Les Alouettes, les Lions de la Colombie-Britannique et les Stampeders de Calgary détiennent le plus grand nombre de points au classement général de la Ligue canadienne de football. Depuis 2008, ce sont les trois mêmes équipes qui comptent le plus grand nombre de victoires saison après saison.

Plusieurs raisons expliquent le succès de ces clubs, notamment, des joueurs de talent, de bons entraîneurs et un excellent recrutement. Toutefois, il demeure qu'un des facteurs les plus importants dont a fait preuve chacune de ces équipes est la stabilité au poste d'entraîneur-chef.

Marc Trestman est avec son club depuis maintenant cinq ans, tout comme John Hufnagel à Calgary. Mike Benevides en est à sa première année comme entraîneur-chef des Lions, mais il est avec l'organisation depuis 10 saisons et remplace Wally Buono qui occupe exclusivement le rôle de directeur général.

Cette stabilité est importante puisqu'elle permet d'établir une culture dans l'entourage de l'équipe. Il y a autant de façons de diriger une équipe qu'il y a de dirigeants. C'est donc primordial d'offrir un cadre dans lequel les membres du groupe savent ce qu'on attend d'eux. Quand un entraîneur est en poste depuis un certain temps, les joueurs passent la saison morte à se préparer en fonction de ces attentes. Ils arrivent au camp d'entraînement avec une vision claire de leur mission et de leur équipe et, ainsi, ont une longueur d'avance sur les autres clubs.

De plus, cette continuité permet aux équipes d'élaborer des systèmes en fonction des joueurs en place et également de dénicher des joueurs pour les systèmes retenus. C'est un processus qui peut prendre quelques saisons. Les équipes qui changent d'entraîneur régulièrement n'y parviendront que très rarement.

Avec les Alouettes en 2007, nous avons vécu un changement d'entraîneur-chef lorsque Don Matthews a quitté l'équipe pour des raisons personnelles. Notre directeur général, Jim Popp, a pris la relève. Ce fut une transition difficile alors que les deux entraîneurs avaient une vision différente du football et de l'équipe et une approche tout aussi contrastée. Matthews était un entraîneur dur qui mettait l'accent sur les stratégies alors que Popp, à l'opposé, avait une approche plus relaxe et mettait l'accent sur l'aspect spectacle. Nul besoin de vous dire que les résultats furent peu glorieux.

Cette année, les Blue Bombers de Winnipeg ont décidé de procéder à un changement d'entraîneur-chef et ont congédié Paul Lapolice dès la neuvième semaine du calendrier. Tim Burke a pris la relève, mais à ce jour, les Bombers connaissent encore beaucoup de difficultés. Depuis cette transition, l'équipe présente une fiche d'une victoire et quatre défaites alors que leurs adversaires dominent la feuille de pointage cumulée par la marque de 162 à 71.

Dans le même esprit, Edmonton a procédé à un changement au sein du groupe d'entraîneurs. Kavis Reed, l'entraîneur-chef, prend maintenant le contrôle du poste de coordonnateur offensif, ce qui relègue Marcus Crandell au poste de simple entraîneur des quart-arrières. Je ne vois pas d'un très bon oeil ce changement de poste. Il est tout aussi important de maintenir une certaine stabilité pour les entraîneurs adjoints. Dans le cas d'Edmonton, je crois que Kavis Reed vient simplement de faire un pas de plus vers la sortie.

En fait, je comprends qu'à l'occasion il faut un changement de direction et d'entraîneur. Il arrive que cette solution fonctionne. Mais dans un monde orienté beaucoup trop vers les résultats immédiats, certaines organisations gagneraient à faire preuve d'un peu plus de patience et de stabilité au cours d'une même saison. Qui sait, peut-être verraient-elles des résultats plus rapidement que prévu.