Pour les joueurs de football, la NFL, souvent, c’est comme un train qui passe : il y a ceux qui sont à bord, et ceux qui restent à l’écart, sur le quai.

Matthew Bergeron espérait ne pas rester sur le quai, et maintenant, il est bel et bien à bord.

À sa première saison, à l’âge de 23 ans, le joueur de ligne à l’attaque se prépare à disputer un premier match dans ce monde de grands, au moment où lui et ses coéquipiers des Falcons vont accueillir les Panthers de la Caroline, dimanche à Atlanta.

Parfois, dans la vie comme dans la NFL, il faut un peu de chance, et c’est ce que le joueur originaire de Victoriaville a obtenu lorsque le garde à gauche Matt Hennessy est tombé au combat au mois d’août, victime d’une blessure à un genou qui va le tenir à l’écart pour le reste de la saison.

Certes pas le scénario parfait pour obtenir un poste, mais la porte du train s’est ouverte, et Bergeron en a profité.

« Je suis arrivé ici avec l’idée de travailler chaque jour, a expliqué le joueur québécois en conférence vidéo jeudi. Matt s’est blessé et il est un ami, un coéquipier, et on ne peut jamais se réjouir de quelque chose comme ça. Je trouve ça plate pour lui. Mais on m’a demandé de remplir un rôle, et mon but, c’était de remplir ce rôle-là et de le faire chaque jour. »

C’est un rôle qu’il a tellement bien rempli, en fait, qu’il est maintenant à bord de la formation régulière des Falcons. Pour un joueur qui est parti du Québec pour en arriver là, dans ce monde irréel, c’est carrément le rêve.

Mais Matthew Bergeron n’a pas vraiment le temps de s’arrêter à ça pour le moment.

« Je dirais que je suis excité comme chaque année depuis que je joue au football, depuis que je suis jeune à Victoriaville ou ensuite avec Syracuse [dans la NCAA], a-t-il pris soin d’ajouter. Jouer au football, c’est toujours excitant pour moi, peu importe la ligue…

« Mais je ne me mets pas de pression, parce que je suis si concentré sur ce que je fais… Alors pour moi, c’est juste du football. C’est une plus grosse ligue, oui, mais c’est juste du football. Quand on est ici en tant que recrue, il faut avoir une certaine confiance en soi, une confiance en ses habiletés […] La ligne à l’attaque, c’est un travail qui se fait dans l’ombre, et c’est ce qu’il y a de beau à cette position : mon but, c’est de faire mon boulot de mon mieux, et de voir le receveur attraper une passe ou de voir les demis s’échapper pour de longues courses. C’est vraiment ça qui m’apporte de la joie. »

C’est sans doute cette joie et cette belle confiance qui lui ont permis d’atterrir chez les Falcons, lui qui avait été un choix de deuxième tour du club, le 38e au total, lors du dernier repêchage de la NFL. Ce statut lui a ensuite valu un contrat de quatre saisons, pour 8,97 millions de dollars américains.

Entre ça et Victoriaville ou le football du cégep de Thetford Mines, où il a grandi, il y a tout un monde.

Mais c’est un monde qui lui plaît.

« Les gars comme Benjamin St-Juste et Laurent Duvernay-Tardif ont eu un impact sur moi, et je suis content d’être maintenant dans cette position-là, et de montrer aux jeunes du Québec que c’est possible…

« Quand j’étais petit, jamais je n’aurais pensé que c’était possible, et d’année en année, c’est un but qui se rapprochait à mes yeux. Là, je suis ici… Et même le simple fait d’être ici et d’être repêché, je n’y pensais pas ! C’est arrivé, et je suis vraiment choyé. Mais je me concentre tellement sur le travail à faire que je ne m’en rends même pas compte. Je pense que je vais seulement le réaliser quand la saison va être finie… »