Le football professionnel n'a pas sombré dans les profondeurs abyssales après la dissolution de l'Association des joueurs (AJNFL) et le lock-out décrété par la ligue. L'arrivée du printemps n'est pas aussi critique que l'arrivée de l'automne pour l'avenir de la NFL, puisque c'est à ce moment que la saison se met en branle.

Cela ne signifie pas pour autant que la rupture des négociations, vendredi, n'est pas majeure. L'impasse pourrait devenir très préoccupante, car des centaines de joueurs autonomes sont pris dans un cul-de-sac, des joueurs recrues ne peuvent ratifier d'entente, la main-d'oeuvre des équipes est sur la paille ou pire, et les entraîneurs doivent accepter des réductions salariales.

Oh oui, et la saison 2011 pourrait ne jamais débuter.

«Je crois qu'au final nous retournerons à la table des négociations, a dit le propriétaire des Giants de New York John Mara, mais malheureusement nous devrons maintenant passer par le processus judiciaire.»

Les procédures se dérouleront à la Cour de district américaine de Minneapolis, où les quarts étoiles Tom Brady, Peyton Manning et Drew Brees figuraient parmi la dizaine de joueurs qui ont déposé des poursuites contre la ligue vendredi soir. Ces dossiers pourraient traîner pendant des semaines, et peut-être même jusqu'à la séance de repêchage de la NFL, à la fin du mois d'avril.

Le repêchage est le seul événement toujours à l'agenda de la ligue; il est assuré en vertu de la convention collective qui est arrivée à échéance vendredi à minuit. Les séances d'évaluation des espoirs des rangs universitaires seront maintenues, à la différence qu'il n'y aura pas de pourparlers entre les joueurs, leurs agents, et les représentants des 32 équipes de la NFL après celles-ci. Le même sort sera réservé aux recrues qui n'ont jamais été repêchées.

Les activités de la NFL étant désormais au point mort, tous les joueurs dont l'entente est arrivée à échéance à la fin de la dernière campagne ne pourront marchander leurs services auprès des différentes formations. Chaque joueur devra aussi défrayer ses propres frais d'assurance-santé. S'ils souhaitent s'entraîner ensemble, ils devront organiser leurs propres séances et payer les coûts qui y sont reliés - à l'extérieur des complexes d'entraînement des équipes de la NFL, bien sûr.

«Nous devons demeurés unis, on doit poursuivre le combat, a déclaré le receveur de passes des Cardinals de l'Arizona Larry Fitzgerald. Le temps qu'on passait au complexe d'entraînement, on ne l'a plus, alors on devra se débrouiller avec nos propres moyens pour garder la forme, pour être prêts à  jouer.»

Les séances d'entraînement qui étaient organisées durant la saison morte par les différentes équipes débutaient habituellement vers la fin du mois de mars - elles sont qualifiées de «volontaires», mais les entraîneurs s'attendent à ce que les joueurs réguliers y participent -  n'auront vraisemblablement pas lieu cette année.

La rencontre des propriétaires, qui devait avoir lieu du 20 au 24 mars à La Nouvelle-Orléans, sert à déterminer les modifications qui seront apportées aux réglements ainsi qu'à informer les équipes de la santé financière de la ligue, mais jusqu'à quel point est-ce que la rupture des négociations l'affectera?

Pas à peu près.

Les mois de mars et avril sont habituellement réservés au renouvellement des ententes commerciales entre la NFL et ses différents commanditaires. En conséquence, même si les activités officielles de la ligue ne reprendront pas avant plusieurs mois, le département marketing de la NFL pourrait encaisser de sérieuses pertes.

Les joueurs et les propriétaires sont séparés par un important fossé quant à la façon de se partager les revenus annuels de 9 miliards $ US, l'augmentation du calendrier régulier de 16 à 18 matchs, une proposition fortement décriée par les joueurs, pour des raisons de sécurité, la caisse de retraite ainsi que les avantages sociaux. L'écart était cependant moins important entre les parties quant à l'instauration d'une échelle salariale pour les recrues, surtout à la rupture des négociations.

Donc, avec tout ceci en tête, ne serait-il pas mieux pour les deux parties de reprendre les pourparlers, que ce soit en compagnie du médiateur fédéral américain George Cohen, à Washington, ou ailleurs?