C’est bien beau, les aptitudes physiques et le talent chez les joueurs de football. Mais ce qui intéressera Danny Maciocia et Jason Maas cette semaine au camp d’évaluation de la Ligue canadienne de football (LCF) à Winnipeg, ce sont surtout « les entrevues » que les Alouettes mèneront avec les athlètes.

Ces discussions, jumelées au « langage corporel » que les joueurs dégageront au fil des exercices, aideront le directeur général et son entraîneur-chef à prendre leurs décisions en vue du repêchage du 30 avril prochain.

C’est du moins ce qui est ressorti de leur point de presse virtuel organisé par la ligue, mardi après-midi. Toutes les équipes du circuit convergent cette semaine au Manitoba pour y observer et rencontrer les espoirs disponibles au prochain encan.

« Est-ce que le combine va changer l’ordre [de préférence des joueurs] à mes yeux ? se questionne Danny Maciocia. Je ne pense pas. Moi, je suis plutôt vraiment curieux de voir comment les entrevues vont se dérouler. »

Et au-delà des résultats des développés couchés ou des sprints, les Alouettes examineront la façon dont les joueurs « vont réagir quand ils vont perdre une situation d’un contre un », par exemple.

J’aime voir comment ils communiquent. Je veux savoir s’ils peuvent verbaliser leurs sentiments envers le football, nous démontrer leur passion pour le sport, et ce qu’ils valorisent plus que tout.

Jason Maas, entraîneur-chef des Alouettes

« C’est difficile d’en arriver à des conclusions avec des entrevues de 15 minutes, convient l’entraîneur-chef Jason Maas. Mais on veut voir comment ils réagissent dans des situations qui ne leur sont pas familières. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’entraîneur-chef des Alouettes de Montréal, Jason Maas

Un confrère demande à Maciocia si une mauvaise performance au camp d’évaluation peut diminuer les chances d’un joueur en vue du repêchage. Le DG cite le cas de David Dallaire, choisi en deuxième tour en 2023 par les Alouettes malgré des difficultés au combine un mois plus tôt, en exemple.

« Je peux dire que ce n’était pas sa meilleure semaine, rappelle Maciocia. Probablement qu’après cette fin de semaine là, il aurait pu se retrouver plus bas sur votre tableau. Mais il faut regarder l’ensemble de l’œuvre. On a des [vidéos de matchs] sur trois ans, on a fait des entrevues supplémentaires, plusieurs choses se passent au cours des jours qui suivent.

« Pour moi, ce qui importe, c’est de savoir comment il se comporte, son langage corporel, son approche envers les instructions des entraîneurs, ses interactions avec ses coéquipiers sur le terrain. Pour le reste, on a suffisamment d’information pour que cela n’altère pas nos décisions. »

Pas de longueur d’avance pour les Québécois

Ça ne veut pas dire pour autant que les Alouettes n’accordent pas d’importance à l’évènement de cette semaine.

« Ce camp d’évaluation est aussi important que les matchs d’espoirs pour lesquels j’ai voyagé au sud de la frontière pendant le mois de janvier, souligne Maciocia. On y a investi des ressources, on aura nos dépisteurs et nos entraîneurs ici. Nous ferons toutes les vérifications nécessaires envers ces jeunes athlètes. »

De la centaine de footballeurs invités, 20 sont originaires du Québec. Pour l’équipe québécoise de la Ligue canadienne de football, ces joueurs ont-ils une longueur d’avance en vue du repêchage ?

« C’est sûr que je les connais mieux, parce que j’ai mon réseau dans le RSEQ, observe Maciocia. Je connais très bien tous les entraîneurs-chefs. Est-ce que ça veut dire qu’ils ont un chemin plus facile ou direct pour le repêchage des Alouettes en 2024 ? Je dirais que non. »

Le DG l’a souvent dit, et il l’a répété mardi : « À talent égal, on va garder nos meilleurs effectifs chez nous. »

Maas est un Américain natif du Wisconsin. Lorsqu’on lui demande ce qu’il voit chez les joueurs québécois, le mot « passion » lui vient à l’esprit. Mais comme pour son DG, le principe du « talent égal » prime.

« Pour jouer dans notre enceinte, dit l’entraîneur, il faut que tu sois le meilleur. Parce que c’est le meilleur que l’on recherche. »