De nature plutôt discrète et joviale, Rory McIlroy n’a jamais fait un seul faux pas. Pourtant, c’est un McIlroy méconnaissable et visiblement en mission qui rêve à un retour normal des choses.

Rory McIlroy a connu une ascension fulgurante. Après avoir tout raflé chez les amateurs, il était vu comme le joueur le plus prometteur de sa génération. Rapidement, lorsqu’il a commencé chez les professionnels à 18 ans, tous les regards ont été braqués sur l’héritier potentiel de Tiger Woods.

Son titre acquis à l’Omnium canadien la semaine dernière était son 21e en carrière, ce qui le place au 31rang de l’histoire à ce chapitre.

Le Nord-Irlandais de 33 ans est le joueur né après 1975 ayant le plus de titres sur le circuit de la PGA après Dustin Johnson, qui le devance avec 25. McIlroy est le cinquième joueur seulement ayant obtenu 21 victoires avant l’âge de 34 ans au cours des 50 dernières années.

C’est aussi le premier golfeur de sa génération à avoir eu la chance de réaliser un Grand Chelem. Ne lui reste que le Tournoi des Maîtres à gagner parmi les tournois majeurs.

Ces données confortent l’idée que McIlroy est une référence et un modèle à suivre sur le circuit de la PGA. Habituellement, lorsque Rory parle, les joueurs et les partisans écoutent. À ce propos, Jean-Sébastien Légaré, analyste à RDS et au 91,9 Sports, explique pourquoi McIlroy est possiblement le meilleur ambassadeur pour le golf après Tiger Woods.

PHOTO ROBERT F. BUKATY, ASSOCIATED PRESS

Rory McIlroy

On sent sur les épaules de Rory une sorte de pression, ou plutôt une responsabilité de soutenir le golf et la PGA. Lorsque Tiger aura laissé sa place, ce sera lui la meilleure voix.

Jean-Sébastien Légaré, analyste à RDS et au 91,9 Sports

« C’est lui qui est le plus ouvert, qui a le meilleur franc-parler, ajoute-t-il. Tout le monde est d’accord avec le fait que Rory est un être humain super, personne ne le déteste. »

Le troisième golfeur au classement mondial arrive à l’Omnium des États-Unis en tant que favori, mais ce n’est pas ce qui retient le plus l’attention depuis l’arrivée des joueurs au Massachusetts.

De l’huile sur le feu

McIlroy, un peu à l’image de Roger Federer, n’a jamais baigné dans la controverse. Cependant, depuis l’arrivée de la nouvelle série LIV Golf, la PGA a été écorchée et délaissée par plusieurs joueurs. Le Nord-Irlandais a alors senti le besoin de défendre ce qu’il considère comme le meilleur circuit au monde.

Ça a commencé après sa victoire à Toronto, devant une foule monstre, où il a évoqué le fait qu’il s’agissait de son 21titre et qu’il en avait maintenant un de plus que « quelqu’un d’autre ». Ce « quelqu’un d’autre » étant Greg Norman, ancien joueur et actuel président de la nouvelle série LIV Golf.

Mardi matin, McIlroy en a rajouté en disant que « la LIV ne pourra jamais goûter à ce qu’il s’est passé la semaine dernière à Toronto. Ça voulait dire quelque chose. Ce qu’ils ont fait, eux, la semaine dernière, ça ne valait rien ».

Puis, quelques minutes plus tard : « Avoir son nom sur les mêmes trophées que des légendes, c’est quelque chose que l’argent ne peut pas acheter. »

Rory McIlroy a finalement mis en lumière le fait que « beaucoup de ces joueurs sont dans la quarantaine avancée ». « C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi des gars de mon âge y vont. [...] Je trouve que c’est un peu trop facile. »

Les échos

D’autres joueurs ont soutenu McIlroy en y allant eux aussi de pointes à l’endroit de la série LIV Golf, pour défendre la PGA.

Justin Thomas a écrit sur les réseaux sociaux après la victoire de McIlroy : « Se battre contre le meilleur joueur sur un terrain fantastique, avec une atmosphère encore plus belle, est exactement la raison pour laquelle j’ai toujours voulu jouer sur le circuit de la PGA en grandissant. »

Jon Rahm, pour sa part, a précisé que le format de la LIV ne l’attire pas vraiment. « Un tournoi sur trois jours, en départ simultané [shotgun] et sans coupure, ce n’est pas un vrai tournoi de golf pour moi. C’est simple. Je veux jouer contre les meilleurs au monde et le format de la PGA fonctionne depuis des centaines d’années. »

Puis, Brooks Koepka a ajouté son grain de sel : « Toutes vos questions font de l’ombre à l’Omnium des États-Unis et c’est dommage, a-t-il lancé aux journalistes. [...] Nous sommes ici pour jouer et on parle d’un évènement qui a eu lieu la semaine dernière. »