Pour la première fois depuis qu’il est en poste, le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia, aura un premier choix lors du repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF), mardi soir. Rappelons-nous que son prédécesseur, Kavis Reed, avait notamment sacrifié deux choix de premier tour en échange de Johnny Manziel à l’été de 2018.

Avec ses choix initiaux en 2020 et en 2021, Maciocia a sélectionné deux de ses anciens joueurs chez les Carabins de l’Université de Montréal, le maraudeur Marc-Antoine Dequoy (14e au total en 2020) et le garde Pier-Olivier Lestage (10e en 2021). Dequoy est pressenti pour devenir le maraudeur partant à sa deuxième saison avec les Alouettes en 2022, tandis que Lestage fait toujours partie de l’équipe de réserve des Seahawks de Seattle.

La dernière fois que les Oiseaux ont eu un choix de premier tour, Reed avait sélectionné le garde Trey Rutherford avec le deuxième choix au total. C’était il y a quatre ans.

Rutherford a joué deux saisons avec les Alouettes avant d’annoncer sa retraite. Le tout premier espoir sélectionné cette année-là, le receveur Mark Chapman, n’a quant à lui jamais joué dans la LCF. Même s’il n’est pas parvenu à se tailler une place dans la NFL, Chapman ne s’est jamais joint aux Tiger-Cats de Hamilton.

C’est une autre preuve que le repêchage de la LCF est encore plus risqué que ceux de la plupart des autres ligues professionnelles. Qu’on le veuille ou non, c’est la réalité. Les équipes ont presque autant de chances de mettre la main sur un bon joueur au troisième ou au sixième tour que lors du premier.

Cela dit, les Alouettes sont heureux de détenir la quatrième sélection du repêchage, ça va de soi.

Vendredi, Maciocia a réitéré qu’à talent égal, son équipe choisirait toujours un joueur local plutôt qu’un joueur provenant d’une autre province. C’est une stratégie qu’avait également adoptée Jim Popp à l’époque, mais qui avait ensuite été abandonnée par Reed.

Alors, qui sont donc les joueurs dans la ligne de mire des Alouettes et qui pourraient être choisis au quatrième rang ?

Le premier nom qui revient est celui d’Enock Makonzo, un athlète originaire de Lachine qui a joué son football universitaire avec les Chanticleers de Coastal Carolina. Un joueur hybride capable d’évoluer comme secondeur ou demi défensif, Makonzo a été classé huitième espoir dans le classement final du Bureau de recrutement de la LCF.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Joshua Archibald

Le joueur de ligne offensive Cyrille Hogan-Saindon, un produit du Rouge et Or de l’Université Laval, le receveur montréalais Samuel Emilus (Louisiana Tech) et le joueur de ligne défensive Joshua Archibald (McGill), également originaire de Montréal, sont d’autres Québécois qui pourraient être sélectionnés dans les premiers tours du repêchage. Les Alouettes détiennent huit choix au total.

À noter que le Réseau des sports (RDS) diffusera les deux premiers tours du repêchage, ce mardi soir, à compter de 20 h.

Un système à revoir ?

Maciocia veut le plus grand nombre de Québécois possible au sein des Alouettes, mais ce n’est pas si particulier. Les Roughriders préfèrent sûrement les joueurs originaires de la Saskatchewan, comme les Lions, ceux de la Colombie-Britannique.

« Je pense que c’est l’outil de marketing le plus puissant que nous possédons », a résumé l’analyste Marshall Ferguson, lundi.

Son confrère Duane Forde est d’accord, mais estime que cette réalité est un couteau à deux tranchants. Puisque les joueurs peuvent signer un contrat avec l’équipe de leur choix lorsque leur première entente dans la LCF prend fin, des contrats qui sont généralement d’une durée de deux ans, ils choisissent souvent de rentrer à la maison.

« C’est toujours une chose positive d’avoir des joueurs locaux dans l’équipe lorsqu’on veut vendre des billets. Mais je pense qu’avec un plafond salarial, il devrait y avoir un système de joueurs autonomes avec compensation [restricted free agency]. 

« Personnellement, j’aimerais que les joueurs puissent obtenir leur autonomie complète seulement après avoir passé quatre saisons dans la ligue. Les équipes auraient ainsi de meilleures chances de pouvoir repêcher, développer, puis garder leurs joueurs, plutôt que de les développer pour une autre formation », a estimé Forde.

Une sélection plus variée

Ford et Ferguson, deux analystes de TSN, sont les plus grands spécialistes du repêchage canadien au pays. Les deux hommes ont participé à une visioconférence pour répondre aux questions des journalistes, lundi, et semblent du même avis quant à l’identité de l’espoir qui devrait être le choix des Elks d’Edmonton avec la toute première sélection.

« Selon moi, Tyrell Richards sera le premier choix. C’est rare qu’une sélection ait autant de sens au sommet du repêchage et que ça semble être un mariage parfait entre le style de jeu du joueur et le système des entraîneurs. »

Secondeur de 6 pi 3 po et 230 lb ayant joué à l’Université Syracuse, Richards serait le genre de joueur qu’affectionne Chris Jones, qui est de retour comme entraîneur-chef à Edmonton après un séjour de quelques années aux États-Unis, notamment comme entraîneur adjoint en défense chez les Browns de Cleveland.

Il fut un temps pas si lointain où la majorité des meilleurs espoirs de la LCF évoluaient sur la ligne offensive. Du moins, les neuf équipes du circuit voulaient voir quatre ou même cinq de leurs sept partants canadiens jouer sur la ligne offensive.

« Le repêchage était dominé par les joueurs de ligne offensive. Par exemple, en 2018, sept des neuf choix de premier tour étaient des joueurs de ligne offensive », a rappelé Forde.

« [L’entraîneur] Mike Benevides avait d’ailleurs dit avec justesse que les joueurs de ligne offensive étaient pour notre repêchage ce que les quarts-arrières sont pour celui de la NFL. »

Grand défenseur du talent canadien s’il en est un, Forde soutient que l’on retrouve des espoirs de qualité à toutes les positions dans le repêchage de cette année.

« La situation a changé depuis quelques années. Il y a de bons joueurs canadiens à toutes les positions », a dit Forde, qui considère que le groupe de demis défensifs représente la plus grande force de cet encan.

« Je couvre le repêchage de la LCF depuis 2005 et mon gagne-pain a toujours été associé à la ligue depuis 1991, donc depuis 31 ans. Et je peux vous dire que tous les cinq ou dix ans, il y a toujours un bond significatif au niveau du talent des joueurs canadiens. »