(Kingston, Ontario) À l’approche de la Coupe Vanier, le nom de Jonathan Sénécal était sur toutes les lèvres. Gagnant du trophée Hec-Crighton décerné au joueur par excellence au Canada, il est considéré comme le plus grand espoir québécois à la position de quart depuis une éternité.

Sénécal a ajouté la Coupe Vanier à son palmarès. Il a mené les Carabins à la deuxième Coupe Vanier de leur histoire, samedi. L’Université de Montréal a battu les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) 16-9, au stade Richardson.

C’est une deuxième conquête de la Coupe Vanier pour les Carabins, qui avaient aussi triomphé en 2014. L’emblème du football universitaire canadien demeure donc au Québec puisque le Rouge et Or de l’Université Laval l’avait emporté l’an passé.

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Jonathan Sénécal se fait agripper par Alexis Lévesque-Gallant après la victoire des Carabins.

Je vais pouvoir enjoy un peu plus le Hec-Crighton, maintenant qu’on a la victoire. Mais je suis juste vraiment content, c’est incroyable comme feeling !

Jonathan Sénécal, au milieu du tourbillon sur le terrain après le match

Le jeu dont il se souviendra le plus du match ? « Clairement, l’interception. Ben non, je niaise ! » Sénécal avait le cœur léger, comme on l’aurait tous eu après un tel après-midi. La journée avait bien mal commencé pour lui ; sa toute première passe du match s’est retrouvée dans les mains ennemies de Jason Soriano.

Sénécal a néanmoins gardé la tête froide, et à défaut de distribuer les passes de 30 verges, il a géré son match, limité les erreurs et s’est même permis un touché par la course. « Mon touché, c’est un jeu dont je vais me souvenir toute ma vie. Ça a été un peu plus difficile, il y a eu de l’adversité, mais on a trouvé une façon », a résumé Sénécal.

Pour son retour en force après l’interception susmentionnée, Sénécal a aussi reçu le trophée Ted-Morris, remis au joueur par excellence du match. Une bonne journée au bureau.

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Célébration des Carabins avec la Coupe Vanier

La victoire de la défense

On le disait, le nom de Sénécal était sur toutes les lèvres avant le match. Celui de Denis Touchette, un peu moins. Non par manque de compétences, au contraire, mais simplement parce qu’à titre de coordonnateur défensif des Carabins, l’attention se tourne moins vers lui.

Et après le match ? Voici d’abord le secondeur Nicolas Roy.

« Sans Denis, on ne se serait pas rendus là. C’est un pédagogue, le général de la défense. On sent qu’on joue à notre plein potentiel avec lui. Il nous donne envie de tout donner. Denis nous dit de rentrer dans un mur la tête première et on le fait. »

Et maintenant, un autre secondeur, Nicky Farinaccio.

« On a prouvé qu’on a la meilleure défense au Canada. Denis Touchette est le meilleur dans la game, that’s it. »

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Denis Touchette

Les éloges pleuvaient ainsi sur Touchette parce que son unité venait de réussir un tour de force. En quatre matchs éliminatoires cet automne, les Carabins n’ont accordé aucun touché. Zéro comme dans Ouellette, pourrait-on dire, mais comme Paul-Antoine Ouellette joue à l’attaque, allons-y pour zéro comme dans Ojo, en l’honneur de l’ailier défensif Jeremiah Ojo.

Coupe Vanier, Coupe Uteck, Coupe Dunsmore, demi-finale québécoise : jamais l’adversaire n’a inscrit de touché. Les Carabins n’ont accordé que 21 points dans ces quatre matchs.

« Le groupe, le travail des coachs, c’est incroyable, s’émouvait l’entraîneur-chef des Carabins, Marco Iadeluca. Quatre matchs contre de grosses équipes. On n’a pas eu un chemin facile pour se rendre ici. Le Rouge et Or, Western, et là, UBC. N’accorder aucun touché en quatre matchs, c’est incroyable. »

Beaucoup d’éloges pour Touchette, mais les joueurs ont quant à eux exécuté les proverbiaux gros jeux au bon moment. Roy, par exemple, en rabattant une passe pour forcer UBC à dégager, au quatrième quart, alors que les Britanno-Colombiens avaient le vent dans le dos. « Je sentais que le ballon s’en venait là. J’avais vu sur le tape comment [Edgerrin Williams] fait ses virages, je sentais qu’il allait à l’intérieur, c’est un de leurs bons joueurs. Je me suis fié à mon instinct et j’ai réussi à faire le jeu. »

Et Farinaccio en réussissant un plaqué derrière la ligne de mêlée sur un troisième essai.

« Ça, c’est sûr, c’est un estie de jeu ! Je suis tellement content, ça fait du bien ! », a lancé Farinaccio.

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Bruno Lagacé (31), Kaylyn St-Cyr (1), l’entraîneur-chef Marco Iadeluca et Pierre-Gabriel Germain (50) attendent de recevoir la Coupe Vanier.

Des larmes, partout

Tous les championnats suscitent de vives émotions, mais c’est particulièrement vrai dans les sports scolaires et juniors, d’abord parce que les joueurs poussent ensemble dans l’organisation et ne sont pas échangés. Ensuite parce qu’il y a toujours une poignée de joueurs qui quittent l’équipe par la force des choses, rendus au bout de leur admissibilité, et qui doivent soit jouer chez les pros, soit accrocher leurs crampons.

L’émotion était donc partout en fin de match. C’était le receveur William Legault, blessé à une jambe en fin de match, consolé par tous ses coéquipiers sur les lignes de côté pendant les dernières minutes. C’était Bradley Nseka, posté devant nous pendant la remise de la Coupe Vanier, qui peinait à retenir ses larmes.

Et c’était aussi Nicky Farinaccio, dont l’histoire familiale a été racontée dans nos pages.

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Farinaccio a éclaté en sanglots quand il a enlacé sa mère, Patrizia, qui l’a élevé seule.

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Nicky Farinaccio dans les bras de sa mère Patrizia

« Ma mère… Ma mère est incroyable. Elle m’a aidé, elle a fait tellement de sacrifices. C’est pour ça que les émotions sortent, après tous les efforts qu’on a mis, tout le travail, les blessures. C’est fini, on a gagné ! »

Chaque joueur ou presque avait ses raisons de vouloir cette conquête, et d’en être émotif. Ces individualités se sont rassemblées pour former les champions 2023 de la Coupe Vanier.

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