Ça n’a pas été facile, vraiment pas, mais les Rams de Los Angeles ont gagné leur pari. Après avoir assemblé une équipe de joueurs étoiles au cours des dernières années, les Rams ont remporté le Super Bowl pour la deuxième fois de leur histoire grâce à une victoire in extremis de 23-20 face aux Bengals de Cincinnati, dimanche soir.

Les Rams menaient 13-10 après la première demie, mais ça ne regardait pas trop bien pour eux. Odell Beckham fils venait de tomber au combat en raison d’une blessure à un genou et on sentait que les Bengals de Cincinnati allaient prendre le contrôle de la partie. Le fameux « momentum » était manifestement de leur côté.

Et la deuxième demie n’aurait pu mieux débuter pour les Bengals. Les arbitres leur ont d’abord fait cadeau d’un touché dès leur premier jeu du troisième quart en n’imposant pas de pénalité à Tee Higgins, qui avait clairement retenu le demi de coin Jalen Ramsey par son protecteur facial. Plutôt que de se retrouver en situation de premier essai avec 25 verges à franchir de leur propre ligne de 10, les Bengals ont pris les devants pour la première fois de la soirée, 17-13.

Puis, dès le premier jeu des Rams sur la série suivante, le receveur Ben Skowronek, qui a pris la place de Beckham fils, a été incapable de maîtriser une passe de Matthew Stafford et a pratiquement envoyé le ballon dans les mains du demi de coin Chidobe Awuzie. Une interception qui a permis aux Bengals d’amorcer leur série à la ligne de 31 des Rams. Non, ça ne regardait pas bien du tout pour les Béliers.

Mais c’est à partir de ce moment que le front défensif des Rams, qui avait été très discret jusqu’à ce point, s’est mis en marche. Les Rams ont limité les Bengals à un placement, qui portait la marque à 20-13, puis n’ont plus accordé un seul petit point à Joe Burrow et compagnie.

On disait avant le match qu’Aaron Donald avait besoin d’une performance mémorable pour cimenter sa place parmi les plus grands joueurs défensifs de l’histoire de la NFL. C’est exactement ce qu’il a fait.

L’ailier défensif a terminé le match avec deux sacs du quart et a notamment arrêté le porteur de ballon Samaje Perine avec un seul bras sur un 3 et 1 dans la dernière minute de jeu. Plus le match avançait, plus Donald était dominant.

En fait, tous les joueurs étoiles des Rams ont réussi des jeux clés au quatrième quart. Donald et Von Miller ont dominé la ligne de mêlée. Stafford a orchestré une série de 15 jeux et de 79 verges qui s’est terminée avec le touché victorieux. Et c’est Cooper Kupp qui a marqué ce touché, son deuxième du match. Kupp a d’ailleurs réussi plusieurs jeux cruciaux lors de la série décisive, dont une course qui a permis aux siens de gagner un premier essai en situation de 4 et 1 dans leur propre territoire.

Faut dire que les Rams ont également été aidés par quelques pénalités dont ont écopé les Bengals dans les dernières minutes de la partie. Mais après la gaffe des officiels au début du troisième quart, c’était un retour du balancier…

Sans Beckham fils

La tâche des Rams aurait-elle été aussi ardue si Beckham fils n’avait pas quitté la rencontre au deuxième quart ? Leur jeu au sol n’est étonnamment jamais parvenu à produire (43 verges en 23 courses). Les Rams jouaient sans leur ailier rapproché Tyler Higbee, puis son remplaçant, Kendall Blanton, s’est blessé à son tour. Stafford jouait essentiellement avec deux receveurs, Kupp et Van Jefferson…

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Andrew Whitworth et Cooper Kupp

Si la ligne offensive des Rams en a arraché sur le plan du jeu au sol, elle a offert une très bonne protection à Stafford, qui a réussi 26 de ses 40 passes pour 283 verges, 3 touchés et 2 interceptions. La première interception est survenue sur un 3e et 14 et a eu l’effet d’un botté de dégagement, et Stafford n’était pas à blâmer pour la deuxième.

Lorsque le match était dans la balance, Stafford a fait confiance à Kupp, qui a brillamment répondu à l’appel. En plus d’être le receveur le plus productif de la NFL, Kupp est un joueur extrêmement fiable, et il l’a démontré dans les dernières minutes du 56e Super Bowl. Il méritait pleinement son titre du joueur par excellence du match, même si Stafford et Donald auraient également été de très bons choix.

Pression infernale sur Burrow

Comme on s’y attendait, c’est ultimement sur la ligne de mêlée que s’est joué le match. Après une très bonne première demie, la ligne offensive des Bengals a été incapable de neutraliser le front défensif des Rams à partir du troisième quart. Ce dernier a exercé de la pression jeu après jeu après jeu après jeu.

Joe Burrow a été victime de 7 sacs, un sommet dans l’histoire du Super Bowl, à égalité avec Roger Staubach. Le quart-arrière des Cowboys de Dallas s’était fait malmener par les Steelers de Pittsburgh en janvier 1976.

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Joe Burrow

Devant composer avec une incessante pression en deuxième demie, Burrow n’a pas été en mesure de réussir assez de « gros » jeux pour pouvoir l’emporter. Il a fini sa soirée avec 263 verges de gains (22 en 33) et une passe de touché, celle lancée à Higgins. Quant à la recrue Ja’Marr Chase, il a attrapé 5 passes pour 89 verges.

Le jeu au sol des Bengals a été plus efficace que celui des Rams, principalement Joe Mixon, qui a gagné 72 verges en 15 courses. Compte tenu de leur difficulté à protéger Burrow, on peut certainement se questionner sur leurs choix de jeux. Il aurait été préférable pour eux d’utiliser davantage la course. Parce que Mixon récoltait des gains intéressants et parce que cela aurait peut-être servi à ralentir le front défensif des Rams.

Quel avenir pour les Rams ?

Il est loin d’être assuré que Burrow et les Bengals seront de retour au Super Bowl, parlez-en à Aaron Rodgers et aux Packers de Green Bay, qui n’y sont jamais retournés depuis leur conquête d’il y a 12 ans. Cela dit, cette équipe devrait connaître sa part de succès au cours des prochaines années, elle qui a maintenant perdu les trois Super Bowls qu’elle a disputés.

L’avenir semble un peu plus nébuleux du côté des Rams. Au cours du week-end, l’entraîneur-chef Sean McVay et Donald ont tour à tour parlé de la possibilité de prendre leur retraite plus tôt qu’on l’anticipait. Le bloqueur à gauche et meneur de la ligne offensive Andrew Whitworth remisera probablement son casque dès cet hiver. Beckham fils pourrait devenir joueur autonome en mars.

Mais dans l’immédiat, les Rams savoureront un championnat gagné dans leur propre stade, comme ils rêvaient de le faire. Le propriétaire Stan Kroenke et l’organisation avaient misé gros et fort afin de remporter le Super Bowl au SoFi Stadium. Leur va-tout a fonctionné alors que Stafford, Miller et Beckham fils, avant de se blesser, ont tous largement contribué à leur victoire.

Qui ne risque rien n’a rien, et on a pu constater au cours des deux dernières années qu’une stratégie agressive pouvait parfois s’avérer très payante. Les Buccaneers de Tampa Bay et les Rams ont tous deux fêté sous les confettis sur leur propre terrain après avoir multiplié les acquisitions importantes.

On peut donc présumer que certaines équipes se montreront dorénavant beaucoup plus actives sur le marché des joueurs autonomes et sur celui des transactions. Le mois de mars devrait donc être passablement mouvementé.

Ils ont dit

Ces gars-là ont pris le contrôle du match et notre ligne offensive les a bien protégés. La course de Cam [Akers] en deuxième essai était aussi importante. Je suis tellement fier des gars. Nous sommes champions du monde !

Sean McVay, entraîneur-chef des Rams

Je ne sens pas que je le mérite. Je suis tellement reconnaissant par rapport aux gars qui m’entourent, aux entraîneurs, à ma famille. Je ne sais pas quoi dire.

Le receveur des Rams Cooper Kupp, nommé joueur par excellence du match

Je vais simplement profiter du moment présent avec mes enfants.

Le plaqueur défensif Aaron Donald, interrogé sur la possibilité qu’il prenne sa retraite

C’est le résultat d’heures de travail passées ensemble. Tu donnes le ballon à Cooper et il réussit des jeux. La défense a été incroyable et les unités spéciales ont fait les jeux au moment opportun.

Le quart Matthew Stafford, au sujet du touché de la victoire

J’affronte cette défense tous les jours à l’entraînement. Comment ne pas s’améliorer face à de tels joueurs ? Sean [McVay] fait un travail incroyable, c’est lui qui montre la voie à suivre.

Matthew Stafford