Depuis un demi-siècle, pratiquement tous les joueurs qui gravissent les échelons du hockey québécois ont croisé Guy Lafleur à un moment ou à un autre. Pour l’avoir eux-mêmes affronté ou vu jouer, sinon pour avoir entendu ses exploits racontés par leurs parents, ils sont nombreux à garder un souvenir impérissable du Démon blond. De grands hockeyeurs d’ici expliquent pourquoi Guy Lafleur était si spécial à leurs yeux.

Martin St-Louis

45 ans, originaire de Laval

1134 matchs dans la LNH (1998-2015)

« Comme je suis né en 1975, je l’ai surtout connu à travers mon père, dont c’était le joueur préféré. Je savais bien le genre de joueur qu’il était. »

« Je l’ai croisé quelques fois, mais celle qui m’a frappé le plus, c’est lorsqu’il est venu représenter le Canadien aux funérailles de ma mère, en 2014, pendant les séries éliminatoires. Ç’a été un moment très émotif pour ma famille et pour moi. C’était plus qu’un joueur de hockey, c’était une très bonne personne. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Lafleur et Réjean Houle lors des funérailles de la mère de Martin St-Louis, en France, en 2014.

« J’ai le plus grand des respects pour ceux qui ont joué avant moi, qui ont eu un grand impact sur la ligue. Des gars comme Guy Lafleur ou Mario Lemieux, leur présence envahit la pièce dans laquelle ils se trouvent. Ils ne sont pas arrogants : ils peuvent ne rien dire, mais c’est spécial dès le moment où ils font leur entrée. Ils sont dans une classe à part. »

Daniel Brière

43 ans, originaire de Gatineau

973 matchs dans la LNH (1998-2015)

« On vient tous les deux de l’Outaouais, moi de Gatineau et lui de Thurso, alors c’était une personne très, très connue autour de moi quand j’ai grandi. Comme tous les joueurs de mon âge, je respectais beaucoup ce qu’il a fait pour le hockey, mais également son franc-parler. Il ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu’il avait à dire. Son honnêteté était rafraîchissante, ça m’a toujours impressionné. »

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Lafleur et Daniel Brière au Centre Bell en 2013

« Je l’ai rencontré à quelques reprises. C’est quelqu’un qui dégageait énormément, tu sentais sa présence quand il était dans les alentours. C’est dur à expliquer, mais dès que tu le voyais près de toi, tu savais que tu côtoyais une légende. C’est fascinant. »

« J’ai ressenti un peu la même chose quand j’ai rencontré des grands comme Wayne Gretzky, Gordie Howe, Bobby Orr, Jean Béliveau… Guy Lafleur faisait partie de cette classe de joueurs là, de l’élite du hockey. »

Patrice Bergeron

35 ans, originaire de L’Ancienne-Lorette

1089 matchs dans la LNH (depuis 2003)

« C’était le joueur préféré de mon père, de l’époque des Remparts et du Canadien, alors j’ai entendu beaucoup d’histoires à son sujet. Pour moi, c’est une légende, une icône. C’est un nom qui est de la trempe de Maurice Richard et de Jean Béliveau. »

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Patrice Bergeron (37)

« La seule fois où je l’ai rencontré, j’avais 5 ou 6 ans [vers 1991] et c’était au tournoi Passe-Rondelle de Québec, dont la finale avait lieu au Colisée. On avait gagné le tournoi et M. Lafleur était là pour la finale. Il était passé nous dire bonjour et nous avait remis nos médailles. On était très jeunes, mais il y avait tout un buzzchez nos parents ! La manière dont ils nous en parlaient de lui, on se rendait bien compte que c’était quelqu’un d’important qui avait eu un impact majeur dans le hockey. »

« Il fait partie des grands ambassadeurs, comme Raymond Bourque ou Bobby Orr, à Boston, qui ont marqué la franchise à leur époque et qui ont continué d’incarner quelque chose de bien spécial pour leur communauté. »

Alexis Lafrenière

19 ans, originaire de Saint-Eustache

Tout premier choix au repêchage 2020 de la LNH

« J’ai rencontré Guy Lafleur pour la première fois au gala des Rondelles d’or de la LHJMQ, en 2019. C’est Mario Lemieux et lui qui m’ont remis mon prix [pour le joueur le plus utile à son équipe]. Pour un gars comme moi qui a grandi au Québec en jouant au hockey et en regardant le Canadien, c’était tout un honneur de côtoyer ces grands joueurs. »



PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Alexis Lafrenière

« Je l’ai revu ensuite au Centre Bell pour la présentation des espoirs de la LHJMQ, l’hiver dernier. Il n’était pas gênant du tout, il a tout de suite lancé la conversation. On a jasé de tout et de rien ; de Rimouski, de mon début de carrière… Il me posait des questions, il s’informait. C’était incroyable de pouvoir juste discuter comme ça avec une telle légende du hockey. Mes parents étaient un peu jaloux ! »

« Ma génération n’a pas eu la chance de le voir jouer, mais on m’en a beaucoup parlé et j’ai vu plusieurs vidéos. On voit à quel point c’était un joueur dominant et on comprend pourquoi il a autant marqué l’histoire. »

Simon Gagné

40 ans, originaire de Sainte-Foy

822 matchs dans la LNH (1999-2015)

« Lorsque j’étais novice ou atome, Lafleur avait pris sa retraite du Canadien, mais j’avais le 33 tours sur lequel il donnait des trucs pour s’entraîner et développer nos habiletés au hockey. Je le faisais jouer dans ma chambre et j’essayais de faire ce qu’il expliquait. Avec les gars de mon équipe, ç’a été notre premier contact avec Guy. »

« Puis, j’ai eu la chance de le voir jouer quand il est arrivé chez les Nordiques, avec Joe Sakic. C’était une grosse vedette. Mon père était même allé me montrer sa maison dans le quartier Lebourgneuf ! »

« Je l’ai surtout croisé après ma retraite, et ça m’a permis de le découvrir sous un angle différent par rapport à quand je le voyais jouer, plus jeune, ou quand j’étais encore dans la LNH. C’est probablement l’une des personnes les plus impressionnantes que j’aie rencontrées de ma vie. Un gars terre à terre, un gentleman. Ça m’a amené une perspective complètement différente de celle que j’avais quand je jouais. »

PHOTO FOURNIE PAR LA ED SNIDER YOUTH HOCKEY FOUNDATION

Simon Gagné

« J’ai joué quelques matchs avec les anciens Canadiens, et j’ai vu des gars se sauver pour éviter de signer des autographes. Guy prenait le temps pour tout le monde, sans exception. »

Luc Robitaille

54 ans, originaire de Montréal

1431 matchs dans la LNH (1986-2006)

« Quand j’étais petit, on n’avait pas assez d’argent pour aller voir le Canadien au Forum, mais on ne manquait jamais un match à la télé. Le samedi soir, il fallait que j’aille me coucher, mais je me relevais sans faire de bruit et je suivais le match de loin. Le joueur que je voulais voir, c’était Guy Lafleur. »

« C’est pour moi une légende. Il était plus gros que le hockey, plus gros que le Canadien. Personne n’avait autant d’impact que lui à l’époque. Tout y contribuait : son charisme, sa personnalité et la façon dont il jouait. »

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Luc Robitaille en 1993

« J’ai été chanceux, car je l’ai rencontré souvent. Par exemple, j’étais avec les Rangers de New York à l’ouverture du Centre Molson en 1996. Mais le match dont je me souviens le plus, c’est quand il a inscrit le dernier tour du chapeau de sa carrière [le 27 février 1989, Robitaille jouait alors avec les Kings de Los Angeles]. »

« Guy était avec les Rangers et il avait marqué deux buts. Je me suis retrouvé contre lui à la mise au jeu, et je lui ai dit : “Félicitations, Monsieur Lafleur !” Je voulais tellement qu’il marque un troisième but, je le trouvais incroyable. Et il a compté. C’est la première fois de ma vie que ça ne me dérangeait pas que l’autre équipe marque ! Mes coéquipiers ne le savaient pas, mais j’étais un gros fan. En fait, tous les joueurs respectaient Guy Lafleur. »