Savannah Grewal est une étudiante-athlète comme les autres. Elle ne s’attendait pas à participer au Championnat amateur féminin de l’Augusta National. Et pourtant.

Il y a quelques semaines, elle était assise en classe à l’Université Clemson, en Caroline du Sud. Pendant l’un de ses cours de médecine, elle a reçu un appel. Un numéro inconnu. Le téléphone indiquait que l’appel provenait d’Augusta, en Géorgie. Elle n’a pas répondu parce qu’elle croyait qu’il s’agissait d’un sondage ou d’un mauvais numéro.

Le même numéro a rappelé après son cours. Lorsqu’elle a répondu, la personne au bout du fil s’est présentée et a indiqué qu’elle travaillait pour le club de golf de l’Augusta National. Plus important encore, elle lui a aussi dit qu’elle était invitée au Championnat amateur féminin. L’équivalent du Tournoi des Maîtres pour les golfeuses.

Le choc

« C’était irréel. Je ne pensais pas que c’était possible que l’Augusta National ait mon numéro de téléphone ! »

Originaire de Mississauga, en Ontario, la golfeuse de 20 ans sera la seule Canadienne à prendre le départ lors de la troisième édition du tournoi, qui commencera le 30 mars.

« J’étais avec mes cochambreuses et d’autres étudiants quand ils m’ont appelée. Pendant une heure, on n’en est pas revenus. J’ai appelé mon entraîneur, mes parents, tout le monde n’en revenait pas », a-t-elle expliqué en provenance du campus où elle étudie.

Même si elle a appris la nouvelle au mois de janvier, elle est encore incapable de mettre en mots ce qu’elle ressent et ce que ça signifie.

L’Augusta National, ça ne s’explique pas. Ça se vit.

C’est pourquoi elle est impatiente. Elle a hâte de montrer à la planète golf de quel bois elle se chauffe. D’autant qu’elle a connu une saison en dents de scie depuis l’automne dernier. Elle a d’ailleurs été un peu surprise de se faire inviter malgré ses contre-performances.

Néanmoins, Grewal profitera de chaque moment, car elle sait qu’il s’agit d’un immense privilège, non seulement de fouler le gazon le plus mythique de l’histoire du golf, mais aussi d’y disputer un tournoi d’une telle envergure.

PHOTO FOURNIE PAR GOLF CANADA

Savannah Grewal

Je suis vraiment excitée, c’est juste du plaisir et j’adore la compétition. Avoir la chance de jouer sur un terrain aussi prestigieux et qui nous a offert des moments historiques, c’est immense.

Savannah Grewal

Grewal n’est cependant pas étrangère aux azalées et aux parasols vert et blanc, puisqu’elle a participé en 2017 au concours « Drive, chip & putt », organisé à Augusta pour les joueurs juniors de 7 à 15 ans. « Le fait d’être là et de pouvoir vivre l’expérience de nouveau et de jouer des trous que j’ai vus à la télévision toute ma vie, c’est spécial. J’ai surtout hâte au 12trou, qui a toujours été mon préféré. »

Une expérience à vivre

Chaque fois qu’elle s’installe avec son bois de départ au premier trou, Savannah Grewal veut gagner. Ce sera encore le cas au Championnat amateur féminin de l’Augusta National. Cependant, la priorité pour elle sera de profiter du moment, d’acquérir de l’expérience et de rester elle-même, peut-être même au-delà du résultat.

« C’est certain que ce sera un sentiment étrange et je veux aller là sachant que j’ai une chance de gagner. Si je fais ce que je sais faire et que je joue à la hauteur de mon talent, j’en sortirai heureuse, mais si je vais là sans être moi-même, je serai vraiment déçue », a souligné l’étudiante de deuxième année.

PHOTO MIKE SEGAR, ARCHIVES REUTERS

Le Tournoi des Maîtres masculin au club de golf de l’Augusta National le 10 avril 2021. L’Anglais Justin Rose frappe la balle au premier trou.

Elle veut aussi profiter de cette occasion pour faire briller le golf féminin autant qu’elle le peut. Inauguré en 2019, ce pendant féminin du Tournoi des Maîtres est une sublime vitrine pour les meilleures golfeuses de demain. Une vitrine qui a trop longtemps été inexistante.

« Pendant un bout de temps, nous n’étions pas autorisées à jouer sur ce genre de terrain pour toutes sortes de raisons, mais maintenant on peut jouer sur les mêmes terrains que les hommes et on mérite de le faire. Il ne devrait plus jamais y avoir de disparité entre les endroits où les hommes peuvent jouer et où les femmes ne peuvent pas, parce qu’on peut offrir des résultats similaires. C’est énorme pour le golf féminin que le club offre la chance aux femmes de jouer le parcours dans un format de compétition. Ça n’a pas été le cas pendant longtemps et maintenant, il faut saisir la chance qui nous est offerte. »

Lorsque Grewal est née, son idole Tiger Woods avait déjà remporté six tournois majeurs, dont deux vestons verts. L’un de ses plus beaux souvenirs liés au Tigre est lorsqu’il a serré son père dans ses bras après son premier titre en 1997. Évidemment, elle n’a vu les images que des années plus tard.

Et si elle réussissait à recréer les exploits de Woods ? En calant un long coup d’approche au 16e ou en levant les bras vers le ciel au 18e. Dans tous les cas, elle pourra certainement serrer son père dans ses bras, puisque les parents de Grewal feront le voyage.