allait l'éloigner du hockey pendant 23 mois.

Sullivan a brièvement entretenu l'espoir de revenir au jeu la saison dernière, mais ce fut peine perdue.

À seulement 5'9 - sur patins diront certains - Sullivan a toujours eu besoin de se prouver aux yeux des autres. Mais cette fois, pour passer à travers une telle épreuve, c'est à lui-même qu'il a dû se prouver.

«J'ai dû combattre les démons dans ma tête pour empêcher toutes sortes de pensées négatives de polluer mon esprit, explique-t-il.

«J'ai puisé mon inspiration chez mes quatre enfants. Mon plus vieux a neuf ans et, après deux années complètes, il ne se rappelle plus de m'avoir vu jouer.

«Or, je voulais vraiment que mes enfants voient papa en action.»

Même s'il s'est passé deux fois sous le bistouri, Sullivan n'a jamais pensé mettre un terme à sa carrière. Mais, isolé par l'inactivité, il ne pouvait se sentir un membre à part entière des Predators.

«Il ne voyageait pas avec nous, il ne pouvait évidemment pas patiner et, même s'il venait faire son tour dans le vestiaire de temps en temps, c'était dur pour lui de s'intégrer parce qu'il ne voulait pas déranger», explique son coéquipier Jean-Pierre Dumont.

«L'année dernière, je ne me sentais pas du tout un membre de l'équipe, reconnaît Sullivan. La seule interaction que j'avais avec les gars, c'était après les matchs.

«Au moins, cette saison, je me suis entraîné au gym avec mes coéquipiers. De savoir que mes efforts étaient surveillés, ça m'a donné une motivation supplémentaire.»

C'est encore loin...

La longue traversée du désert s'est finalement achevée samedi dernier alors que les Predators ont accueilli les Blackhawks de Chicago.

Une soirée au cours de laquelle les larmes ont abondamment coulé...

«Sa femme l'a accompagnée dans tous les aspects de sa réhabilitation, explique l'entraîneur Barry Trotz. C'est un ange. Ils se sont retrouvés après le match et ça a été très émotif.»

Sullivan se dit très reconnaissant de la patience que les Predators lui ont témoigné.

«Du DG David Poile jusqu'aux thérapeutes, tout le monde a été très accommodant. Ils me demandaient toujours ce qu'ils pouvaient faire pour moi ou encore quel nouveau truc on pouvait essayer.»

Sullivan sera joueur autonome à la fin de la saison et il aimerait bien dire qu'en retour, il n'hésitera pas à revenir à Nashville l'an prochain. Mais c'est regarder trop loin.

«Il reste encore 40 matchs à la saison et pour moi, 40 matchs c'est énorme. Pour l'instant, je vais essayer de tenir le coup jusqu'à la fin de cette saison et profiter de chaque moment plutôt...»

Son retour est évidemment bien accueilli dans le vestiaire des Predators, où son ajout est l'équivalent d'une acquisition qui n'a rien coûté en retour.

«Pour Steve, c'est la fin d'un long voyage... et le début d'un autre», se réjouit Barry Trotz.