Ce n’est pas Carson Wentz qui a gagné le Super Bowl des Eagles, c’est bien vrai. On ne saura jamais s’ils auraient mis la main sur le premier trophée Lombardi de leur histoire, n’eût été le flegme de Nick Foles dans les moments corsés, surtout en finale contre Tom Brady et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Cela dit, c’est le brio de Wentz au cours des trois premiers mois de la saison qui avait si bien positionné les Eagles avant cette conquête. Après le match dans lequel Wentz s’était blessé à un genou, les Eagles avaient une fiche de 10-1. Wentz avait déjà lancé 33 passes de touché et seulement 7 interceptions à ce moment, et il montrait un solide coefficient d’efficacité de 101,9.

Même après que Foles eut mené les Eagles à la terre promise, une seule décision s’imposait dans l’esprit d’une très grande majorité de gens : c’est Foles qui devait quitter les Eagles, pas Wentz. Remis de sa blessure à un genou, Wentz allait être le quart partant et le visage des Eagles pour les 15 années suivantes. Foles, lui, était un réserviste de luxe, mais était trop inconstant pour être le quart partant du club à long terme. Ceux qui ne voyaient pas les choses de cet angle étaient l’infime minorité.

Qui plus est, les Eagles avaient sacrifié des choix à la pelle afin de pouvoir repêcher Wentz. En retour du deuxième choix du repêchage de 2016, qui allait être utilisé pour sélectionner Wentz, et d’un choix de cinquième tour en 2017, les Eagles avaient envoyé le huitième choix de 2016, des choix de troisième et de quatrième tour la même année, de même que leur premier et leur deuxième choix en 2017 aux Browns de Cleveland. Très cher payé.

Foles a joué une dernière année à Philadelphie avant de signer un contrat comme joueur autonome avec les Jaguars de Jacksonville en mars 2019. Il n’a presque pas joué avec les Jaguars, qui l’ont échangé aux Bears de Chicago un an plus tard.

PHOTO CHUCK COOK, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Après avoir aidé les Eagles de Philadelphie à mettre la main sur le trophée Lombardi, Nick Foles a été mis de côté au profit de Carson Wentz.

Qu’auraient obtenu les Eagles en retour de Wentz s’ils avaient décidé de plutôt garder Foles ? Wentz n’avait que deux saisons derrière lui à cette époque et n’était âgé que de 25 ans. Il y a certainement une équipe qui aurait accepté de payer le gros prix pour l’obtenir.

Évidemment que c’est facile à dire trois ans plus tard… Il y a tout de même un élément important dans cette histoire. En janvier 2019, le PhillyVoice avait rapporté que Foles était beaucoup plus apprécié de ses coéquipiers que ne l’était Wentz. Que Wentz était considéré comme un joueur égoïste, incapable de faire des compromis, et qui donnait des traitements de faveur à certains de ses coéquipiers.

Il est important de préciser que les joueurs qui avaient dit ces choses l’avaient fait anonymement. Mais avec le recul, il est indéniable que les Eagles n’ont plus jamais joué avec la même passion et le même enthousiasme depuis leur championnat avec Foles. Même pas proche.

Pas le seul problème

Dans les deux saisons qui ont suivi l’année du Super Bowl, Wentz a de façon générale assez bien joué. Il a totalisé 48 passes de touché et 14 interceptions en 2018 et 2019 avec des coefficients d’efficacité de 102,2 et 93,1. Il n’était pas tout à fait aussi bon qu’avant sa blessure, mais il semblait tout de même se diriger vers une très bonne carrière.

Les choses ont complètement changé cette année. Dire que le jeu de Wentz a régressé ne serait pas assez fort. Il est méconnaissable comparativement au quart qu’il était à ses premières saisons et les statistiques le confirment : 16 touchés, 15 interceptions et un coefficient de 73,4.

Les Eagles ont perdu leurs trois derniers matchs et n’ont inscrit que 17 points dans chacun de ceux-ci.

Il faut dire que les difficultés de Wentz s’expliquent en partie par la qualité des joueurs qui l’entourent. La ligne offensive des Eagles a longtemps été l’une des plus efficaces de la NFL, mais ce n’est plus le cas du tout. Jason Peters et Jason Kelce sont en fin de carrière, alors que Brandon Brooks et Lane Johnson sont blessés et ne joueront plus en 2020.

Wentz a déjà été victime de 46 sacs, le plus haut total de la ligue. Bien qu’il conserve le ballon trop longtemps beaucoup trop souvent, le jeu des bloqueurs devant lui y est également pour beaucoup dans cette statistique.

On observe une situation similaire chez les receveurs. Dans ses trois matchs depuis qu’il est de retour au jeu, Alshon Jeffery a attrapé deux passes pour 15 verges. DeSean Jackson et les ailiers rapprochés Zach Ertz et Dallas Goedert ont été blessés, eux aussi, et la révélation de l’équipe en première moitié de saison, Travis Fulgham, n’a capté que quatre passes pour 32 verges à ses trois dernières rencontres.

Bref, Wentz n’est pas le seul problème de l’attaque des Eagles. Il joue mal, certes, mais plusieurs maux rongent cette unité.

Pederson en danger ?

Cela fait déjà quelques semaines que Wentz se fait vertement critiquer par les partisans et les médias de Philadelphie. Choisi au deuxième tour du repêchage de cette année, Jalen Hurts devrait remplacer Wentz comme partant, selon eux.

Mais il y a un hic : Wentz a signé une prolongation de 128 millions pour quatre ans l’année dernière. Et selon le site spécialisé spotrac.com, une somme de près de 108 millions de cette nouvelle entente serait garantie…

Wentz n’est pas le seul membre des Eagles à se faire critiquer. Porté aux nues après sa victoire aux dépens de Bill Belichick au Super Bowl, Doug Pederson se fait de plus en plus souvent montrer du doigt. Son avenir avec l’équipe est même remis en question. Trois ans après avoir été encensé par à peu près tout le monde sur la planète football, Pederson ne semble plus assuré de rien.

Ce qui semble de plus en plus clair, c’est que Pederson et les Eagles ont grandement bénéficié de la présence de Frank Reich lorsqu’il était leur coordonnateur offensif. Reich fait aujourd’hui du très bon boulot à la barre des Colts d’Indianapolis. Il était probablement plus important pour le succès des Eagles qu’on le croyait à l’origine.

Rien n’est encore joué dans la ridicule division Est de la Nationale. Les Eagles pourraient se classer pour les éliminatoires avec six ou sept victoires, eux qui ont actuellement une fiche de 3-7-1. Mais vu la façon dont ils jouent depuis le début de la saison, ils ne veilleraient pas tard même s’ils réussissaient à se faufiler dans le tournoi. Ils ont trop de faiblesses.

Wentz sera-t-il de retour avec l’équipe en 2021 ? Y a-t-il une organisation qui prendrait le risque de l’obtenir dans un échange ? Pederson conservera-t-il son poste ?

Ce sont des questions auxquelles les Eagles devront répondre dans les prochains mois. Des questions qui auraient franchement paru inimaginables il y a un an ou deux.

Les prédictions de Miguel Bujold

La Nouvelle-Orléans c. Atlanta : La Nouvelle-Orléans

Detroit c. Chicago : Chicago

Cleveland c. Tennessee : Tennessee

Cincinnati c. Miami : Miami

Jacksonville c. Minnesota : Minnesota

Las Vegas c. Jets de N.Y. : Las Vegas

Indianapolis c. Houston : Indianapolis

Rams de L.A. c. Arizona : Arizona

Giants de N.Y. c. Seattle : Seattle

Philadelphie c. Green Bay : Green Bay

Nouvelle-Angleterre c. Chargers de L.A. : Nouvelle-Angleterre

Denver c. Kansas City : Kansas City

Washington c. Pittsburgh : Pittsburgh

Buffalo c. San Francisco : Buffalo

Dallas c. Baltimore : Baltimore

La semaine dernière : 10-4
Total de la saison : 111-53-1

TROIS MATCHS À NE PAS RATER

CLEVELAND c. TENNESSEE, DIMANCHE, 13 h

PHOTO DAVID RICHARD, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Nick Chubb, porteur de ballon des Browns de Cleveland

Ce match sera une nouvelle occasion pour les Browns de démontrer qu’ils peuvent vaincre des équipes de bon calibre. Victorieux à leurs trois dernières parties, les Browns s’appuient sur leur jeu au sol comme peu d’autres équipes dans le circuit le font. Nick Chubb (719 verges au sol et moyenne de 6,3 par course) et Kareem Hunt (706 et 4,5) pourraient tous deux terminer la saison avec 1000 verges par la course. Du côté des Titans, c’est un seul porteur qui est sollicité la grande majorité du temps, mais c’est le meilleur de la ligue. Après une séquence de quelques matchs un peu plus ordinaires, Derrick Henry a totalisé 311 verges au sol et quatre touchés à ses deux derniers.

RAMS DE L.A. c. ARIZONA, DIMANCHE, 16 h

PHOTO RICK SCUTERI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

DeAndre Hopkins a mis fin au match face aux Bills de Buffalo le 25 octobre en réalisant un incroyable attrapé dans les derniers instants de la rencontre.

Si les Cardinals subissent un quatrième revers à leurs cinq derniers matchs, une participation en séries qui semblait très probable ne le sera plus du tout. La seule victoire de l’équipe depuis le 25 octobre a été remportée grâce à un touché miraculeux de DeAndre Hopkins dans les derniers instants du match contre Buffalo, rappelons-le… Ce même Hopkins devrait être étroitement marqué par le demi de coin Jalen Ramsey, dimanche après-midi. Une confrontation individuelle qui devrait être aussi intéressante que déterminante. Afin de demeurer dans la course pour le premier rang de leur division, qui est actuellement détenu par les Seahawks, les Rams ne peuvent quant à eux pratiquement pas se permettre de perdre ce match. Ils ont déjà une victoire de moins que les Seahawks, qui affronteront les Giants, dimanche.

BUFFALO c. SAN FRANCISCO (en Arizona), LUNDI, 20 h 15

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le quart-arrière des Bills de Buffalo Josh Allen pourra-t-il faire mal paraître les 49ers de San Francisco dimanche ?

Les 49ers n’ont jamais abdiqué en dépit de tous leurs blessés, ce qui est tout à leur honneur. Et s’ils battent les Bills, les champions en titre de la Nationale seront de retour au plus fort de la course pour une place de meilleurs deuxièmes donnant accès aux séries. Josh Allen s’est amélioré de façon exponentielle depuis son arrivée dans la NFL, mais son jeu souffre encore d’inconstance. La preuve, c’est qu’à ses six dernières sorties, le quart-arrière a lancé pour 307, 415 et 284 verges dans trois de celles-ci, et pour 157, 154 et 122 dans les trois autres. Les Bills, qui affronteront notamment les Steelers et les Patriots en décembre, n’ont qu’une victoire de plus que les Dolphins au sommet de l’Est de l’Américaine, alors rien n’est joué. Ces deux formations termineront la saison régulière l’une contre l’autre, le 3 janvier, à Buffalo.