Congédié en novembre 2016 par les Alouettes, Jim Popp était de retour au Québec afin de participer aux réunions hivernales de la Ligue canadienne, la semaine dernière, à Mont-Tremblant. Le DG des Argonauts de Toronto a toutefois raconté qu'il venait dans la grande région montréalaise assez régulièrement.

«Je visite mes endroits préférés sans m'annoncer. Lorsque nous [les Argonauts] avons joué à Montréal au cours des deux dernières années, je faisais du recrutement dans des camps de la NFL. Mais je suis revenu à Montréal à plusieurs reprises», a raconté Popp.

Directeur général des Alouettes durant 21 saisons (de 1996 à 2016), Popp est parti en coup de vent lorsqu'il a appris que l'équipe avait décidé de mettre un terme à leur association. Quelques mois plus tard, les deux parties se sont retrouvées devant les tribunaux en raison d'un différend contractuel.

«J'ai communiqué avec Bob Wetenhall [le propriétaire de l'équipe] depuis mon départ. Pas beaucoup, mais un peu. C'était cordial. Certaines décisions ont été prises et les choses ne se sont pas très bien terminées, mais j'ai tourné la page.»

De l'avis de la majorité, le moment d'effectuer un changement au poste de DG était venu lorsque les Alouettes ont congédié Popp. Il n'en demeure pas moins que l'équipe n'a jamais été aussi mauvaise que depuis son départ. Si Popp ne faisait pas l'unanimité auprès des partisans et des médias montréalais, son successeur Kavis Reed la fait encore moins.

«Lorsque les gens me reconnaissent, que ce soit à Montréal, à Mont-Tremblant ou ailleurs, ils sont généralement gentils et respectueux avec moi. Je croise même des partisans des Alouettes en Ontario ou aux États-Unis, et ils me disent qu'ils s'ennuient de moi et que les dernières années ont été difficiles pour eux», a dit Popp.

«On a participé au match de la Coupe Grey à 8 reprises en 11 ans, c'était une dynastie. Mais on n'apprécie pas toujours pleinement les succès sur le coup. On gagnait presque toujours 12 ou 14 matchs par saison, alors quand on a eu des fiches de 9-9, ce n'était pas assez bon pour certains. Les gens ont peut-être été un peu trop gâtés.»

Le dossier Trestman

Malgré la mauvaise saison des Argonauts en 2018 (fiche de 4-14), le congédiement de l'entraîneur-chef Marc Trestman a étonné. Des rumeurs de dissension au sein de l'organisation ont circulé.

Contrairement à l'impression qu'il donne devant les caméras, Trestman peut être particulièrement incisif lorsque les portes sont closes. Plusieurs personnes dans l'organisation des Argonauts n'appréciaient pas toujours son approche, même si l'équipe a gagné la Coupe Grey en 2017.

«Ultimement, c'était une décision d'entreprise. On a jugé que c'était un changement qu'il fallait effectuer afin d'aller dans la direction qu'on souhaitait. Certaines choses se sont produites en arrière-scène, mais je ne vais pas en dire davantage.»

«Marc a vécu des épreuves dans sa vie personnelle au cours de la dernière année et ça n'a pas été facile pour lui. Il a perdu son père et il a dû jongler avec sa vie familiale et sa vie professionnelle. Ce n'est jamais agréable de devoir remercier une personne avec laquelle on a connu autant de succès, et c'est sans parler de l'amitié.»

Popp et Trestman ont fait équipe durant cinq saisons à Montréal et deux à Toronto. Ils ont remporté six championnats de division, ont participé à quatre finales et en ont gagné trois.

«Je lui ai parlé le soir de l'annonce [de son congédiement] et le lendemain, mais on n'a pas communiqué ensemble depuis ce temps. Ce genre de conversation n'est jamais facile, alors non, ce n'était pas très cordial. Personne n'est jamais heureux d'apprendre qu'il est congédié.»

C'est le vétéran de la LCF Corey Chamblin qui remplacera Trestman sur les lignes de côté.

«Il n'y a jamais d'excuses avec Corey. Il travaille avec les effectifs qui sont en place et il ne se plaint jamais de ne pas avoir tel ou tel joueur», a dit Popp.

La menace des nouvelles ligues

La toute première saison de l'Alliance of American Football (AAF) se mettra en branle le 10 février. L'an prochain, ce sera au tour de la XFL version 2.0 de commencer ses activités. De quel oeil Popp voit-il l'arrivée de ces deux nouveaux circuits?

«Nous [la LCF] ne sommes pas directement en compétition avec les ligues de printemps. Ce que ces ligues nous permettront de faire, c'est de bien évaluer certains joueurs. Toutes les équipes de la LCF ont envoyé un ou des dépisteurs au camp d'entraînement de l'Alliance à San Antonio, et cette dernière fera la même chose à nos camps. L'AAF sera essentiellement les ligues mineures de la NFL, un peu comme l'était jadis la NFL Europe.»

Popp doute fortement que les deux nouvelles ligues obtiennent beaucoup de succès auprès des amateurs de football.

«Y a-t-il assez de place pour toutes les ligues? Je ne crois pas. Il y a suffisamment de joueurs de talent à certaines positions, mais pas à d'autres, et le calibre s'en ressentira, selon moi.»

Photo Robert Skinner, La Presse

Kavis Reed et Jim Popp