Le «golfeur en chef» et l'ancien numéro un mondial: un dix-huit trous privé de Floride a été le théâtre dimanche d'un match au sommet entre le président américain Barack Obama et Tiger Woods.

Pour la première fois, le dirigeant américain et celui qui a remporté 14 tournois majeurs se sont affrontés sur le green, en l'occurrence celui de «The Floridian», un parcours privé situé à Palm City, sur la côte Atlantique de Floride, où le président passe trois jours de week-end.

«Le président a joué au golf aujourd'hui avec le représentant américain au Commerce Ron Kirk, Jim Crane et Tiger Woods», a indiqué le porte-parole adjoint de la présidence, Josh Earnest, confirmant une information donnée en premier par le journaliste spécialiste du golf Tim Rosaforte. Le score n'a pas été dévoilé.

La veille, le dirigeant américain avait effectué un parcours en compagnie de Butch Harmon, qui fut l'entraîneur de Tiger Woods de 1994 à 2003 et a joué avec de nombreux présidents depuis Dwight Eisenhower. M. Harmon, apparemment témoin de la partie entre M. Obama et Woods, s'est confié au magazine Golf Digest.

«Le président a dit à Tiger: +le dernier tournoi que tu as joué était sympa à regarder. C'est bon de te voir bien jouer à nouveau+», a assuré M. Harmon. De même source, le président et Woods ont joué 18 trous ensemble et M. Obama a ensuite enchaîné neuf trous sans lui.

MM. Kirk et Crane figuraient déjà parmi les partenaires de golf du président samedi en Floride. M. Crane est le propriétaire du Floridian ainsi que de la franchise de base-ball de Houston (Texas, sud), les Astros.

Tiger Woods, premier Américain d'ascendance africaine à remporter le Masters, avait déjà rendu visite à M. Obama, premier président noir des États-Unis, en 2009 à la Maison Blanche, mais ils n'avaient jamais joué ensemble au golf.

Woods, 37 ans, est actuellement numéro deux mondial derrière Rory McIlroy. Il se prépare pour les Masters qui auront lieu en avril, où il tentera de progresser vers le record de 18 victoires en tournois professionnels majeurs, détenu par Jack Nicklaus.

Scores gardés secrets

En début d'année, Woods a remporté le tournoi de Torrey Pines, la 75e victoire d'une carrière qui a connu un revers majeur en 2009 après la révélation d'une relation extra-conjugale qui a été fatale à son mariage et a terni son image.

Interrogé en 2010 au sujet de ce scandale, M. Obama avait affirmé: «Je pense que Tiger a reconnu qu'il avait trahi sa famille, et c'est un problème personnel qu'il doit gérer».

Mais «je suis sûr qu'il sera toujours un golfeur de premier ordre», avait-il ajouté dans un entretien à Fox News.

M. Obama doit rentrer lundi à Washington. La première dame Michelle Obama est quant à elle dans le Colorado avec ses filles Malia et Sasha, pour un week-end de ski. Lundi est férié aux États-Unis.

M. Obama a l'habitude de taquiner la petite balle blanche sur le terrain de la base militaire d'Andrews, près de Washington, ainsi que lors de ses vacances d'été et d'hiver, respectivement dans l'île huppée de Martha's Vineyard (Massachusetts), et dans son archipel natal d'Hawaii.

Le dirigeant dit apprécier dans le golf le fait de pouvoir sortir au grand air pendant six heures de suite, alors que sa vie est protégée de près par des policiers depuis qu'il s'est lancé dans la course à la présidentielle, il y a six ans.

Les scores de M. Obama sont en revanche gardés secrets, et les journalistes qui suivent le président en permanence sont tenus à distance des parcours, comme cela a été le cas dimanche en Floride.

Si M. Obama a fait du golf un moyen de contact avec ses alliés ou adversaires --que ce soit le président républicain de la Chambre, John Boehner, l'ancien président Bill Clinton ou le maire de New York Michael Bloomberg--, ce sport l'a exposé dans le passé aux lazzis de ses ennemis politiques, qui l'ont accusé de ne pas être concentré sur ses fonctions.

L'escapade de Palm City est la première qu'il se permet depuis qu'il a entamé son second mandat de quatre ans à la tête des États-Unis, le 20 janvier.



Les journalistes protestent contre l'absence d'accès


Les correspondants de presse à la Maison Blanche ont protesté dimanche contre l'attitude de la présidence américaine, qui a refusé aux journalistes accrédités tout accès à Barack Obama, en week-end dans un club de golf où il a joué dimanche avec Tiger Woods.

«Je peux dire qu'une large part de nos membres, que ce soit la presse écrite, électronique, radio ou télévisée, m'ont exprimé leur grande colère pour n'avoir eu absolument aucun accès au président des États-Unis pendant tout ce week-end», a déclaré le président de l'Association des correspondants de la Maison Blanche, Ed Henry.

«Il existe un principe tout simple mais très important pour lequel nous continuerons à nous battre, pour aujourd'hui et dans les jours à venir: la transparence», a ajouté M. Henry dans un communiqué d'une rare virulence.

M. Obama passe un week-end de trois jours au «Floridian», un complexe immobilier de luxe construit autour d'un parcours de golf à Palm City, près de Port St Lucie sur la côte Atlantique de la Floride (sud-est).

La quinzaine de reporters, photographes et cameramans qui suivent M. Obama au quotidien, groupe qui compte en permanence un journaliste de l'Agence France-Presse, n'ont pas eu accès à M. Obama depuis qu'il s'est engouffré en convoi dans l'enceinte de ce complexe vendredi soir.

La frustration des reporters a été nourrie par le fait qu'un journaliste spécialisé dans le golf, Tim Rosaforte, a été le premier à annoncer sur son compte Twitter dimanche matin que M. Obama et Tiger Woods avaient entamé un parcours de dix-huit trous, une première entre le président et l'ancien numéro un mondial. La Maison-Blanche l'a ensuite confirmé dans un communiqué.

M. Rosaforte, apparemment présent dans l'enceinte du Floridian, est aussi intervenu par téléphone à l'antenne de la chaîne spécialisée Golf Channel à ce sujet, tandis que le journal Golf Digest a rapporté des propos de M. Obama retransmis par l'entraîneur Butch Harmon, ancien mentor de Woods, lors de leur partie.

Les reporters ont réclamé dimanche un accès au terrain de golf, arguant que dans le passé, que ce soit sous Bill Clinton, George W. Bush et même M. Obama, la Maison-Blanche avait au moins permis aux photographes de presse de prendre quelques clichés.

La présidence américaine y a opposé une fin de non-recevoir.

«L'accès à la presse accordé par la Maison-Blanche aujourd'hui est parfaitement cohérent avec l'accès à la presse offert pendant de précédentes parties de golf présidentielles», a affirmé le porte-parole adjoint de la présidence, Josh Earnest.

«Il est aussi cohérent avec l'accès à la presse promis aux correspondants de la Maison-Blanche avant l'arrivée (de M. Obama) en Floride vendredi soir», a-t-il ajouté dans un communiqué.