(Québec) Québec envisage la célébration de funérailles nationales, si tel est le souhait de la famille, pour souligner la carrière exceptionnelle et l’apport de Guy Lafleur à toute la société québécoise. François Legault a souligné vendredi la perte d’un « géant ».

« C’est tout le Québec qui est en deuil », a déclaré François Legault en conférence de presse vendredi après-midi, quelques heures après l’annonce de la mort de l’ancien hockeyeur étoile, à l’âge de 70 ans. Le premier ministre n’avait pas d’activité publique prévue à l’horaire, mais tenait à rendre hommage à celui que l’on surnommait le Démon blond.

M. Legault s’est rendu au centre-ville de Montréal, où le drapeau du Tricolore a été hissé devant l’hôtel de ville, pour souligner la perte d’un « géant ».

« Guy Lafleur est reconnu pour ses exploits sportifs, mais c’était aussi un homme apprécié, simple, généreux. Quand on vieillit, on se rend compte que c’est jeune, 70 ans. Ça nous rappelle qu’il faut profiter de la vie. Ça passe très vite, aussi vite qu’une montée de Guy Lafleur », a dit, ému, le premier ministre du Québec, qui garde de précieux souvenirs du célèbre numéro 10.

C’était vraiment un des nôtres, et puis je pense que c’était important, ce qu’il a amené pour notre peuple. Il a réussi à nous faire rêver, mais aussi à nous faire gagner. Gagner des matchs, gagner des Coupes Stanley. Dans ce sens-là, Guy Lafleur a donné beaucoup au peuple québécois.

François Legault, premier ministre du Québec

Pour permettre à des générations de fans de faire leurs adieux, le gouvernement Legault songe à organiser des funérailles nationales, comme à la mort de Maurice Richard, en 2000, et à celle de Jean Béliveau, en 2014. En attendant, les Québécois sont invités à lui rendre hommage en signant le registre de condoléances offert sur le site quebec.ca, qui sera ensuite remis aux proches du défunt.

Québec envisage aussi la possibilité de renommer l’autoroute 50, qui passe par Thurso, sa ville natale, en l’honneur de M. Lafleur. « C’est quelque chose qu’on va regarder. On est ouvert à poser un geste pour bien marquer ce grand héros », a indiqué le premier ministre.

Plus tôt dans la journée, François Legault a publié une longue enfilade de messages sur Twitter pour souligner à quel point M. Lafleur a marqué le Québec. « Ce qui faisait de lui un joueur unique, c’était bien sûr son talent extraordinaire, mais aussi son style, son élégance. C’était un joueur spectaculaire. Quand on le regardait jouer, on avait l’impression de voir un artiste », a écrit M. Legault.

Guy Lafleur va rester gravé à jamais dans notre mémoire collective. C’était l’idole d’un peuple.

François Legault, premier ministre du Québec, sur Twitter

En signe de solidarité, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, grand amateur de sport, a diffusé une vidéo où il porte le chandail autographié par Guy Lafleur que François Legault lui avait offert.

La classe politique en deuil

La classe politique a offert un concert d’éloges au célèbre numéro 10. Justin Trudeau a fait état des talents exceptionnels de l’athlète qui a su inspirer des amateurs partout dans le monde.

« Guy Lafleur, le “Démon blond”, était unique sur la glace. Sa vitesse, ses habiletés et sa fiche étaient incroyables. Avec ses records et ses cinq coupes Stanley, il a inspiré d’innombrables Québécois, Canadiens, et amateurs du monde entier. Tu vas nous manquer, numéro 10 », a écrit le premier ministre du Canada.

« Des générations entières ont été inspirées par cette légende du hockey. Nous ne t’oublierons jamais, Guy », a tweeté la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Dans la capitale, où le Démon blond a réalisé plusieurs exploits, le maire Bruno Marchand a rappelé à quel point Guy Lafleur a « fait rêver des “p’tits culs” comme [lui] » en ayant été une inspiration jusqu’à la toute fin.

La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, a souligné la perte d’un « véritable monument » qui a « marqué [son] enfance et celle de toute une génération ». « Son héritage restera gravé à jamais dans le cœur des Québécois. Mes pensées à la famille », a écrit Mme Anglade sur Twitter.

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a vanté la contribution de l’ex-hockeyeur à son sport et à la société québécoise.

Les grands joueurs marquent leur sport. Les idoles marquent les peuples. Le Québec avait Guy Lafleur tatoué sur le cœur. Nous sommes tous en deuil aujourd’hui.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, dans un tweet

Enrico Ciccone, député libéral de Marquette et ex-joueur de la Ligue nationale de hockey, qui a joué une saison avec le Canadien de Montréal, a aussi parlé d’une « idole de jeunesse devenue un chum de hockey » en publiant une photo de lui en compagnie de M. Lafleur.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a affirmé que « c’est l’idole de tout un peuple qui vient de nous quitter », un « joueur exceptionnel et un homme d’une profonde gentillesse ». Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a souligné le départ du « dernier des grands héros ».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a évoqué une « nouvelle déchirante » même si elle était appréhendée depuis quelque temps. « Guy Lafleur, le Démon blond, l’éternel # 10, nos soirées du samedi… un engageant visage d’une nation qui scandait son prénom, Guy, Guy, Guy, n’est plus. Mais Lafleur est immortel. Mes pensées pour sa famille et ses proches », a-t-il écrit.

« Guy était un être d’exception. Il m’a inspiré, c’était mon idole. Le Québec perd un grand homme. Ses performances sur la patinoire n’ont laissé personne indifférent et ses performances à l’extérieur de la patinoire, quoi en dire ? C’était une personne extrêmement généreuse de son temps, toujours gentil, toujours attentionné. Je suis très triste aujourd’hui », a pour sa part souligné le député conservateur Richard Martel, ex-entraîneur des Saguenéens de Chicoutimi.

Avec la collaboration de Mylène Crète, La Presse, à Ottawa