Aujourd'hui, nous allons commencer par une simple question, tout à fait brûlante d'actualité: qu'ont en commun messieurs Brad Johnson, Matt Cassel, Dan Orlovsky et Ryan Fitzpatrick?

La première réponse, la plus évidente, c'est qu'ils sont détestés par presque tous les fans des Cowboys, des Patriots, des Lions et des Bengals. À leur place, je n'oserais même pas sortir de la maison, par peur de recevoir un baril de Gatorade (plein) sur la tête.

 

La deuxième réponse, c'est qu'ils ont tous un boulot ingrat: ces hommes sont des quarts réservistes à qui l'on demande de gagner là, maintenant, tout de suite. Même s'ils ne sont pas prêts à prendre le relais.

Au fil des ans, j'ai assisté à plusieurs entraînements dans les villes de la NFL. Chaque fois, j'ai remarqué que le quart partant se tapait tout le travail avec les autres réguliers de l'attaque. Le quart réserviste, lui, était toujours seul dans son coin, la casquette sur la tête et les bras croisés. Dans la NFL, le quart réserviste ne s'entraîne jamais avec les autres réguliers. Pourquoi? Bonne question...

Les équipes de cette ligue dépensent des millions pour aller chercher des joueurs capables de les mener au zénith. Chaque match est d'une importance cruciale; une place en séries équivaut à des profits qu'on devine astronomiques. Malgré tout, les patrons de la NFL préfèrent s'en remettre à un seul homme, leur quart numéro un, sans jamais penser à ce qui pourrait arriver si ce gars-là tombait au combat.

J'ai déjà demandé à un entraîneur bien connu de m'expliquer pourquoi il ignorait toujours son quart réserviste, autant lors des entraînements que lors des matchs où c'est 40-0 après 45 minutes de jeu. Je lui ai suggéré gentiment que ce serait une bonne idée de préparer le quart réserviste, au cas où son numéro un subirait une blessure.

La réponse du coach en question? «Notre quart numéro un ne peut pas se blesser.» Fin de la discussion.

Avec des entraîneurs comme ça, on comprend pourquoi les réservistes ont l'air si perdus quand ils doivent sauter sur le terrain en situation d'urgence. Le réserviste ne s'entraîne jamais avec les réguliers. Au mieux, on lui demande «d'imiter» le quart ennemi pour les besoins des gars en défense. C'est tout.

Dans la NFL, les entraînements sont longs. Souvent deux heures, parfois plus. Malgré tout, il n'y a pas un seul coach qui en profite pour envoyer son réserviste sur le terrain avec les réguliers, ne serait-ce que le temps de quelques séries.

J'ai beau essayer, des fois, je ne comprends juste pas.

Pour les Bengals et les Lions, c'est un peu moins dramatique. Ces deux fières équipes auraient du mal à battre ma gang de touch-football, alors que ce soit Dan Orlovsky ou Jon Kitna, Carson Palmer ou Ryan Fitzpatrick, franchement, on s'en moque un peu.

En ce qui concerne les Cowboys et les Patriots, c'est pas mal plus dramatique. Ces deux clubs étaient parmi les favoris pour aller au Super Bowl. Sans Tony Romo et Tom Brady, soudainement, les probabilités d'un voyage toutes dépenses payées au Super Bowl nous semblent un tantinet moins réalistes.

En deux départs depuis la blessure à Romo, Brad Johnson n'a pu faire mieux qu'une cote d'efficacité de 60,3, avec deux passes de touché contre trois interceptions. Cassel, lui, a une cote d'efficacité de 84,6, depuis son entrée en scène, avec sept passes de touché contre six interceptions.

Dans le cas de Johnson et Cassel, les experts ont parlé de quarts erratiques qui ont du mal à exécuter les jeux. Mais à quoi devait-on s'attendre de la part de deux hommes qui ne s'entraînent jamais avec les réguliers?

À Dallas, on raconte que le propriétaire Jerry Jones, celui qui a lancé des millions à gauche et à droite en espérant un autre Super Bowl, est en furie contre son groupe d'entraîneurs, un groupe qui aurait surévalué les capacités de Brad Johnson. Le proprio panique, et on le comprend; demain, les Cowboys seront dans ce lieu paradisiaque qu'est le New Jersey, pour y affronter les Giants et la troisième défense du football américain.

Avec Tony Romo, ce match aurait été un formidable défi. Avec Brad Johnson, ça s'annonce plus difficile, mettons. Au fait, n'est-ce pas le thème de Mission impossible qu'on croit entendre au loin?