Si les Steelers de Pittsburgh gagnent demain, devraient-ils être considérés comme les principaux aspirants au Super Bowl? C'est la question qu'on se pose au sud de la frontière.

C'est loin d'être fait, mais si elle remporte son match contre les Ravens de Baltimore, l'équipe de Mike Tomlin sera demeurée invaincue pendant l'absence de Ben Roethlisberger. Et ce dénouement, peu de gens l'auraient cru possible, il y a un mois.

C'est pourtant souvent ce qui se passe avec les Steelers. Ils jouent mieux lorsqu'ils sont dans la peau du négligé. Tomlin a d'ailleurs admis que lui et ses joueurs avaient été irrités de voir qu'on leur accordait si peu de chances de connaître du succès sans Roethlisberger.

La grande majorité des experts - exception faite de Peter King, du Sports Illustrated, qui leur a prédit un septième Super Bowl - croyaient que les Steelers gagneraient huit ou neuf matchs tout au plus en 2010. On se rend compte aujourd'hui qu'ils ont été enterrés un peu vite. Classés 19es dans le classement-maison hebdomadaire d'ESPN au début de la saison, les Steelers occupent maintenant le premier rang...

Le bon début de saison des Steelers ne devrait peut-être pas nous étonner. Champions de deux des cinq derniers Super Bowls, les Steelers étaient favoris pour remporter 15 de leurs 16 matchs à Las Vegas la saison dernière. La seule fois qu'ils ont été négligés, c'était par trois points, lors de leur visite annuelle à Baltimore, un match disputé sans Roethlisberger.

Les absents revenus

Cela dit, il n'y a aucun doute que les Steelers de 2009 ne ressemblaient en rien à l'équipe de l'année précédente. Leur attaque a terminé au septième rang et leur défense au cinquième, mais quelque chose clochait. Et ce quelque chose était leur incapacité à protéger une avance. Ils ont perdu cinq matchs qu'ils menaient au quatrième quart, alors que cinq de leurs sept défaites ont été par trois points, une par six, et l'autre par sept.

Comment expliquer cette difficulté à gagner les matchs serrés? Il y a probablement plus d'un facteur, mais le principal a été l'absence de Troy Polamalu et d'Aaron Smith, qui ont raté 11 matchs.

Si l'unité de Dick LeBeau a été aussi dominante en 2008 et de nouveau cette saison, c'est en grande partie grâce à ces deux piliers. Smith est l'un des meilleurs ailiers défensifs dans un 3-4 de l'histoire. Et y a-t-il dans cette ligue un joueur défensif plus utile à son club que Polamalu?

Les Steelers ont également rapatrié Bryant McFadden et Larry Foote, qui avaient quitté l'équipe après le Super Bowl de 2008. McFadden a repris son poste de demi de coin régulier, tandis que Foote a ajouté de la profondeur au groupe de secondeurs. Quatre joueurs défensifs sont donc de retour: Polamalu, Smith, McFadden et Foote.

Aux Polamalu, Smith, James Harrison, LaMarr Woodley et Casey Hampton, il faut ajouter Lawrence Timmons. Premier choix de l'équipe en 2007, le secondeur à l'intérieur mène les Steelers avec 33 plaqués. Il est peut-être le meilleur joueur de la défense cette saison, ce qui n'est pas peu dire.

La domination de la défense suffira-t-elle? En tout cas, le retour de Roethlisberger améliorera non seulement le jeu de passe, mais aussi le jeu au sol, puisque Rashard Mendenhall - un autre jeune joueur qui éclôt - ne sera plus confronté à des «boîtes» de huit ou neuf joueurs aussi souvent.

Mais l'attaque finira-t-elle par se ressentir de la perte de Santonio Holmes? Et même si l'arrivée de la recrue Maurkice Pouncey a élevé son niveau de jeu, la ligne d'attaque sera-t-elle en mesure de tenir le coup?

Ce sont des interrogations valables, et le choc de demain contre les Corbeaux devrait nous donner quelques réponses. Car comme c'est toujours le cas lorsque ces deux équipes se rencontrent, les attaques seront mises à très rude épreuve.