Tom Brady est le roi des remontées en séries. Que ce soit ses deux dernières victoires au Super Bowl ou celle contre les Jaguars de Jacksonville lors de la finale de l'Association Américaine, aucun autre quart n'a effectué autant de remontées tard dans un match éliminatoire que Brady.

Brady n'est toutefois pas le seul avoir réussi l'exploit. Il y a eu autant de remontées d'au moins 10 points au quatrième quart dans les cinq dernières saisons que lors des 26 précédentes.

«Ce qui se produit c'est que plutôt que de jouer contre leurs adversaires, les équipes jouent contre le cadran. Parfois, tu arrives à gagner et d'autres fois, tu affrontes un quart comme Tom Brady et tu te brûles, a mentionné Reggie Wayne, l'ancien receveur étoile des Colts d'Indianapolis maintenant devenu analyste à la chaîne NFL Network. Ça revient surtout aux entraîneurs. Les joueurs vont effectuer les jeux que les entraîneurs leur proposent.»

Que ce soit l'incapacité des Falcons d'Atlanta de courir avec le ballon lors du dernier Super Bowl, aidant les Patriots à effacer un retard de 28-3 pour l'emporter en prolongation, ou la décision des Seahawks de Seattle d'effectuer une passe à la ligne des buts en 2015, des décisions douteuses des entraîneurs ont contribué à ces remontées.

Personne n'exploite mieux ces erreurs que Brady et les Patriots. Brady a remporté quatre matchs éliminatoires lorsqu'il tire de l'arrière par au moins 10 points au quatrième quart. Aucun autre quart n'a réussi plus d'une remontée dans ces conditions dans l'histoire des séries de la NFL.

«Il y a cette croyance qui fait en sorte que peu importe les circonstances, nous sommes capables de les surmonter, a affirmé le légendaire quart des Patriots. Nous ne voulons pas essayer de refaire l'exploit cette saison. C'était très difficile à accomplir. Nous espérons avoir l'avance et dicter le rythme.»

Les Patriots sont toutefois très à l'aise lorsqu'ils n'ont pas l'avance. Avec Brady et l'entraîneur-chef Bill Belichick, ils montrent un dossier de 6-6 en séries lorsqu'ils tirent de l'arrière après trois quarts alors que toutes les autres équipes de la NFL revendiquent une fiche de 27-140 pendant cette période. Seuls Russell Wilson et Eli Manning ont plus de deux remontées au quatrième quart, eux qui en comptent quatre chacun.

Ce n'est évidemment pas le plan souhaité.

«Ces remontées sont un peu surévaluées, a fait valoir l'analyste au NFL Network Willie McGinest, qui a remporté trois titres du Super Bowl en tant que coéquipier de Brady. Les joueurs peuvent dire qu'ils ont gagné de façon dramatique, mais tu veux toujours être en avance et contrôler la façon dont se déroule une partie.»

La cote d'efficacité en séries de Brady lorsqu'il tire de l'arrière au quatrième quart au cours des quatre dernières années s'élève à 121,2, comparativement à celle de 75,6 pour tous les autres quarts de la NFL.

Le plus important retard effacé pour gagner le Super Bowl était seulement de 10 points avant la remontée spectaculaire de l'an dernier. Les Patriots avaient d'ailleurs été la première équipe à surmonter un retard aussi important en deuxième demie lorsqu'ils ont réalisé l'exploit contre les Seahawks, il y a trois ans.

Les seules autres formations à avoir effacé un retard de 10 points pour gagner le Super Bowl avaient fait face à ce déficit au début du deuxième quart. Il s'agit des Saints de La Nouvelle-Orléans, contre les Colts en 2010, et les Redskins de Washington, contre les Broncos de Denver en 1988.

Aucun gros ego toléré

Le parcours impressionnant de Bill Belichick lui rend la tâche un peu plus facile lorsqu'il demande à ses joueurs de laisser leur ego de côté à leur arrivée avec les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Doug Pederson n'a pas trop eu de difficulté non plus.

Les Eagles de Philadelphie sont composés d'un noyau de joueurs qui priorise la victoire plutôt que les accomplissements personnels. C'est l'une des raisons qui expliquent pourquoi les Eagles croiseront le fer avec les Patriots au Super Bowl dimanche.

«C'est une équipe qui ne se soucie pas de celui qui a le ballon. Le but, c'est de remporter le match, a expliqué Pederson. Je n'ai pas eu à expliquer ce concept-là à mes joueurs bien longtemps.»

L'an dernier, Pederson a mené son équipe vers une saison de 7-9 lors de sa première année à la barre de l'équipe. Il a par la suite guidé les Eagles vers les hauts sommets du classement en quête du premier titre de la concession depuis 1960. Il a trouvé un moyen de fusionner une bande de jeunes joueurs avec un groupe de vétérans accomplis.

Les receveurs Alshon Jeffrey et Torrey Smith, les demi-offensifs LeGarrette Blount et Jay Ajayi, les ailiers défensifs Chris Long et Tim Jernigan, ainsi que les demi-défensifs Ronald Darby, Patrick Robinson et Corey Graham, ont rejoint les rangs de l'organisation cette saison.

«Je me souviens de m'être présenté en avril et d'avoir parlé du dernier rang de l'an dernier, de nos rêves, nos aspirations, s'est rappelé Malcolm Jenkins.

«Les gars jouent en équipe, nous avons ajouté des joueurs à notre formation en cours de route pour nous aider à pousser dans la bonne direction et chaque match que nous gagnions - même dans l'adversité - cette équipe a continué de croire de plus en plus en ses chances. C'est incroyable d'avoir l'opportunité de faire partie de cette aventure.»

Blount a mené la ligue avec 18 touchés par la course et a remporté sa deuxième bague du Super Bowl avec les Patriots la saison dernière. Il n'a pas touché au ballon du match face aux Chiefs de Kansas City, au premier tour des éliminatoires, et ne s'est pas plaint. Même chose pour Jeffery, qui est passé du receveur numéro un à Chicago à un receveur parmi tant d'autres à Philadelphie.

«Nous ne pourrions pas plus nous moquer de qui a le plus de portées ou le plus d'attrapés, a admis Blount. Nous avons tous le même objectif en tête. Nous avons tous cette chose que nous désirons plus que n'importe quoi. Tu ne peux pas être égoïste lorsque tout le monde autour de toi a le même but en tête parce que tu dois faire des sacrifices pour le bien de l'équipe. C'est ce que nous avons fait et ça nous a amené loin.»

Pederson a donné le ton et Carson Wentz l'a transmis à son équipe grâce à son attitude.

«C'est le gars le plus humble que j'ai rencontré, a souligné Pederson. Il donne tout ce qu'il a à l'équipe.»

La transition n'a pas été trop brutale lorsque Nick Foles a repris les rênes de l'équipe suite à la blessure de Wentz. Foles est également un leader respecté dans le vestiaire qui prêche par l'exemple. Ce n'est pas une coïncidence puisque les Eagles cherchent ce genre de joueur.

Les Eagles constituent l'une des équipes les plus tissées serrées de tout le circuit, chose qui demeure très rare à travers la ligue selon Fletcher Cox.

Si les Eagles mettent la main sur quelques championnats, peut-être que le mode de fonctionnement de Pederson deviendra similaire à celui de Belichick et les Patriots. Mais ils devront d'abord remporter le premier de leur lignée, dimanche.