Après trois saisons consécutives sans fiche perdante et un premier gain dans un match éliminatoire depuis 2014, les Alouettes sont sur la bonne piste. Le calvaire des années 2016 à 2018 n’est même plus dans le rétroviseur.

Mais les Oiseaux ont-ils enfin retrouvé de la stabilité ? Ça, c’est beaucoup moins sûr.

Malgré sa belle saison, l’équipe pourrait prochainement se retrouver sans propriétaire, sans entraîneur-chef et sans quart-arrière.

C’est un secret de Polichinelle pour ceux et celles qui gravitent autour du club que le courant ne passe pas entre le président Mario Cecchini et le propriétaire minoritaire Gary Stern. Pas sûr qu’il passe beaucoup mieux entre Stern et le directeur général Danny Maciocia.

Un peu plus discret en deuxième moitié de saison à la demande des Alouettes, Stern reste de nature un peu impulsive.

Détenteur de 25 % des actifs de l’équipe aux dernières nouvelles, Stern n’aide vraiment pas les choses en se plaignant ouvertement des assistances au stade Percival-Molson, surtout qu’elles ont augmenté significativement depuis que Cecchini est le responsable de l’opération.

Au début de la saison, Stern avait entre autres offert de donner des entrevues parce qu’il voulait avoir une salle comble pour l’un des matchs de l’équipe. On comprend évidemment que vendre plus de billets est toujours le but, mais le dire ouvertement est de mauvais goût.

On raconte également que la succession du défunt Sid Spiegel, qui détiendrait 75 % du club, ne voit pas tout à fait les choses du même œil que Stern, ce qui rend le dossier encore plus difficile à suivre.

Est-ce que ce groupe de propriétaires ontariens choisira de vendre l’équipe ? Tôt ou tard, c’est probablement ce qui se produira. Et cette fois, la LCF devra s’assurer que les Alouettes soient vendus à des intérêts locaux. L’avenir, et peut-être même la survie de la franchise, passe par l’arrivée de propriétaires québécois, qui connaissent bien le marché de Montréal.

Un candidat de l’interne ?

Le deuxième gros dossier des prochaines semaines sera celui de l’entraîneur-chef. Maciocia a dit à maintes reprises qu’il voulait se concentrer sur son rôle de directeur général et qu’il souhaitait embaucher un entraîneur-chef en vue de la saison prochaine – ce qu’il n’a toujours pas eu l’occasion de faire depuis son retour dans l’organisation il y a bientôt trois ans.

On peut présumer que son ami et complice Noel Thorpe fera partie des principaux candidats. Mais à la lumière des courriels de lecteurs que j’ai reçus au cours des dernières heures, ce ne serait pas un choix populaire.

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Noel Thorpe, coordonnateur défensif des Alouettes

Thorpe a certainement perdu des points à la suite de la contre-performance de sa défense en finale de la division Est. Et pas sûr qu’un entraîneur-chef unilingue anglophone est ce dont les Alouettes ont besoin actuellement.

André Bolduc ? Bilingue, énergique, intelligent, expérimenté… L’entraîneur des demis offensifs serait peut-être le candidat parfait. Il a déjà été entraîneur-chef, avec le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke, et connaît très bien les Alouettes, son employeur des huit dernières années. Le hic, c’est qu’il n’a pas été embauché par Maciocia, qui voudra possiblement choisir l’un de « ses » hommes.

Byron Archambault est certainement l’un des hommes de Maciocia, mais il est encore trop vert. Le coordonnateur des unités spéciales a de la graine d’entraîneur-chef, c’est l’évidence, mais la patience est de mise.

Si les Als optent pour une personne à l’interne, la carte cachée est Anthony Calvillo. Il parle maintenant français, même si c’est un peu rudimentaire, et les partisans l’apprécient sûrement plus maintenant qu’ils réalisent que ce n’est pas la normale que de lancer pour 350 verges et 3 touchés toutes les semaines…

Lewis et Harris

Trevor Harris a très bien joué en deuxième moitié de saison. Âgé de 36 ans, le quart-arrière a probablement quelques autres bonnes saisons devant lui. Le receveur Eugene Lewis, lui, est le joueur le plus populaire du club.

Harris et Lewis risquent toutefois d’obtenir leur autonomie dans quelques mois et ont tous deux dit, lundi, que le choix du prochain entraîneur-chef sera un facteur important dans leur décision.

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Trevor Harris

Lewis veut rester à Montréal si les conditions sont réunies. Quant à Harris, il pourrait profiter du fait qu’il y a plus de postes de quarts partants dans la LCF (neuf) qu’il y a de passeurs de qualité pour aller chercher un dernier « gros » contrat. Il a déjà choisi de quitter le Rouge et Noir d’Ottawa pour une question d’argent, alors rien n’est à exclure.

Grâce notamment au trio composé de Tyson Philpot, Marc-Antoine Dequoy et Pier-Olivier Lestage, les Alouettes ont un bon noyau de jeunes joueurs et pourront continuer d’y greffer d’autres éléments intéressants avec leurs deux choix de premier tour au prochain repêchage. Mais d’ici là, il y aura plusieurs dossiers chauds à régler.

Bien malin celle ou celui qui pourrait prédire ce qui se passera dans le nid au cours des prochains mois.