Frédérik Gauthier n'est pas le plus bavard en entrevue. Oui, il se prête au jeu de bon coeur, avec un air presque amusé. Mais ses réponses sont souvent moins longues que les questions.

Son ami et coéquipier avec l'Océanic de Rimouski en sait quelque chose. « Fred? C'est vrai qu'il doit être un peu plate en entrevue! lance Samuel Morin. Quand on le connaît par exemple, y'est ben le fun. »

Mais justement, au Championnat mondial junior, Gauthier, un des quatre Québécois avec l'équipe, n'est pas le plus connu. Il n'est pas sur le premier trio; il est sur le quatrième. Il n'est pas un jeune prodige; il a 19 ans et participe pour la deuxième et dernière fois à ce tournoi. Il n'a pas neuf points comme Sam Reinhart; il n'en a qu'un seul.

Tout cela est vrai. Mais sans être le plus flamboyant, Frédérik Gauthier est un des joueurs les plus efficaces de cette formation canadienne qui connaît jusqu'à maintenant un parcours parfait. Sa quatrième ligne est implacable et passe la majorité de son temps dans la zone adverse. Il a aussi fait écoper aux joueurs adverses de coûteuses punitions.

« J'essaye de contribuer du mieux que je peux avec les mises en échec, les mises au jeu. Je pense que ça va bien avec les mises au jeu. Dans les deux derniers matchs, je pense en avoir perdu deux ou trois », raconte Gauthier, qui a par les temps qui courent les deux dents d'en avant cassées, vestige d'un match agité avec l'Océanic.

À la fin de la ronde préliminaire, le joueur originaire de Laval était même le plus efficace du tournoi au cercle des mises au jeu. Il est maintenant troisième, avec 38 remportées et 19 perdues.

Benoît Groulx avait laissé entendre que le costaud attaquant de 6'4 et 200 livres devait lutter pour sa place au camp final d'Équipe Canada junior. Il n'a pas l'air de regretter d'avoir choisi de le garder. « Au cercle des mises au jeu, il est très solide. Mais j'aime aussi qu'il s'implique beaucoup physiquement, note l'entraîneur-chef. Il cherche à provoquer l'adversaire. C'est de bon augure, il doit continuer à jouer comme ça. Plus il va jouer de cette façon-là, plus il aura de temps de glace. »

Non, il n'est peut-être pas le hockeyeur avec le plus de finesse. Mais rares sont ceux qui sortent d'un coin de patinoire avec la rondelle quand il y est.

Choix de première ronde des Maple Leafs de Toronto en 2013, il espère maintenant gagner l'or lundi avec le Canada. Il n'aura peut-être pas fait les manchettes comme ses coéquipiers, mais ceux-là savent que peu importe la couleur de la médaille, Frédérik Gauthier aura sué autant qu'eux pour l'obtenir.