Guy Lafleur a séduit plusieurs créateurs artistiques du Québec au fil des ans. Tour d’horizon.

En 1969, année où Guy Lafleur commence à jouer pour les Remparts de Québec, le peintre Serge Lemoyne annonce que pour la prochaine décennie, il ne créera que des œuvres en bleu, blanc et rouge. Et Guy Lafleur et quelques autres joueurs du Canadien de Montréal (Ken Dryden, Yvan Cournoyer, Jean Béliveau) allaient en faire partie.

Lafleur plus que les autres, en fait, puisque Lemoyne, visiblement grand fan du Démon blond, allait peindre quelques œuvres inspirées des exploits du célèbre numéro 10. Disparu trop vite, le peintre d’Acton Vale a déjà dit : « J’ai conduit les intellectuels au Forum et amené les amateurs de hockey à s’intéresser à l’art. »1

PHOTO JEAN GOUPIL, ARCHIVES LA PRESSE

L’artiste Serge Lemoyne, en juin 1991

À l’inverse, Guy Lafleur s’est aussi intéressé à Lemoyne. Ainsi, le 25 septembre 2012, il a participé au lancement de l’exposition Lemoyne à l’Espace Création de Loto-Québec. Se faisant photographier devant un tableau fait de vrais patins, il a déclaré : « Le hockey avait de quoi inspirer à l’époque. On avait un sentiment d’appartenance. »2

Mieux encore, le célèbre numéro 10 du CH a déjà confié à notre regrettée collègue Jocelyne Lepage posséder des sérigraphies de Lemoyne ainsi que des toiles de Claude Le Sauteur et d’Henri Masson.

PHOTO FOURNIE PAR KRAUSE & JOHANSEN

Le masque (1975), œuvre emblématique de Serge Lemoyne

En somme, les artistes aimaient bien Guy Lafleur et s’inspiraient de lui et ce dernier leur rendait, à sa façon, la pareille en les encourageant et en associant son nom à leur création.

Outre Serge Lemoyne, le peintre Benoit Desfossés créera une toile sur Lafleur et ce dernier ne se fera pas prier pour être photographié avec celle-ci. Comme il acceptera aussi de poser avec son clone de cire au musée Grévin de Montréal.

PHOTO ANNE GAUTHIER, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Lafleur et sa statue de cire au musée Grévin de Montréal

Au cinéma, le nom Lafleur s’est retrouvé dans la comédie dramatique La cuisine rouge de Paule Baillargeon et de Frédérique Collin sortie en mai 1980. Une œuvre à caractère féministe, comme le disaient plusieurs observateurs de l’époque.

Ainsi, dans Le Devoir, Nathalie Petrowski a écrit : « Film-métaphore pour une société en péril, La cuisine rouge est une œuvre formellement imparfaite et pourtant audacieuse qui témoigne de la vitalité de l’écriture féminine et féministe. » Dans son Dictionnaire des films québécois, Marcel Jean qualifie l’œuvre de « proposition de cinéma féministe unique ».

Dans une scène de bagarre du film de Paule Baillargeon, le perdant devait répéter « Guy Lafleur est le plus grand des Québécois », a aussi relevé Benoit Melançon, professeur titulaire au département des littératures de langue française à l’Université de Montréal et auteur du blogue L’Oreille tendue. À cela, M. Melançon commente : « L’affirmation est un brin exagérée, mais une chose est sûre : beaucoup d’artistes se sont inspirés du célèbre ailier droit des Canadiens de Montréal. »

Ce dernier a relevé la présence de Lafleur dans nombre d’œuvres culturelles, que ce soit au cinéma, en vidéo, beaucoup dans la musique et encore plus dans la littérature.

À l’écran, Lafleur ne détestait pas jouer son propre rôle. Selon la banque spécialisée IMDB, on l’a vu dans Les Boys ainsi que dans un épisode de Chez Denise. Certains se rappelleront aussi son travail d’analyste des matchs de hockey dans la deuxième saison de la série Lance et compte.

Dans la chanson, revoyons quelques exemples parmi d’autres. Sur l’air de la chanson C’est l’aviron qui nous mène, le chanteur de mélodies traditionnelles Oscar Thiffault chantait : « Voici une p’tite histoire que j’vais vous raconter/Un p’tit Canadien qui joue bien du hockey/C’est Ti-Guy Lafleur qui est si populaire/C’est Ti-Guy Lafleur qui score tout l’temps. »

Dans Le plombier, des Cowboys Fringants, un spécialiste de la tuyauterie lance à un client : « Salut boss ! J’m’appelle Guy, Guy Lafleur/Ben oui, pareil comme le grand joueur ! »

Dans sa célèbre chanson Le but sortie en 2009 et consacrée au Canadien de Montréal, le groupe Loco Locass évoque les noms de plusieurs légendes de l’équipe dont Guy Lafleur, deux fois plutôt qu’une, d’ailleurs. Ainsi chantait-on : « Comme quand les gens criaient Guy, Guy, Guy/C’était en dépit du combat constant de la vie/Ça leur donnait des forces/Ils pouvaient bomber le torse. »

La plus belle preuve d’amour et d’admiration des artistes pour Lafleur réside peut-être dans le tout dernier match que Lafleur a disputé, dans l’uniforme des Nordiques, dans la LNH. C’était un dimanche, le 31 mars 1991, jour de Pâques, au Colisée de Québec.

Qui étaient alors les vedettes de la cérémonie d’avant-match ? Non, pas Badaboum, John Ziegler ou Marcel Aubut. C’étaient Ginette Reno, Jean Lapointe, André-Philippe Gagnon, Julie Masse (pour l’hymne national) et Diane Tell qui chantait La légende de Ti-Guy alors que ce dernier sautait sur la glace sous les applaudissements et les cris de joie des spectateurs.

1. Citation tirée du site lemoyne.ca

2. La Presse, 26 septembre 2012