Priver un joueur de hockey de ses patins pendant six mois n'est pas une mince affaire. Surtout lorsque le bonhomme en question est Simon Gagné, joueur concession des Flyers de Philadelphie. Mais quand une carrière est en jeu, mieux vaut regarder plus loin que le bout de son nez. Et avec une vue de recul, le grand no 12 ne peut que hocher la tête et dire qu'il a pris la meilleure décision de sa vie en mettant en veilleuse sa passion, son gagne-pain. 

Et ce n'est pas peu dire d'affirmer qu'il peut hocher la tête. Parce qu'après avoir disputé son dernier match dans l'uniforme orange et noir le 10 février, il n'en menait pas large. Maux de tête, cou endolori, moral au plus bas niveau. Un dur contact avec Jordan Staal, des Penguins de Pittsburgh, venait de l'envoyer au tapis pour la troisième fois dans la saison et il n'était tout simplement plus en mesure de poursuivre.«Il fallait que j'arrête, a confié l'attaquant originaire de Sainte-Foy. Et il fallait surtout que je sache ce qui n'allait pas. C'est pourquoi mon conseiller (Robert Sauvé) et moi avons décidé d'aller consulter le Dr James Kelly à Denver. Et malgré la recommandation de laisser tomber le reste de la saison, j'ai été fort soulagé d'enfin savoir ce qui n'allait pas.»

Il n'avait finalement pas subi trois commotions cérébrales, mais plutôt une seule qui n'avait jamais vraiment guéri. À partir de là, le clan Gagné a retrouvé le sourire. Mais il y avait aussi cette fichue douleur au cou, un mal persistant qui lui donnait également des maux de tête et passablement d'inconfort. «Ça me fatiguait parce que personne ne semblait s'en préoccuper, a-t-il dit. On finit par penser qu'on est un peu plaignard. De passage à Québec, j'ai visité la Clinique PCN et les physios Gilles Courchesne et Richard Normand trouvaient que mes vertèbres 1 et 2 manquaient de souplesse.»

De retour à Philadelphie, il écoutait la télé lorsqu'il a vu un documentaire sur la prolothérapie. Selon la définition de l'Office canadien de coordination de l'évaluation des technologies de la santé (OCCETS), la prolothérapie, un traitement pour certains types de douleur musculosquelettique chronique, est l'injection d'une solution dans des ligaments ou des tendons endommagés. La solution entraîne une irritation et une inflammation locales qui stimuleraient la croissance et la réparation des tissus.

«Quand j'ai vu ça à la télé, a continué Gagné, je me suis rendu compte que le médecin en question avait un bureau à une dizaine de minutes de chez nous. Moi, j'étais prêt à faire n'importe quoi. J'ai écouté ce qu'il avait à dire et j'ai foncé.»

Au départ, il se tapait une vingtaine d'injections dans la région de la nuque par visite hebdomadaire. «Pas très agréable comme sensation, a-t-il noté en riant. J'ai eu ma dernière séance en juillet et j'y retourne en arrivant à Philadelphie (cette semaine). Ça m'a fait tellement de bien. Je n'ai pas eu de maux de tête de l'été. Je me suis entraîné à fond et j'ai suivi une diète sévère. Je suis en aussi grande forme qu'après le lock-out.»

Tout ce qui lui manque maintenant, c'est de retrouver son synchronisme sur deux lames. Il a commencé à patiner il y a une dizaine de jours avec les autres pros de la région et il va apporter les dernières touches à sa préparation au camp des Flyers. Côté cérébral, il a obtenu le feu vert des spécialistes des Flyers et de la Ligue nationale en mai. Il lui reste une visite à faire aux bureaux du Dr Kelly. Puis, il espère reprendre où il avait laissé au printemps 2007.

Appliquez les règlements déjà existants

Ironique n'est-ce pas qu'on vous raconte l'histoire de Simon Gagné quelques jours après que le comité consultatif mis sur pied par les dirigeants de la Ligue de hockey junior majeur du Québec à la suite de l'intervention de la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, accouche de son rapport contenant ses recommandations quant à l'élimination de la violence gratuite au hockey.

De bien belles intentions découlant du tollé généré par «LES ÉVÉNEMENTS» Roy-Saguenéens. Mais si on avait juste appliqué à la lettre les règlements déjà existants, on n'en serait pas où l'on en est aujourd'hui.

On a toujours laissé trop de place dans l'interprétation des règles plutôt que de sévir. Il est grand temps de sortir de cette mentalité d'hommes des cavernes où agressivité, intimidation et vengeance sont des mots trop souvent entendus dans les vestiaires.

Qui sont les joueurs qui ont captivé les inconditionnels du hockey junior dernièrement ? Les Sidney Crosby, Alexander Radulov, David Desharnais et Claude Giroux, pour ne nommer que ces quatre artistes. C'est tout dire.

Les bagarres et leurs sous-produits monopolisent beaucoup trop l'attention. On dénote plus d'une vingtaine d'infractions différentes les concernant dans le livre des règlements. Qu'on les élimine tout simplement. Surtout qu'au cours des deux dernières saisons, il n'y a eu en moyenne que 1,9 pénalité majeure imposée par rencontre. Et pas toutes des majeures pour s'être battu.

Quant à la violence gratuite, les mécanismes sont déjà en place. Si un joueur frappe par-derrière, dehors ! Si un joueur frappe à la tête, dehors ! Si un jeune s'improvise joueur de baseball avec son bâton de hockey, dehors ! Et si un entraîneur s'improvise stand up devant un arbitre, dehors ! Il sera intéressant de voir ce que le comité orientation hockey du circuit Courteau (tiens, un autre comité !) va faire avec le rapport qui s'étend sur une trentaine de pages.