Dans une soirée ponctuée par un hommage à John Bowman, l’affrontement entre les Roughriders de la Saskatchewan et les Alouettes a été marqué par le jeu défensif, samedi soir. L’équipe des Prairies l’a emporté, 19-14, devant une maigre foule de 11 817 spectateurs qui avaient bravé la pluie au stade Percival-Molson.

Le fait saillant de la soirée pour les Alouettes ? L’entrée en scène de Trevor Harris, qui est venu en relève de Matthew Shiltz à la fin du troisième quart. Même s’il ne s’entraînait avec sa nouvelle équipe que depuis une semaine, le quart-arrière a mené une belle série de huit jeux sur 93 verges qui s’est terminée par un touché de 4 verges d’Eugene Lewis. Ce majeur ranimait tous les espoirs des Als alors qu’il ne restait que 1 min 26 s à jouer. Mais ce fut trop peu trop tard.

Que Khari Jones et les Alouettes aient procédé à un changement aussi rapidement démontre que Shiltz n’avait pas une grande marge de manœuvre… Même s’il n’avait pas joué un grand match jusque-là, Shiltz n’avait commis qu’une erreur majeure, la passe télégraphiée que Loucheiz Purifoy a interceptée. On pourrait même dire que c’est sa seule erreur majeure en trois départs depuis qu’il a remplacé Vernon Adams fils.

« C’était la décision de l’entraîneur. Je suis un compétiteur et je voulais jouer, mais je respecte la décision de Khari. Trevor nous a donné une chance de l’emporter en fin de match », a commenté Shiltz.

« Matt jouait en dépit de douleur, même s’il n’est pas du genre à en parler ouvertement », a noté Harris. « La décision reviendra aux entraîneurs à savoir qui jouera la semaine prochaine [à Winnipeg]. Matt a très bien fait depuis qu’il a remplacé Vernon et il joue avec beaucoup de cœur et d’assurance. »

« [Shiltz] traîne quelques blessures, mais je voulais effectuer un changement pour changer l’allure du match et parce que je sentais que notre attaque ne produisait pas suffisamment. S’il avait été en parfaite santé, je l’aurais peut-être laissé jouer un peu plus longtemps », a expliqué Jones.

L’entraîneur-chef a par ailleurs indiqué qu’il savait déjà qui serait son quart-arrière, samedi prochain, face aux puissants Blue Bombers, mais n’a pas voulu l’annoncer. Attendez-vous à ce que ce soit Harris.

Il a complété 12 de ses 15 passes pour 123 verges et un touché et il en a sûrement assez fait pour convaincre les décideurs du club de lui donner les clés de l’attaque.

La ligne offensive malmenée

Dans la plupart de ses matchs, la ligne offensive des Alouettes a très bien fait cette saison. Ça n’a toutefois pas été le cas du tout contre les Roughriders, qui ont réussi cinq sacs, en plus de limiter William Stanback à 80 verges de gains en 19 courses.

Le garde Philippe Gagnon était absent en raison d’une blessure à une jambe, la recrue Patrick Davis disputait son premier match en carrière au centre et le bloqueur à gauche Tony Washington jouait en dépit d’une blessure à un genou. Le vétéran a connu beaucoup de difficultés, samedi soir. Dans les circonstances, une contre-performance n’avait rien d’étonnant.

Les deux meilleurs receveurs des Als ont connu une soirée plutôt tranquille. Lewis a capté cinq passes pour 54 verges et Jake Wieneke en a saisi trois pour 34 verges. Mais la grande majorité de leurs attrapés ont été réussis lorsque Harris a remplacé Shiltz, qui a réussi 7 de ses 13 passes pour 106 verges.

Décision douteuse

Comme ses joueurs, Khari Jones n’a pas connu sa meilleure soirée, lui non plus. Il a tenté sa chance lors d’un troisième essai avec une verge à franchir de sa ligne de 29, une stratégie qui a échoué. Les Riders ont vite inscrit un placement, alors qu’ils ne menaient que par deux points, 16-14, avant que les Alouettes ne tentent un botté court en fin de match…

Ces trois points essentiellement gratuits se sont donc avérés fort coûteux.

Le botté court en question a été tenté alors qu’il restait encore 1 min 26 s au cadran, ce qui est somme toute beaucoup de temps au football canadien puisque le cadran s’arrête après chaque jeu dans les trois dernières minutes de jeu. Jones regrettait d’ailleurs sa décision.

« Si je pouvais la reprendre, je ne ferais pas la même chose. Je l’ai dit à nos joueurs, c’était une erreur de ma part », a admis Jones.

Bowman : une cérémonie « ordinaire »

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

La carrière de John Bowman avec les Alouettes a été soulignée après la première demie au stade Percival-Molson.

Après la première demie, les Alouettes ont célébré la grande carrière de John Bowman, présentant un montage vidéo de certains de ses plus beaux jeux, puis un autre de témoignages d’anciens coéquipiers de l’ailier défensif. Curieusement, seuls Étienne Boulay et Luc Brodeur-Jourdain ont donné des témoignages… en français ! Ni Anwar Stewart, ni Ben Cahoon, ni Marc Trestman, ni Anthony Calvillo ne l’ont fait… Étrange.

Bowman a pris le temps de remercier la foule et s’est adressé à elle en français au grand plaisir des partisans. De la grande classe, ce John. Mais il n’est certainement pas assez à l’aise en français pour avoir compris ce que Boulay et Brodeur-Jourdain lui disaient.

Les Alouettes auraient besoin d’un discours enflammé de leur ancien chasseur de quart actuellement. Ils avaient gagné leurs quatre matchs précédents, certes, mais la défaite de samedi leur fait très mal au classement. Ils ont glissé du premier au troisième rang de la division Est et affronteront maintenant les Blue Bombers lors de leurs deux prochains matchs, une équipe qui a gagné ses neuf derniers matchs.

Les probabilités que les Als disputent un match éliminatoire à domicile sont nettement plus faibles qu’elles ne l’étaient avant leur rencontre contre les Riders. Et pour les finances de l’équipe, ce n’est pas rien.