Son aventure à la présidence des Alouettes ne s’est pas amorcée comme prévu en raison de la pandémie, mais avec maintenant un « vrai » tour de piste derrière lui, Mario Cecchini est mieux placé pour comprendre les principaux enjeux du club.

On peut certes déjà affirmer que l’organisation montréalaise est nettement plus solide depuis l’arrivée de Cecchini et du directeur général Danny Maciocia, en janvier 2020.

Aux yeux de Cecchini, le premier défi des Alouettes était de recréer des liens avec le public.

« Je ne veux pas porter de jugement sur le passé, mais je pense que la relation entre notre équipe et nos fans, de même que celle de l’équipe avec les médias, n’était pas optimale. La couverture médiatique n’était pas très grande et je pense qu’il y a eu de l’amélioration. Nos fans sentent qu’on les respecte et qu’on a fait de gros efforts sur le terrain.

« Que le côté football fonctionne bien avec Danny [Maciocia] est très important. Je pense qu’on présente une équipe qui est excitante. »

Les Alouettes ont changé de président plusieurs fois depuis que le règne de Larry Smith a pris fin en 2010.

Ray Lalonde, Mark Weightman et Patrick Boivin se sont succédé avant l’embauche de Cecchini, qui possède une vaste expérience dans le monde des affaires et des médias. Ce qui distingue Cecchini de certains de ses prédécesseurs est aussi sa volonté de se rapprocher de sa clientèle. On l’a souvent vu aller à la rencontre de partisans lors des entraînements et des matchs du club, la saison dernière.

« Ce qui me fait le plus plaisir, c’est lorsque les gens me disent qu’ils ont retrouvé leur fierté pour l’équipe. Qu’ils savent qu’on fait tout ce qu’on peut afin que ça fonctionne. C’est ce qui vient me chercher le plus. On peut faire un bon branding et c’est excellent, mais lorsqu’il y a du positif qui se dégage de l’équipe, c’est le plus important, à mon avis. Et je pense que c’est le cas avec les Alouettes présentement. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Mario Cecchini s’adresse aux partisans lors d’un match au stade Percival-Molson.

Dès sa première saison comme président, Cecchini estime qu’il a diminué le déficit d’exploitation du club d’approximativement 55 % par rapport à la saison 2019. Il a bon espoir de voir cette amélioration se poursuivre.

« Le renouvellement des billets de saison devrait être d’approximativement 92-93 %, alors qu’il est normalement de 80-85 %. On a commencé la vente de billets individuels plus tard que d’habitude, mais ça va relativement bien. On va recommencer à solliciter Québec inc. un peu plus agressivement prochainement. »

C’est entre autres afin de pouvoir mieux évaluer certains coûts et d’apporter des ajustements aux prix de vente que Cecchini et les Alouettes ont amorcé leur blitz de vente un peu plus tard cette année.

« On voulait discuter avec nos fournisseurs pour avoir une meilleure idée des coûts, notamment pour le personnel de sécurité, des concessions alimentaires et de tout ce qui nécessite de la main-d’œuvre. On sait tous ce qui se passe de ce côté en ce moment. On a donc fait un travail en amont afin d’avoir les augmentations les plus raisonnables possibles. »

En moyenne, les prix des billets pour les matchs des Alouettes augmenteront de 5 %, mais cette augmentation sera de 2 à 3 % pour environ 7000 sièges. Selon Cecchini, les prix aux kiosques alimentaires seront pratiquement identiques à ceux de 2021, à quelques exceptions près.

L’inflation est ce qu’elle est, mais Cecchini a voulu laisser la porte ouverte pour les moins bien nantis et les plus durement touchés financièrement.

« On offre des billets de saison à 149 $. On est conscients que certaines personnes ont eu de grandes difficultés financières au cours des deux dernières années ; ces gens peuvent voir 10 matchs de football pour 150 $.

« Bien sûr, ils n’auront pas tous les privilèges et ce ne seront pas les meilleures places, mais le stade McGill étant ce qu’il est, on a un bon champ de vision partout. Ces places sont limitées, aussi bien dans le temps que pour la quantité, mais on essaie tout de même de toucher le plus de gens possible. »

Du nouveau en 2022

Il n’est pas toujours évident pour les Alouettes de renouveler l’expérience football à leurs matchs locaux. Locataires au stade McGill, ils sont loin d’avoir carte blanche et les options sont souvent limitées.

Qu’à cela ne tienne, Cecchini veut de la nouveauté, et il y en aura au cours de la prochaine saison.

« On travaille sur une nouvelle section et on apportera des améliorations à nos sections permanentes, comme le Beer Garden et le Business Club. Ce sera plus solide, plus plaisant et plus confortable.

« On prépare également une méga-surprise sur le plan de la nourriture, qui devrait faire jaser. Un plat qui sera destiné aux estomacs solides ! »

L’écran dans la zone des buts du côté est sera également amélioré. En plus d’être approximativement 20 % plus grand, il aura une qualité d’image nettement supérieure, a expliqué Cecchini. Ce changement pourrait toutefois survenir après quelques matchs, puisque certaines pièces sont attendues d’Asie.

Parmi les nouveautés, ce sont toutefois les rencontres du lundi qui retiennent le plus l’attention.

« Les lundis suivant nos matchs, de 30 à 40 détenteurs de billets de saison pourront rencontrer Khari Jones, Danny Maciocia et moi-même lors d’un 5 à 7. De 250 à 300 détenteurs de billets de saison pourront également fouler le terrain avant et après nos matchs locaux », a indiqué Cecchini.

Une petite bière en compagnie du président, du directeur général et de l’entraîneur-chef, voilà une proposition qui devrait en intéresser plus d’un.

La question du nombre d’essais

Comme dans la plupart des secteurs, la pandémie a changé la donne dans la Ligue canadienne de football. Elle a notamment forcé les dirigeants du circuit et de ses neuf équipes à revoir la façon dont ils faisaient les choses.

Il y a un an, la LCF a même sérieusement envisagé la possibilité d’unir ses forces avec la XFL. Cette année, la ligue a étudié différentes façons d’améliorer le spectacle sur le terrain, notamment la possibilité de passer de trois à quatre essais.

En marge du camp d’évaluation national annuel, qui s’est déroulé le week-end dernier à Toronto, une trentaine de personnes, dont les présidents, les directeurs généraux et les entraîneurs-chefs des neuf équipes de la LCF, ont pris part à des réunions.

« Lorsqu’on ne joue pas durant un an et qu’on dispute une saison partielle l’année suivante, c’est sûr qu’on a beaucoup de temps pour se questionner et regarder vers l’avenir. Pour voir de quelles façons on pourrait améliorer le produit. Et on va maintenant revoir tout notre fonctionnement lors d’une rencontre annuelle », a expliqué Cecchini.

Plusieurs propositions se retrouveront sur le bureau du Comité des règlements à la suite des rencontres de la semaine dernière. L’idée du jeu à quatre essais a toutefois été écartée à court terme.

« Le Comité va se pencher sur nos propositions afin de voir ce qui est faisable, que ce soit pour la saison 2022 ou la saison 2023. Lorsqu’on a analysé tous les éléments, dont le rythme du match, on n’est pas du tout arrivés à la conclusion qu’il fallait passer à quatre essais », a dit Cecchini.

USFL et XFL

Selon les informations qui circulent depuis plus d’un an, certaines équipes de la LCF sont beaucoup plus réfractaires au changement que d’autres. Encore plus à la possibilité de faire affaire avec la XFL ou la USFL (United States Football League), dont la saison commencera à la mi-avril. La XFL, quant à elle, doit normalement reprendre ses activités en 2023.

La Saskatchewan, Winnipeg, Edmonton et Calgary préféreraient le statu quo, tandis que Toronto, Montréal, Vancouver et Hamilton seraient plus ouverts à explorer différentes avenues.

En réunissant 27 personnes et 9 équipes à la même table, il y aura toujours des points de vue différents. Mais je constate que les échanges sont toujours civilisés et que c’est le bien de la LCF qui prime.

Mario Cecchini, président des Alouettes

« Je n’ai pas senti qu’il y avait des équipes qui n’étaient pas prêtes à discuter. Certaines ont-elles des opinions fortes ? Tout à fait. Mais il y a toujours de l’ouverture », a résumé Cecchini, qui est d’avis que rien ne devrait être exclu de façon définitive.

« C’est difficile de mettre un X sur quelque chose dans le monde dans lequel on vit. Personne ne peut dire que ça n’arrivera jamais. Mais à court terme, il y a probablement un X sur cette possibilité », a toutefois indiqué le président des Alouettes.

« Pour le moment, on va davantage regarder ce qui se passe avec ces ligues d’un point de vue compétitif. La première chose dont on veut s’assurer, c’est de garder nos bons joueurs ici. Pour le reste, ces ligues doivent encore faire leurs preuves. Elles n’ont pas survécu par le passé. »

Si un potentiel partenariat avec l’une des ligues printanières des États-Unis demeure improbable, Cecchini a avoué que l’idée d’amorcer la saison de la LCF plus tôt dans l’année (en avril ou en mai plutôt qu’en juin) avait des adeptes au sein du circuit.

« Effectivement, il y a des discussions à ce sujet, et certaines équipes sont favorables à un tel changement. C’est un élément qui est à l’étude, mais il était évidemment trop tard pour le faire en 2022. Ça fera toutefois partie de notre révision annuelle. »