C’est dimanche matin sur le terrain des Diablos du cégep de Trois-Rivières que les Alouettes amorceront leur camp d’entraînement annuel. Le calendrier débutera quant à lui le 9 juin et l’objectif de Khari Jones et des Oiseaux est déjà très clair : se rendre jusqu’au bout.

En 2019, personne n’avait vu venir les Alouettes, qui avaient fini au deuxième rang de l’Est avant de s’incliner en demi-finale de division. L’an dernier, l’équipe n’a pas connu des performances à la hauteur des attentes avec une modeste fiche de ,500 et son parcours a pris fin en demi-finale de l’Est pour la deuxième année de suite.

Avec ces deux années d’expérience derrière eux, les membres du noyau dur des Alouettes savent mieux que quiconque que le moment est maintenant venu d’être à la hauteur en novembre. Le directeur général Danny Maciocia a bâti une équipe de talent et le groupe d’entraîneurs semble plus solide qu’au cours des dernières années.

« Oui, c’est une analyse assez juste, et que je partage. On a une très bonne équipe sur papier. On doit maintenant unir nos forces et former un tout homogène », a estimé Khari Jones en entrevue avec La Presse plus tôt cette semaine.

Jones et les Alouettes ne veulent pas trop en parler, mais l’entraîneur-chef jouera peut-être son poste au cours des prochains mois. Son contrat viendra à échéance au terme de la saison et aucune discussion ne semble avoir eu lieu au sujet d’une éventuelle prolongation. Jones a été avare de commentaires lorsqu’on a abordé le sujet avec lui.

« Ça ne m’inquiète pas du tout », s’est-il contenté de dire.

Puisque Jones était déjà en poste lorsque Maciocia a été embauché il y a deux ans et demi, il n’aurait certes pas été étonnant que les Alouettes remercient l’entraîneur-chef après leur élimination aux mains des Tiger-Cats en novembre dernier. Mais une telle décision aurait été franchement injuste.

C’est Jones qui est parvenu à faire revivre une équipe qui était en déroute complète il y a trois ans. C’est lui qui l’a remise sur la bonne voie après des années de misère, qui en étaient venues à menacer la survie même du club. Tout ça alors que se déroulait le mémorable cirque de la vente de l’équipe en arrière-plan, ne l’oublions pas.

Jones méritait une autre chance de mener les Alouettes à leur première participation au match de la Coupe Grey depuis 2010. Mais cette fois, la pression de produire des résultats sera forte.

Le meilleur chemin pour atteindre la Coupe Grey, c’est de finir au premier rang de sa division. On obtient un laissez-passer au premier tour, puis on dispute la finale de division à domicile. Terminer premiers de notre division sera donc au sommet de nos objectifs. Ce sera important de le faire.

Khari Jones, entraîneur-chef des Alouettes

L’objectif était également de remporter la division en 2021. Un manque de constance et l’indiscipline sur le terrain et à l’extérieur ont toutefois empêché les Alouettes de le réaliser.

« On n’a jamais été déclassés la saison dernière, on était dans le coup dans chacun de nos matchs. C’était souvent un jeu ici ou un jeu là qui faisait la différence. Il faut corriger certains éléments et on le sait. »

La première chose que les Alouettes devront corriger, c’est l’indiscipline. D’ailleurs, avant de confirmer que Jones serait effectivement de retour à la barre du club en 2022, Maciocia a insisté sur cet aspect en discutant avec son entraîneur-chef. Ce dernier avait reconnu que son équipe avait manqué de discipline.

« On a fait plusieurs bonnes choses l’année dernière, mais on n’a pas été assez constants, notamment sur le plan de la discipline. Mais c’est une nouvelle équipe. On peut tirer certains éléments de la saison dernière, mais il faut savoir tourner la page, aussi », a dit Jones, qui entend être plus strict cette saison.

« Ça ne veut pas dire que je dois changer ma personnalité, je suis qui je suis. Mais si un joueur fait certaines choses que l’on ne souhaite pas, il ne jouera pas, tout simplement. On n’a pas vraiment besoin de faire autre chose, c’est le meilleur moyen de discipliner un joueur, de lui enlever son temps de jeu. »

Comme tous les entraîneurs, Jones souhaite voir de l’intensité de la part de ses joueurs, mais également qu’ils gardent la maîtrise de leurs émotions. Et ce, dès le début du camp d’entraînement.

Je veux voir des joueurs qui aiment la compétition et qui ne la craignent pas, mais qui sont également capables de rester disciplinés, même lorsque c’est difficile de le rester.

Khari Jones

« C’est difficile de continuellement s’amuser durant un camp d’entraînement, car ce n’est vraiment pas facile, mais j’espère que nos joueurs trouveront le moyen d’avoir du plaisir au cours des prochaines semaines. »

Une nouvelle voix en Calvillo

Lors de ses deux premières saisons comme entraîneur-chef, Jones occupait également les postes de coordonnateur offensif et d’entraîneur des quarts-arrières. Il a conservé celui de coordonnateur offensif, mais Anthony Calvillo a été nommé entraîneur des quarts il y a quelques mois.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Le nouvel entraîneur des quarts-arrières des Alouettes, Anthony Calvillo

Avec le recul, Jones croit-il qu’il en avait trop dans son assiette en occupant les trois postes ?

« Honnêtement, non. Mais je pensais que nos quarts avaient peut-être besoin d’entendre une nouvelle voix. Et on ne peut pas vraiment trouver un entraîneur avec une expérience comme celle d’Anthony. »

D’avoir pu ajouter A. C. [Calvillo] à notre groupe d’entraîneurs a été une très belle prise pour nous. Je n’ai aucun doute qu’il fera de l’excellent travail avec nos quarts-arrières.

Khari Jones

« J’étais à l’aise d’occuper les trois postes, mais ce sera agréable de pouvoir passer un peu plus de temps avec la défense et les unités spéciales. Je me concentrais plus sur l’attaque au cours des dernières saisons. »

Connaissant les deux individus, l’association entre Jones et Calvillo devrait être productive et agréable. Les deux anciens quarts-arrières sont des personnes authentiques qui ne sont nullement du genre à privilégier leur propre avancement ou situation au détriment du club.

« C’est fantastique jusqu’à maintenant. J’ai toujours aimé affronter Anthony lorsqu’on jouait. On fait partie de la LCF depuis longtemps, alors on se connaissait déjà quand même assez bien. On a une bonne relation de travail et on parle le même langage [de football]. »

« Anthony est une personne très modeste et un type de grande classe. Je pense qu’on travaillera très bien ensemble. »

Derrière Adams fils

Certaines rumeurs ont circulé voulant que l’organisation était divisée quant au poste de quart partant. Publiquement, Jones, Calvillo et Maciocia ont toutefois indiqué que Vernon Adams fils demeurait leur homme de confiance.

Vernon aurait pu être un peu plus constant la saison dernière, mais il y a plusieurs choses qu’on aime dans son jeu. On voudra s’assurer, A. C. et moi, qu’il devienne la meilleure version de Vernon Adams fils qu’il peut devenir.

Khari Jones

L’une des choses que devra faire Adams fils sera d’apprendre à mieux contenir ses émotions et ses sautes d’humeur. Il réagit impulsivement trop souvent, que ce soit dans le feu de l’action, sur les lignes de côté ou sur les réseaux sociaux.

« Il doit apprendre à mieux se contenir et savoir qu’il n’est pas obligé de réagir à certaines choses. Cela dit, je veux qu’il reste lui-même. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Vernon Adams fils

« Je veux qu’il soit le leader que je sais qu’il peut être. Il a pris des pas dans la bonne direction pour le devenir et je sais qu’il a travaillé d’arrache-pied au cours de la saison morte. On sait tous qu’il est très émotif et qu’il a le cœur sur la main, et c’est correct. Pourvu qu’il puisse gagner de l’expérience et tirer des leçons de certaines choses. »

Et si les choses ne se déroulent pas comme prévu et qu’Adams fils en arrache ? Jones et les Alouettes hésiteront-ils longtemps avant de se tourner vers Trevor Harris ?

« Je ne vois pas les choses de cet angle. Peu importe la situation, les joueurs sont toujours en compétition. Je suis à l’aise avec nos quarts et ils n’auront pas à être parfaits. Peu importe qui sera le partant, il aura l’occasion d’avoir du succès », a répondu Jones, avant de nuancer un brin.

« Mais on ne prendra jamais de décision au détriment des succès de l’équipe. On saura si le moment d’effectuer un changement est venu, et c’est ce qu’on fera. »