(Trois-Rivières) Impossible de rater Pier-Olivier Lestage sur un terrain de football. Malgré les intempéries, il sourit. Il a décidé de vivre son rêve ainsi.

Le grand gaillard s’est taillé une place de choix au sein de la brigade offensive des Alouettes de Montréal. Les attentes à son sujet sont considérables et il entend bien continuer d’y répondre, à sa manière.

Il pleuvait des cordes, mardi matin, au stade Diablos du cégep de Trois-Rivières, où les Alouettes tiennent leur camp d’entraînement.

Pourtant, l’équipe en résidence s’est entraînée pendant plus de quatre heures. Les gouttes étaient lourdes et froides. Le ballon, glissant et imprévisible.

Sur les lignes de côté, les joueurs en attente et écartés des répétitions faisaient leur possible pour rester actifs et faire fi de cette température, toute en contraste avec celle des deux premiers jours du camp.

Au son de la musique rap crachée par les haut-parleurs du stade, un joueur se démarque parmi les mastodontes de la ligne offensive.

Sur un succès populaire de Juice Wrld, Pier-Olivier Lestage danse. Et ce faisant, il regarde ses coéquipiers directement dans les yeux, comme pour les provoquer. En réalité, il veut faire partager sa joie.

Même si la majorité des joueurs ont hâte au coup de sifflet indiquant la fin de l’entraînement, le joueur de 25 ans s’amuse. Après tout, il joue au football. Et il veut que ça dure encore et encore.

« Merci de me le rappeler, c’est important, indique-t-il une fois au sec, même si son équipement est complètement détrempé. Quand j’ai commencé à jouer au football, c’était mon rêve de jouer pour les Alouettes un jour. C’est spécial. J’avais 10 ans et je venais voir les matchs avec mon père. »

Luc Brodeur-Jourdain a employé quatre mots pour décrire le joueur originaire de Saint-Eustache : « souriant, accessible, agréable et showman ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Luc Brodeur-Jourdain

Les qualités athlétiques de Lestage ne font aucun doute. En 2021, il avait même convaincu les Seahawks de Seattle, dans la NFL, de lui accorder un contrat.

Aujourd’hui avec les Alouettes, même s’il entame seulement sa deuxième saison avec l’équipe, son importance dans le vestiaire est immense, notamment grâce à son attitude.

« C’est un gars qui a du plaisir avant tout, poursuit Brodeur-Jourdain, entraîneur de la ligne offensive. Au fil du temps, ça devient une forme de leadership. Ça encourage les joueurs. Il montre que c’est possible de s’amuser, même si tout le monde est stressé dans un camp comme ça. »

Plus de stabilité

Au-delà de sa passion évidente pour le football, une grande partie du plaisir éprouvé par Lestage à l’approche de la nouvelle saison est attribuable à la stabilité retrouvée au sein de l’équipe et de l’organisation.

Il dit se sentir à l’aise. « On a un nouvel entraîneur, un nouveau livre de jeux, un nouveau président. Il y a plein de nouvelles choses qui arrivent », dit-il pendant que sa barbe dégoutte sur le plancher du corridor menant au vestiaire improvisé par l’équipe dans le gymnase du cégep.

Les joueurs semblent plus détendus, a-t-il remarqué.

J’aime vraiment l’ambiance cette année.

Pier-Olivier Lestage

Cette stabilité rassure tout le monde au sein du vestiaire, lui le premier. Maintenant, tous peuvent se concentrer sur la façon de gagner des matchs. « En tant que joueur, c’est ce que tu recherches. Tu veux que ce soit bien organisé », rétorque-t-il.

Répondre aux attentes

Sur le plan personnel, Lestage souhaite faire partie de l’équation. Cody Fajardo est maintenant le quart-arrière de l’équipe, Jason Maas, le nouvel entraîneur-chef et le demi-offensif William Stanback est de retour au sommet de sa forme. Personne ne s’en cache chez les Alouettes ; le jeu au sol sera névralgique au courant de la saison à venir.

Même s’il devra s’adapter à cette nouvelle identité, « du football, ça reste du football », rappelle le joueur de ligne offensive. « Je suis assez expérimenté pour comprendre ce qui se passe et m’adapter au changement. C’est juste l’appellation, les petits mots, les options. »

L’ancienne gloire des Carabins de l’Université de Montréal a disputé 11 matchs dans l’uniforme tricolore la saison dernière. À l’entraînement, mardi, il prenait part aux répétitions principales. Il est rapidement devenu un élément clé du mur offensif.

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Pier-Olivier Lestage (au centre) avec les Carabins de l’Université de Montréal en septembre 2017

Les qualités du Québécois ne font aucun doute pour Brodeur-Jourdain. « Pour son gabarit, sa capacité de bouger est formidable, mais son facteur prédominant est son agressivité », explique-t-il à propos du jeune homme de 6 pi 3 po et 310 lb.

Le 10e choix au total de l’encan 2021 est un bon technicien, ajoute-t-il, mais « il le fait avec une explosion initiale d’abord. Il veut frapper le joueur, puncher, créer du mouvement ».

Il n’est peut-être pas encore reconnu à sa juste valeur dans l’œil du public, vu sa position sur le terrain, notamment, mais Lestage a beaucoup à offrir à l’équipe pour laquelle il a rêvé de faire carrière.

Il refuse toutefois de s’en faire plus qu’il n’en faut : « J’approche ça comme n’importe quelle saison. Je vais faire du mieux que je peux. »

Après tout, « c’est notre job, mais on a du plaisir ».