Luc Brodeur-Jourdain avait la voix quelque peu éraillée en se présentant au micro, mardi, au terme de la troisième journée du camp d’entraînement des Alouettes. Un mal pour un bien dans son cas, si on veut.

Devenu adjoint à l’entraîneur de la ligne offensive au terme de sa carrière de joueur durant la saison 2019, l’ancien centre est désormais responsable de cette unité. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas tardé à imposer son style et à faire sa marque auprès de ses ouailles.

Il y a en effet quelque chose de curieusement captivant dans le fait de le voir à l’œuvre depuis le début de ce camp. En communication constante avec ses joueurs, il prend soin d’exécuter lui-même chaque exercice qu’il leur demande de faire. Au besoin, il s’adresse à un joueur individuellement pour lui fournir des explications plus précises. Il est toujours directement impliqué dans l’action.

Pas étonnant, donc, que la voix finisse par lui manquer après deux séances d’entraînement.

« Dès que tu es un pédagogue, que tu essaies de démontrer ou partager tes connaissances, tu te dois de le faire avec passion, entrain, enthousiasme et avec un sourire. Et démontrer à quel point c’est important pour toi », décrit Brodeur-Jourdain.

Remarquez que l’ex-numéro 58 faisait déjà figure de coach auprès de ses coéquipiers de la ligne offensive avant de troquer son casque et ses épaulettes pour une casquette et un sifflet. Mais pour s’assurer de transmettre sa science de manière efficace comme entraîneur, encore faut-il se préparer en conséquence. À cet égard, Brodeur-Jourdain a fait ce qu’il fallait, et bien plus encore.

Pour vous donner une idée, sachez qu’afin de commencer son nouvel emploi du bon pied, il a visionné les enregistrements de chacun des entraînements des Oiseaux depuis… 2011. Ajoutez à cela d’innombrables rencontres avec ses collègues entraîneurs et vous comprenez que Brodeur-Jourdain est resté drôlement occupé malgré la saison 2020 annulée.

« J’ai vu des choses que j’aimais, d’autres que je n’aimais pas. En termes de formation personnelle, j’essaie de continuer dans cette veine. De m’instruire et, aussi, de développer mes propres idées », explique-t-il.

Près de ses joueurs

Voilà donc Brodeur-Jourdain en train de diriger des joueurs qui, il y a deux ans à peine, étaient ses voisins de casier dans le vestiaire des Moineaux. Qu’importe, malgré son nouveau rôle, la relation entre eux n’est pas près de changer.

« Il faut juste l’écouter un peu plus ! », lance Kristian Matte en riant.

Le vétéran garde, un coéquipier de longue date de Brodeur-Jourdain, considère d’ailleurs qu’il arrive comme pilote de la ligne offensive à point nommé.

« Il comprend notre situation. Il n’a pas d’opinion déjà faite sur tout. C’est un gars qui est prêt à écouter ce qu’on constate de notre côté. Sur le plan de l’intelligence football, je ne pense pas qu’il y en a un qui en ait plus que lui », signale-t-il.

Souvent, des entraîneurs qui ont un peu plus d’expérience ont tendance à penser que tout le monde comprend déjà et à aller un peu vite. Luc est quelqu’un qui veut ce qu’il y a de mieux pour tous les joueurs.

Kristian Matte

Matte n’hésite pas à vanter les vertus de cette proximité de Brodeur-Jourdain avec ses joueurs, qui font de lui ce que les Ouzbeks appellent communément le players coach par excellence. Une étiquette qui fait la fierté de celui-ci.

« En tant qu’entraîneur, la dynamique que je veux avoir, c’est une relation personnelle avec mes joueurs, fait-il valoir. Je ne veux pas être l’entraîneur qui dit que c’est une business. Ce n’est pas une business, selon moi. »

« Quand tu joues au football, c’est parce que tu aimes ce sport et que tu veux le pratiquer le plus longtemps possible, enchaîne Brodeur-Jourdain. Et ce que tu construis à travers ton expérience, ce sont des relations humaines et durables, pas juste des signes de piastre. »

Brodeur-Jourdain est cependant réaliste : il sait bien que le jour viendra où il devra prendre des décisions « déchirantes » et annoncer, par exemple, qu’un des joueurs qu’il dirige actuellement ne fait plus partie des plans de l’équipe.

« Ce sera difficile, mais je pense que je suis quelqu’un qui est capable d’être transparent. Je suis aussi quelqu’un d’intègre et j’estime que je serai capable d’approcher ces scénarios de la bonne façon », assure-t-il.

D’ici là, espérons pour lui qu’il aura retrouvé sa voix à temps pour la prochaine séance d’entraînement.

Quan Bray sera au camp

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Quan Bray

Le receveur Quan Bray, placé sur la liste des joueurs suspendus la semaine dernière, participera finalement au camp d’entraînement. Il est actuellement en quarantaine à Montréal et rejoindra ses coéquipiers la semaine prochaine. Bray devait d’abord régler des problèmes de visa pour entrer au pays. Rappelons que l’Américain de 28 ans compose avec des démêlés judiciaires depuis qu’il a été arrêté, en compagnie d’autres individus, alors qu’il se trouvait à bord d’un véhicule qui contenait 157 livres de cannabis.