Ben Cahoon est membre du Temple de la renommée de la Ligue canadienne de football (LCF). Il a gagné la Coupe Grey à trois reprises. Il a capté 1017 passes pour 13 301 verges et 65 touchés. Plus important encore, il a joué les 224 matchs de sa carrière dans l’uniforme des Alouettes de Montréal.

Cahoon est considéré comme l’un des meilleurs receveurs de l’histoire de la ligue et a été un élément significatif des succès des Alouettes pendant les années 2000. En plus d’être un favori de la foule, il était la cible préférée d’Anthony Calvillo. Ensemble, ils ont permis à Montréal de remporter le championnat en 2002. C’était alors la première fois en un quart de siècle que la Coupe Grey revenait à Montréal.

Pour célébrer les 20 ans de la conquête, l’organisation montréalaise avait organisé une cérémonie lors de la mi-temps du match de jeudi, contre les Elks d’Edmonton, franchise que les Als avaient battue en grande finale il y a deux décennies.

Une dizaine de joueurs ont été accueillis au centre du terrain du stade Percival-Molson.

En revanche, aucun n’a été acclamé comme le célèbre numéro 86, qui s’est présenté avec la Coupe Grey au bout des bras.

De bons souvenirs

Celui qui fête ses 50 ans ce samedi a gardé la forme. L’Américain, rencontré sur la passerelle au cours du deuxième quart, a pris sa retraite il y a 12 ans et était heureux d’être de retour dans le stade où il a marqué l’histoire du football canadien.

Cet endroit situé au pied du mont Royal aura à jamais une symbolique particulière pour celui qui a été nommé deux fois joueur par excellence, car c’est là qu’il a inscrit sa légende.

C’est fantastique. Marcher sur le terrain... J’ai eu des frissons et une montée d’adrénaline. Je me sens à la maison. C’est très particulier.

Ben Cahoon

Cahoon a savouré les 13 saisons qu’il a passées dans la métropole québécoise. Même si des milliers d’amateurs ont acheté des chandails à son effigie et qu’il est encore sollicité pour des photos et des autographes lors de ses visites au nid, il a toujours eu de la difficulté à comprendre pourquoi les fans l’avaient choisi, lui. Cette cote d’amour et de popularité ne s’est jamais effritée et il en est reconnaissant, mais toujours un peu surpris.

« Je pense qu’ils aiment prendre les négligés. Ils aimaient le petit receveur que j’étais. Après quelques années, il y a une sorte de familiarité. Et ç’a été bénéfique », a-t-il ajouté.

La magie de Don Matthews

Cahoon est conscient qu’il n’aurait jamais été capable d’écrire l’histoire du club à lui seul. Il a fallu des coéquipiers en or. Et un entraîneur qui savait mettre en valeur chaque joueur.

« Il faut donner beaucoup de crédit à Don Matthews », a précisé Cahoon. À son avis, l’entraîneur-chef de l’époque a été en mesure de trouver l’équilibre parfait entre s’entraîner avec le plaisir de jouer au football et savoir performer dans les moments qui comptaient le plus. « Il nous laissait beaucoup de liberté, mais quand c’était le temps de jouer, on était prêts et on agissait comme des professionnels. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Don Matthews, entraîneur-chef des Alouettes de Montréal de 2002 à 2006

C’est probablement, croit-il, la raison pour laquelle les joueurs de cette équipe peuvent célébrer un titre de la Coupe Grey 20 ans plus tard.

Questionné quant à savoir ce qu’il fallait aux Alouettes de l’édition actuelle pour espérer vivre la même ivresse victorieuse, mais surtout pour raviver la frénésie des années 2000 et 2010, Cahoon a réfléchi un moment.

« Nous gagnions des matchs. Et tout le monde veut encourager des gagnants. »

Il pense qu’il faut trouver des talents et savoir les développer adéquatement. Il faut surtout ne jamais abandonner, dit celui qui est passé si près de gagner en 1998 et en 1999, notamment.

Il revient quand même à l’effet Don Matthews, qu’il appelle « la magie de Don ». Un impondérable crucial.

« La ligne entre la victoire et la défaite est si mince que ça prend une étincelle. Pour nous, c’était Don Matthews. [...] C’est ce qui a fait la différence. C’était contagieux. On savait que puisqu’on avait Don, on avait des chances. On était frais et préparés le jour des matchs et ça nous donnait confiance. [...] L’équipe avec les jambes les plus fraîches le jour du match gagne. »

Cahoon et les siens ont eu les jambes fraîches plus souvent qu’à leur tour et les bras meurtris par le succès qui en a fait des immortels. Comme l’a prouvé la cérémonie de jeudi soir.