Le premier choix des Alouettes au dernier repêchage canadien est arrivé dans les bureaux de l’équipe, jeudi matin, au Stade olympique. Pas parce qu’il y était obligé, mais bien parce que Jonathan Sutherland a choisi de se présenter lui-même, sans qu’on le lui demande.

Danny Maciocia n’en revenait pas.

« Depuis que je fais ce métier-là, c’est la première fois que je vois ça, a expliqué le directeur général montréalais. C’est un joueur qu’on a repêché, qui a un contrat avec une équipe de la NFL, mais il a embarqué dans sa voiture pour faire le trajet ce matin, parce qu’il voulait rencontrer le monde ici. Ça montre un peu le genre de gars qu’il est… »

Maciocia a longtemps parlé de ce bout-là en ce jeudi matin plutôt joyeux dans les bureaux du club : oui, Jonathan Sutherland est tout un joueur, mais en plus, il s’agit d’un humain de premier plan. « Avec lui, on va gagner sur le terrain, mais à l’extérieur du terrain aussi », a ajouté le DG.

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Le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia

Les membres des médias et les employés des Alouettes ont donc rencontré ce jeune homme de 24 ans qui, en effet, semble avoir les valeurs à la bonne place, qui saupoudre ses réponses de « yes sir ! » respectueux, qui sait d’où il vient et où il s’en va.

Dans l’immédiat, il va prendre le chemin de Seattle, où les Seahawks lui ont accordé un contrat de joueur autonome prioritaire, lui qui a été ignoré au dernier repêchage de la NFL.

Puisque ce genre de contrat est assujetti à des bonis (comme une prime d’engagement de 10 000 $, dans ce cas-ci) et qu’il n’y a aucune garantie, les Alouettes s’accrochent à un scénario où Sutherland pourrait être retranché par les Seahawks et aboutir ici quelque part à la fin de l’été. « Si ça arrive, il nous a dit qu’il serait à Montréal dans les jours suivants », a ajouté Maciocia, qui a rappelé que d’autres membres des Alouettes, notamment Marc-Antoine Dequoy et Pier-Olivier Lestage, ont vécu des expériences similaires il n’y a pas si longtemps.

En attendant, Sutherland sera à Seattle jeudi pour un camp des recrues de trois jours, et passera ensuite près d’un mois là-bas, le temps de participer au précamp du club. Le camp officiel des Seahawks devrait s’ouvrir à la fin de juillet.

« Je suis très heureux, je joue au football depuis que j’ai l’âge de 8 ans, et j’ai toujours voulu me rendre dans les rangs professionnels, que ce soit la LCF ou la NFL, a expliqué le natif d’Ottawa. Alors, d’avoir cette chance, c’est une bénédiction… Je tenais à me présenter ici pour témoigner de mon appréciation. Ce fut toujours un rêve pour moi que de devenir un joueur professionnel, et je suis conscient que plusieurs autres joueurs voudraient être à ma place. »

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Jonathan Sutherland a été sélectionné par les Alouettes au premier tour du repêchage canadien de la LCF, mardi, même s’il a signé un contrat à titre de joueur autonome avec les Seahawks de Seattle, de la NFL.

Ce scénario, Jonathan Sutherland en rêve depuis longtemps. Il a quitté le nid familial à l’âge de 15 ans pour aller finir son secondaire pendant trois ans dans une école située en Virginie, afin d’augmenter ses chances d’être recruté par un gros programme de football universitaire américain. Il a gagné son pari quand la prestigieuse Penn State lui a lancé un appel, et il a porté le célèbre maillot bleu des Nittany Lions pendant cinq saisons.

À Penn State, il portait le numéro 0, un numéro qu’on ne donne pas à n’importe qui.

« Il y a quatre ans, Penn State en a fait une tradition, en voulant donner ce numéro à un membre des unités spéciales qui se sacrifiait toujours, a-t-il expliqué. Alors, ce fut un honneur que d’être choisi par mes coéquipiers pour le porter, et aussi, d’être le premier à le porter. »

Le jeune homme, dont la mère est montréalaise, est de toute évidence très heureux de se retrouver à l’heure des décisions. Seattle ou Montréal, les deux feraient très bien l’affaire pour lui. « Je me sens bien ici, et ma mère vient d’ici… mais je vais me contenter de contrôler ce que je peux contrôler. »

Pas de problème, les Alouettes vont attendre.

« On va être patients, a conclu Danny Maciocia. Il pourrait embarquer dans notre équipe immédiatement. Il peut jouer comme secondeur, comme maraudeur, et il nous donne de la flexibilité. Si ça ne marche pas là-bas, il va s’en venir tout de suite. Pour nous, c’est un risque calculé… »