(Toronto) C’est triste à dire pour les Alouettes et leurs partisans, mais c’est la meilleure des deux équipes qui a remporté la finale de la division Est, dimanche au BMO Field de Toronto.

Les Argonauts ne sont pas nécessairement plus talentueux que les Alouettes. Mais ils sont plus constants et plus opportunistes. Deux ingrédients qui ont été essentiels dans leur victoire de 34-27 qui leur permet ainsi d’atteindre le match de la Coupe Grey pour la première fois depuis 2017.

Les Argos avaient mentionné qu’ils étaient très bien préparés à l’aube de la finale de l’Est, eux qui avaient pu bénéficier de deux semaines pour le faire. On a rapidement pu le constater.

Grâce en grande partie à un jeu de 46 verges d’A. J. Ouellette, puis à un de 38 verges d’Andrew Harris, Toronto s’est vite donné une avance de 14-3. Les deux imposants porteurs de ballon ont capté de courtes passes sur ces jeux, une stratégie qui a été utilisée à plusieurs reprises, sûrement pour profiter de l’absence du secondeur intérieur Micah Awe. Ouellette et Harris ne sont pas reconnus pour leurs qualités de receveur.

PHOTO JOHN E. SOKOLOWSKI, USA TODAY SPORTS

Danny Maciocia, entraîneur-chef par intérim et directeur général des Alouettes de Montréal

Je ne dirais pas qu’ils nous ont pris par surprise, je pense qu’on a mal joué sur ces jeux. C’était ça, la frustration entre nous sur les lignes de côté.

Danny Maciocia, entraîneur-chef par intérim des Alouettes

Mais le jeu dont tout le monde parlait et parlera est survenu un peu plus tard que ces deux-là. En situation de deuxième essai avec une verge à franchir, le quart réserviste des Argos, Chad Kelly, a profité d’une crampe au cerveau collective de la défense des Alouettes : aucun joueur défensif n’a pensé à aller se positionner devant le receveur DaVaris Daniels, qui a pu marquer le touché le plus facile de sa carrière, un jeu de 46 verges.

Maciocia a expliqué que le demi défensif Wesley Sutton s’était blessé quelques jeux plus tôt et que les ajustements n’avaient pas été apportés à la formation défensive qui était sur le terrain à ce moment. « Ils ont vu qu’il nous manquait un joueur [à l’extrémité du terrain] et vous avez vu ce qui s’est passé. »

Menant 21-3 tôt au 2e quart, les Argonauts se dirigeaient allégrement vers une victoire facile. À leur crédit, les Als ont toutefois lutté pour revenir dans le coup et se sont même approchés à 3 points des Argos à un certain moment. Mais la pente s’est avérée trop difficile à remonter.

« C’est un match qui a ressemblé à notre saison avec des hauts et des bas. Je sentais honnêtement qu’on serait capables de s’en sortir », a dit Maciocia, qui venait probablement de finir le dernier match de sa carrière d’entraîneur-chef.

« Je me sens plutôt mal pour les joueurs, les dirigeants et tout le monde qui a travaillé très fort cette année. C’était loin d’être une situation idéale, ça n’a pas été facile, et on a vécu des choses que je n’avais jamais vécues dans ma carrière de 26 ans.

« On s’est bien battus, et il faut leur donner le mérite. C’est une bonne équipe de football qui est bien dirigée. »

Harris, Lewis et Matte de retour en 2023 ?

Très bon dans la défaite, Trevor Harris (25 en 30 pour 362 verges et une passe de touché) était visiblement abattu lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes.

« Ça fait mal. C’est un honneur d’être le quart-arrière de cette équipe. Je suis très reconnaissant que les Alouettes m’aient donné une opportunité de jouer », a commenté le vétéran de 36 ans, qui pourrait obtenir son autonomie en février.

Harris veut-il jouer à Montréal en 2023 ?

« Oui, mais je ne vais plus prédire le cours de ma carrière. En 2018, j’étais convaincu que je la finirais à Ottawa, puis je suis allé à Edmonton et je pensais la même chose à cet endroit. »

Comme plusieurs de ses coéquipiers, Kristian Matte avait les yeux rougis.

« J’ai gagné [la Coupe Grey] à ma première année [en 2010] et je ne suis jamais retourné [en finale]. Mais en bout de ligne, ce sont eux [les Argos] qui ont mieux joué aujourd’hui. Je suis déçu parce qu’on avait quelque chose de spécial cette année », a commenté le garde, qui espère poursuivre sa carrière.

Il faut aller chercher la bague. Je suis encore sous contrat, mais ces décisions ne sont pas toujours dans nos mains. […] Je pense que je joue encore du très bon football, le plan n’est pas encore concrétisé, mais je veux jouer, c’est sûr.

Kristian Matte, à propos de la prochaine saison

Comme Harris, Eugene Lewis pourrait changer d’équipe dans quelques mois, s’il le souhaite. Le receveur étoile (5 attrapés pour 83 verges, dimanche) a toutefois clairement indiqué qu’il aimerait rester avec le seul club qu’il a connu dans la LCF.

« J’adore Montréal. Si quelqu’un ne sait pas que mon cœur est à Montréal, il ne me connaît pas du tout. J’ai toujours tout donné pour cette équipe. La question est maintenant de savoir si les Alouettes tiennent à moi autant que je tiens à eux.

« Cette défaite est douloureuse. Je joue à Montréal depuis plusieurs années maintenant et je voulais gagner pour la ville, ma famille et moi-même. »

PHOTO MARK BLINCH, LA PRESSE CANADIENNE

Le receveur Tyson Philpot célèbre après un touché au deuxième quart.

Lewis est le pilier du groupe de receveurs des Als, on s’entendra tous, mais c’est Tyson Philpot qui a été le meilleur du club dimanche. La recrue a mené l’équipe en attrapant les 8 passes que Harris lui a lancées pour un total de 127 verges. Le touché de 36 verges qu’il a marqué au 2e quart a permis aux Alouettes de répliquer rapidement après l’erreur monumentale de la défense sur le touché de Daniels.

« Je ne serais pas surpris qu’il joue au sud de la frontière. S’il joue ici, il va dominer la ligue », a prédit Lewis.

Le blâme à la défense

Même si Harris a expliqué que le vent n’avait pas été un si grand facteur, les Argos ont tout de même préféré s’assurer de l’avoir dans le dos au 4e quart plutôt que d’amorcer la deuxième demie avec le ballon. Et la défense des Alouettes n’est jamais parvenue à freiner l’attaque torontoise.

« Notre défense n’a pas joué de la façon dont elle était capable de le faire », a reconnu Maciocia.

« Leur attaque a bien exécuté ses jeux, tandis que notre défense n’a pas réussi à le faire. […] J’espérais que notre défense provoquerait un revirement ou qu’elle les arrêterait quelques séries de suite [en deuxième demie], car de la façon dont notre attaque jouait, je pensais qu’on pourrait marquer un touché ou deux et que ça pourrait faire la différence. »

En effet, l’unité du coordonnateur Noel Thorpe n’a pas été à la hauteur, surtout pas dans un match d’une telle importance. En plus d’avoir accordé 34 points, 299 verges aériennes au quart McLeod Bethel-Thompson et un touché gênant au possible, elle n’a réussi ni sac du quart ni revirement.

Au bout du compte, les Argonauts ont fait honneur à leur réputation de trouver le moyen de gagner des matchs, alors que les Alouettes ont été incapables de bien jouer durant 60 minutes. Le résultat est une douloureuse défaite, qui a empêché les Oiseaux de disputer le match de la Coupe Grey pour la première fois en 12 ans.

« Il y avait beaucoup d’émotion dans notre vestiaire parce qu’on sait que cette équipe ne sera plus jamais la même. On ne sera plus jamais le même groupe de joueurs ensemble », a rappelé Lewis.