Jake Wieneke a fait toute une entrée en matière dans la Ligue canadienne de football en 2019. Recrue par excellence dans l’Est, le receveur de passes de 25 ans s’est avéré un rouage important de l’attaque des Alouettes de Montréal.

Malgré tout, il ignore quel rôle il occupera en 2020 : receveur clé de l’attaque montréalaise ou enseignant suppléant dans une école du Minnesota ?

Diplômé à titre d’enseignant en éducation physique de l’Université South Dakota State, Wieneke a arrondi ses fins de mois à titre de suppléant dans un « middle school » de Brooklyn Park, au Minnesota.

« J’ai eu la chance de travailler avec des jeunes de sixième, septième et huitième années. C’est à 15 minutes de la maison, a-t-il dit de son domicile de Maple Grove, au cours d’une téléconférence mise sur pied par les Alouettes, vendredi. C’est une amie de la famille qui est en congé de maternité et j’ai pu la remplacer pendant six semaines. C’était une super expérience.

« J’ai aimé côtoyer ces jeunes. D’avoir une si longue période avec eux, d’apprendre à les connaître, ça a été très amusant », a-t-il ajouté.

Son gagne-pain s’est tari quand la pandémie de COVID-19 a forcé la fermeture de toutes les écoles du Minnesota, comme bien d’autres endroits sur la planète. Il se compte chanceux que sa conjointe, son fils d’un mois et lui puissent vivre chez ses parents, où il n’a pas à se soucier de payer le loyer.

Mais Wieneke aimerait mieux être sur le terrain pour confirmer sa place au sein du groupe de receveurs des Alouettes, ce qui lui garantirait ainsi un salaire pour 2020, sa dernière année de contrat. Il est confiant que c’est ce qu’il pourra faire bientôt.

« Nous ne savons pas ce qui va se passer, mais il faut être prêt à toute éventualité. J’ai bon espoir que nous aurons une saison, a-t-il souligné. C’est difficile de ne pas savoir ce qui s’en vient ; quand nous allons commencer. Mais nous avons hâte de jouer.

« Je cherche toujours le positif dans tout. Je vois les choses ici, au Minnesota, et dans le reste des États-Unis revenir à la normale. Je ne sais pas exactement ce qui se passe au Canada, mais il me semble qu’on doit aussi s’en aller dans la bonne direction. Je suis prêt pour cette saison », a assuré le principal intéressé.

Reste à voir si la ligue et l’Association des joueurs sauront s’entendre sur les modalités du calendrier 2020. Jusqu’ici, comme tout le monde, Wieneke est dans le noir.

« Ça peut être frustrant. […] J’ai des amis dans d’autres ligues, dont la NFL, et ils semblent avoir un plan de match plus précis, a-t-il rappelé. Je crois par contre que nous aurons ce genre de plan dans la LCF.

« Il y a deux semaines environ, nous avons eu une téléconférence. Nous avons beaucoup discuté du fait que nous ne savons pas vraiment ce qui se passe. Mais il semble que la ligue et l’Association des joueurs travaillent très fort pour qu’il y ait une saison. Ce sont les dernières nouvelles que j’ai eues », a-t-il résumé.

En attendant, Wieneke s’entraîne quotidiennement et apprend son nouveau rôle de père. S’il ne s’en fait pas trop pour sa santé une fois que les activités de la LCF reprendront — si elles reprennent —, c’est pour ses proches qu’il ressent un brin d’inquiétude.

« J’y pense, car il y a des précautions à prendre. J’ai entendu parler d’athlètes ayant contracté le virus, mais pas beaucoup d’athlètes ayant été sévèrement atteints par la maladie. Ce n’est donc pas une grande inquiétude pour moi, mais je ne veux pas mettre des membres de ma famille ou des gens avec qui je suis en contact en danger », a-t-il dit.

George Floyd

Maple Grove n’est qu’à quelques minutes de Minneapolis, et Wieneke a bien sûr été interpellé par le meurtre de George Floyd et les évènements qui ont suivi. Il est d’ailleurs allé visiter le mémorial érigé à sa mémoire.

« Ça fait environ un mois que tout ça est arrivé et je pense que beaucoup de bien en est ressorti. Évidemment, il y a eu beaucoup de divisions au départ, mais il y a des manifestations pacifiques maintenant et il y a un vent de changement qui souffle depuis quelques semaines », a-t-il tenu à souligner.

« C’était fou au départ. Les gens pillaient les commerces et il y avait du grabuge. Maintenant, les gens manifestent pacifiquement et veulent vraiment faire changer les choses. […] Ce sont des gens de toutes les origines qui se réunissent pacifiquement pour apporter du changement », a-t-il évoqué.

Wieneke a beaucoup parlé de ces évènements avec ses coéquipiers, notamment Vernon Adams fils. Il dit se sentir d’autant plus interpelé que sa conjointe est d’origine afro-américaine.

« Je réalise que mon fils grandira dans ce monde en tant qu’homme noir. George Floyd, ça pourrait être mon fils plus tard, a-t-il dit. Ça fait en sorte que ces évènements, je les vis de façon plus personnelle. »