Tout était en place. Tous étaient prêts à célébrer le grand favori, Rory McIlroy, à l’issue du 150Omnium britannique. Cependant, Cameron Smith en a décidé autrement. Il est parvenu à gagner son premier titre majeur grâce à une ronde qui demeurera dans les annales du golf.

Rory McIlroy et Viktor Hovland avaient le beau jeu en début de journée. Ils menaient par quatre coups sur Cameron Smith et Cameron Young sur un terrain qui était extrêmement permissif.

Il ne faut pas se leurrer, la très grande majorité des amateurs de golf auraient déchiré leur chemise pour être témoins d’un triomphe de McIlroy.

D’abord, une victoire d’un Nord-Irlandais en Écosse aurait été fantastique pour le Royaume-Uni. Ensuite, l’emporter sur le mythique et prestigieux parcours de St Andrews aurait été gigantesque pour un joueur qui a défendu bec et ongles la tradition et l’histoire du circuit de la PGA depuis l’arrivée de la série LIV Golf. Puis, si Tiger Woods est le roi du golf, McIlroy est très certainement son prince. Son héritier qui aurait pu l’emporter dans le berceau du golf.

Le joueur le plus apprécié du circuit avait la victoire au bout de son fer droit en amorçant cette ronde finale.

« Je sais que je joue bien ici. Ça va venir. J’ai tellement fait de bons résultats en majeur, je cogne à la porte et je dois rester combattif », a-t-il expliqué, à la fois triste et exténué après le tournoi.

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Meneur au départ de la quatrième ronde, Rory McIlroy a terminé la compétition au troisième rang.

Il a été constant et précis avec ses coups d’approche. Il a d’ailleurs atteint 35 des 36 verts à la régulière au cours des rondes du week-end. En revanche, son jeu avec le fer droit a fait défaut et il a été incapable d’accentuer son avance en début de ronde. Il a réussi à se rapprocher du fanion plus d’une dizaine de fois sur de très longs roulés, mais jamais il n’a su caler le gros roulé qui aurait pu lui donner un regain de vie.

« C’est décevant, j’ai eu de bonnes occasions de fermer les livres », a-t-il précisé, après un soupir qui en disait long.

Dans un environnement où les roulés étaient nécessaires pour aspirer aux grands honneurs, McIlroy n’a pas été à la hauteur.

Tandis que le meilleur joueur de fer droit au monde n’en demandait pas tant.

Le retour de Cameron Smith

Smith revendiquait deux victoires sur le circuit cette saison. Dont une au Championnat des joueurs, en mars, qui est considéré comme le cinquième majeur du calendrier.

C’est lui qui menait après deux rondes. Sauf que samedi, tout s’est écroulé. Notamment au 13e, où il a galéré dans la fosse de sable et l’herbe longue. C’est là que la chaîne avait débarqué, avec à la clé une carte de + 1.

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Cameron Smith a bouclé le tournoi avec un pointage de - 20.

Smith est reconnu pour avoir une force de caractère inébranlable et une concentration hors pair. Il est évident que de voir McIlroy stagner de la sorte lui a ouvert la porte. Il a d’ailleurs déjà cogné à cette porte, notamment au Tournoi des Maîtres en terminant deuxième, troisième et cinquième. Il n’allait pas laisser filer cette chance de gagner un titre majeur.

« Mon Dieu, quelle semaine ! », a déclaré Smith, en pleurs, devant la foule de St Andrews.

Le golfeur de 28 ans avait le vent dans la coupe Longueuil et il a été inarrêtable à partir du neuvième trou. Ses cinq oiselets consécutifs entre le 10e et le 14e l’ont rendu intouchable.

Curieusement, c’est au 13trou qu’il a rejoint McIlroy au classement. Puis au 14e, grâce à un immense roulé, qu’il a pris les devants pour de bon.

Selon les statistiques, il a été au deuxième rang des meilleurs joueurs de la semaine sur les verts. Comme au TPC Sawgrass, c’est son jeu court qui a propulsé sa moustache blonde et lui au sommet. Il a conclu la ronde avec huit oiselets.

C’est juste surréel. Cet endroit est trop cool, et d’avoir le 150ici et de gagner, c’est une chose à laquelle je pouvais seulement rêver.

Cameron Smith

Son neuf de retour de 30 (- 6) et son pointage final de - 20 le placent parmi les plus grands de l’histoire. Il égale Dustin Johnson, Henrik Stenson et Jason Day pour la meilleure carte finale en tournoi majeur.

« Je suis sous le choc. De regarder les noms sur ce trophée, c’est surréel. Je n’ai pas de mots », a lancé l’Australien.

Son nom fait partie de la légende. Smith entre dans l’histoire. Même s’il touche un gros lot de 2,5 millions de dollars, la tradition et l’héritage dominent, surtout à St Andrews, le plus vieux terrain du monde, et c’est ce qui rend cette victoire si spéciale. Comme quoi l’argent n’est pas toujours gage de satisfaction dans le monde du golf.

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