John Fitzgerald Kennedy s’est déjà décrit comme « un idéaliste sans illusion ». Une courte phrase destinée à synthétiser sa vision du monde politique, mais qui s’applique aussi à la situation actuelle dans le monde du golf. L’époque de l’harmonie et de la bonne entente est révolue, et c’est l’Omnium des États-Unis qui en paiera le prix.

L’Omnium américain, qui en est à sa 122e édition, sera disputé pour la quatrième fois de l’histoire au Country Club de Brookline, au Massachusetts. Ville d’origine de la famille Kennedy, qui a vu naître John, le 29 mai 1917, au 83, rue Beals, à une quinzaine de minutes de l’endroit où se déroulera le troisième tournoi majeur de la saison.

Si les traditions s’effritent et déchirent nos voisins du Sud, le golf vit aussi des heures troubles.

Les dernières semaines ont été mouvementées et voilà que deux clans se retrouveront au congrès du golf, à partir de jeudi. Ceux qui ont choisi le passé et ceux qui ont choisi l’avenir. Les joueurs qui ont décidé de perpétuer la tradition et ceux qui ont décidé de prioriser l’argent. Les joueurs de la PGA et les joueurs de la série LIV Golf.

Même si le commissaire de la PGA, Jay Monahan, a officialisé la suspension des joueurs qui ont révoqué leur droit de jeu sur le circuit pour jouer dans la ligue saoudienne, les tournois majeurs sont gérés de manière indépendante. C’est donc dire que la PGA ne peut pas s’ingérer dans les affaires de l’Omnium des États-Unis. C’est pourquoi les athlètes des deux circuits pourront se retrouver à Brookline et batailler pour le trophée Wanamaker.

PHOTO JOHN DAVID MERCER, USA TODAY SPORTS

Il faudra sans doute s’attendre à des huées lors de la présentation de joueurs comme Phil Mickelson (photo), Dustin Johnson, Bryson DeChambeau et Patrick Reed.

Comme des intrus

Mais pour la majorité des amateurs de golf, les joueurs de la série LIV Golf ne seront pas les bienvenus. Il faudra sans doute s’attendre à des huées lors de la présentation de joueurs comme Phil Mickelson, Dustin Johnson, Bryson DeChambeau et Patrick Reed.

Les deux derniers sont les plus récents membres de la série saoudienne. Ils ont chacun confirmé leur présence au cours de la dernière semaine.

Les amateurs de golf seront rivés à leur écran, parce que comme à la Coupe Ryder ou à la Coupe des Présidents, il y aura deux équipes. Des bons et des méchants.

Peu de gens veulent qu’un joueur de la série LIV Golf remporte le tournoi, mais tout le monde aimerait qu’un joueur de la PGA batte un représentant de la LIV en prolongation.

Il sera aussi intéressant de voir quelle sera la réaction des joueurs de la PGA face à la venue des déserteurs.

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Justin Thomas a vivement critiqué, voire dénigré, le prestige et la compétitivité de la série LIV Golf.

Les réactions ont été nombreuses, vives et sans équivoque au cours des derniers jours. Rory McIlroy, Justin Thomas, Brooks Koepka et Fred Couples font partie de ceux qui ont vivement critiqué, voire dénigré, le prestige et la compétitivité de la série LIV Golf, au profit du circuit PGA Tour.

Un mouvement se met en place

Maintenant que les camps sont établis et définis, il est pertinent de se demander qui aura le dessus et à quoi ressemblera l’avenir. Cette réunion sera aussi l’occasion parfaite pour des joueurs de la nouvelle série de recruter de nouveaux membres, comme ils l’ont fait dans les coulisses pendant les derniers mois. La crème de la crème sera réunie à Brookline. Il s’agira d’un moment névralgique pour l’avenir de la PGA.

Une rare occasion pour les joueurs de ne pas se demander ce que le PGA Tour peut faire pour eux, mais ce qu’eux peuvent faire pour le PGA Tour. Même si la PGA n’est pas à l’agonie, il s’agira d’un week-end déterminant pour les artisans de ce qui était, jusqu’à tout récemment, le circuit idéal pour les meilleurs joueurs de golf du monde.

Le PGA Tour n’est plus le seul circuit à régner et les ramifications de la nouvelle ligue se font déjà ressentir. C’est à se demander ce qui adviendra si Dustin Johnson ou Bryson DeChambeau remporte les grands honneurs dimanche.

Si les efforts et le courage ne suffisent pas sans but et sans direction, il est clair que les joueurs du PGA Tour travaillent d’arrache-pied pour conserver la valeur, le prestige et la mémoire du circuit.

Cette édition de l’Omnium des États-Unis fera certainement partie de l’histoire, d’une manière ou d’une autre.