Il y a un vieux dicton du monde des affaires dont la véracité ne s'est jamais démentie: Buy low, sell high. D'un strict point de vue financier, si George Gillett voulait vendre le Canadien, il ne pourrait choisir un meilleur moment.

Non seulement l'équipe de Guy Carbonneau connaît-elle un début de saison canon, mais ses finances se sont grandement améliorées depuis 2001 à la faveur, entre autres, de la remontée du dollar canadien vis-à-vis du dollar américain. Selon Forbes, le Tricolore a encaissé des profits de 39,6 millions US l'an dernier. Seuls les Maple Leafs de Toronto sont plus rentables.

Résultat: Forbes chiffre aujourd'hui la valeur du club à 334 millions US (incluant le Centre Bell). C'est une hausse de 18% au cours de la dernière année et de plus de 80% depuis que Gillett a acheté le club, en 2001.

Des difficultés ailleurs dans l'empire Gillett pourraient être une autre raison de vendre. Si le Canadien se porte bien, la situation semble plus délicate du côté du Liverpool FC, l'autre grand club sportif du propriétaire du Canadien.

Gillett et son partenaire, l'homme d'affaires texan Tom Hicks, ont emprunté pour acheter le club le plus titré de l'histoire du soccer anglais, à l'hiver 2007. La dette d'acquisition du club a été refinancée au début de 2008 grâce à un prêt de 350 millions de livres (655 millions CAN) de la Royal Bank of Scotland. L'emprunt vient toutefois à terme en janvier et devra être renégocié, à moins que Gillett et Hicks n'exercent l'option leur permettant de reporter cette échéance de six mois.

Compte tenu du resserrement du crédit, l'exercice pourrait s'avérer ardu et forcer les partenaires à céder le club, même si, selon une source proche du dossier, les profits de Liverpool auraient presque triplé depuis que le club est passé aux mains du duo Hicks-Gillett.

Le Times de Londres rapportait il y a deux semaines que les deux Américains avaient mandaté la firme Merrill Lynch pour trouver un acquéreur au Liverpool FC. Interrogé à ce sujet à la radio torontoise The Fan 590, la semaine dernière, Gillett n'a pas nié formellement.

«Les histoires se nourrissent d'elles-mêmes et certaines d'entre elles sont inventées. Nous n'avons pas de commentaires à faire au sujet de ce que nous faisons. Il y a déjà eu trop de spéculations», s'est-il borné à déclarer.

Signe que Liverpool n'a pas des moyens illimités, le projet de construction d'un amphithéâtre pour remplacer le stade d'Anfield, où le club dispute ses matchs locaux, a été remis à plus tard, il y a deux mois, en raison de la crise du crédit. «Nous avons reporté le projet temporairement, mais nous continuons d'investir des sommes substantielles tous les mois sur l'architecture, l'ingénierie, le zonage, etc. La situation financière fait qu'il est plus prudent de remettre le projet à une date indéterminée», a dit Gillett sur les ondes de The Fan.

Ce délai n'a pas rehaussé la cote de popularité de Hicks et Gillett auprès des partisans de Liverpool, qui sont nombreux à réclamer leur départ depuis un an.