Victoriaville, Thetford Mines, Syracuse… et la NFL.

Grâce à un parcours atypique, mais parsemé de grandes réussites, Matthew Bergeron s’apprête à se déposer dans son eldorado. Il cogne aux portes de la meilleure ligue de football au monde et d’ici la fin de la semaine, une équipe l’accueillera dans son nouveau chez-soi.

Il sera entouré par 30 de ses proches, à compter de jeudi, dans une salle louée par la Ville de Victoriaville, dans le patelin où il a grandi.

En conférence de presse devant les membres des médias québécois, lundi après-midi, le meilleur espoir de la Belle Province en vue du prochain repêchage de la NFL a dit savoir qu’il est sur le point d’arriver au bout d’un long processus. Processus pendant lequel il a dû se démarquer pour convaincre au moins une des 32 organisations de la NFL de lui faire confiance.

« Il faut juste apprécier chaque moment et prendre un pas de recul quand on fait des évènements comme le Senior Bowl ou le camp d’évaluation de la NFL. Il faut regarder le portrait global de la situation et c’est dur pour moi, dans ma position, parce que j’ai des œillères et je suis très concentré. C’est un peu dur de profiter du moment présent et de me dire que je suis dans ce processus-là », a-t-il affirmé.

Bergeron a fait écarquiller bien des yeux au cours de son passage dans les rangs universitaires américains. Le joueur de ligne offensive de l’Université de Syracuse s’est démarqué par sa polyvalence et son leadership, ayant assumé le rôle de capitaine de l’Orange.

Il retient beaucoup l’attention depuis quelques semaines. Dans cette épopée unique vers la NFL, il est important pour lui de faire couler les rumeurs et les a priori comme l’eau sur le dos d’un canard.

« J’en laisse beaucoup de côté, a-t-il affirmé. La période du repêchage est exceptionnelle parce que ça arrive juste une fois dans la carrière d’un joueur de football. C’est trois ou quatre mois pendant lesquels les gens te décortiquent de A à Z. Les gens cherchent tout pour faire des articles ou des clics. J’en laisse beaucoup et je ne prends pas le temps de regarder en détail ce qui se dit sur moi. »

Pour le jeune homme de 23 ans, il n’existe pas mille façons de faire abstraction du bruit ambiant : « Je ne regarde pas les réseaux sociaux. J’ai juste besoin de l’opinion de mes amis et de ma famille. »

Les entrevues

Les meilleurs espoirs sont conviés à une série d’entrevues avec les dirigeants des organisations de la NFL. Un espoir convoité comme Bergeron a vécu un dernier mois « pas mal chargé ». Il a révélé avoir visité les installations de sept formations en plus d’avoir décroché de « 12 à 15 » entrevues par Zoom.

Il a voyagé d’est en ouest en passant par le Sud et cette accumulation de visites a été l’aspect le plus ardu avec lequel négocier pour le gaillard de 6 pi 5 po et 318 lb : « Le plus dur, c’est de se promener de place en place et de prendre l’avion chaque jour. Je suis un gros bonhomme, donc l’avion n’est pas l’endroit le plus confortable, et c’était ça le truc le plus dur. Ça et le décalage horaire. »

Au moins, il tire un bilan positif de toutes ses visites.

Après chaque visite, je me disais que ça s’était vraiment bien passé. Il n’y a pas une visite où je crois avoir mal communiqué. J’ai eu de bons commentaires des entraîneurs aussi.

Matthew Bergeron

Reste que pour un garçon humble et ancré comme lui, parler uniquement à la première personne du singulier pendant plus d’un mois s’est avéré quelque peu irritant : « J’haïs ça », a-t-il admis en riant.

« C’est quelque chose que je n’aime pas faire. Je n’aime pas parler de moi et me vanter, mais dans les entrevues, il faut le faire, parce que c’est une entrevue d’embauche. Il faut que tu te vantes en tant que personne, joueur et athlète. Je n’ai pas le choix, parce que je suis à la recherche d’un emploi. J’aimerais jouer au football dans la NFL. »

Chaque année, les équipes sont reconnues pour poser des questions un peu loufoques aux candidats. Pour sa part, Bergeron s’est fait demander notamment qu’elle était sa chanson préférée ou encore ce qu’il ferait sur une île déserte. Il a même joué aux fléchettes et au minigolf dans le bureau de certains entraîneurs.

Le grand moment

Il est presque impossible de prédire quand et par qui Bergeron sera sélectionné tellement ce repêchage sera ouvert.

Selon ses dires, l’athlète de Victoriaville ne semble pas trop s’en faire avec l’issue de sa sélection pour le moment. D’après lui, la journée de jeudi sera la plus stressante.

« Je pense que le stress embarquera jeudi après-midi, en allant vers la salle. Je suis quelqu’un qui vit au jour le jour. Après mon entraînement de jeudi, je pense que le stress va rentrer. »

Les dés sont maintenant lancés. Il croit avoir fait les démarches nécessaires pour séduire les dirigeants de la NFL. À tout le moins, il aura su rester lui-même pendant tout le processus, grâce à trois valeurs fondamentales : « Mettre l’équipe en premier, travailler et rester humble. »