La chose relevait quasiment de l'utopie après la première moitié de la saison. Mais aujourd'hui, elle semble plus que jamais possible. Après avoir vivoté dans la cave du classement de la LCF, les Alouettes pourraient maintenant s'emparer du premier rang de la division Est.

Il n'y a pas si longtemps, les Moineaux présentaient une fiche désastreuse de 2-7 et rien ne permettait de croire qu'il y avait une lumière au bout du tunnel. Les motifs d'inquiétude étaient nombreux, surtout au sein de l'attaque, qui peinait à inscrire un seul touché.

Une situation qu'on peut attribuer en grande partie au renvoi du coordonnateur offensif Rick Worman après neuf jours de camp d'entraînement, puis la promotion en catastrophe de Ryan Dinwiddie dans ce rôle.

«Au début de l'année, il y avait tellement de façons de faire différentes en attaque. Nous n'avions pas de règles établies. Ryan Dinwiddie n'y est vraiment pour rien. Il a hérité d'un gâchis», rappelle à ce sujet le receveur Brandon London.

Or, voilà que l'équipe vient de remporter cinq de ses six derniers matchs. Lundi, elle a inscrit 40 points - un sommet cette année - contre les champions en titre de la Coupe Grey. Avec quatre rencontres à disputer d'ici la fin de la campagne et une triple égalité en tête de l'Est avec les Argonauts de Toronto et les Tiger-Cats de Hamilton, tous les espoirs sont maintenant permis pour les Als.

Quand on demande à London ce qui est à l'origine de ce revirement de situation, il mentionne l'arrivée de James Rodgers et le retour à la santé de Bear Woods en défense. Il parle aussi d'un changement d'«attitude» chez l'unité offensive.

«Nous faisons un meilleur travail pour établir nos standards chaque jour, explique-t-il. S'il y a un entraînement où on laisse tomber plusieurs ballons, on ne fait pas qu'en rire et se dire que ça ira mieux la prochaine fois. Nous avons recommencé à nous imposer des sanctions, à nous transporter à un niveau supérieur et à étudier quand on rentre à la maison.»

L'influence de Jeff Garcia

Mais surtout, London rend hommage aux pilotes de l'attaque, soit Dinwiddie, l'entraîneur des receveurs Turk Schonert et l'entraîneur des quarts Jeff Garcia, envers qui il se montre particulièrement élogieux.

«Le fait d'avoir Jeff Garcia ici a vraiment aidé Jonathan Crompton et tous les autres quarts, fait-il valoir. Vous pouvez voir de quelle manière Crompton et l'attaque s'améliorent de semaine en semaine. Peu importe ce que Garcia, Schonert et Dinwiddie conçoivent comme jeux, les choses fonctionnent en ce moment.»

Bien qu'il apprécie le compliment, Garcia refuse de se considérer comme le grand responsable de cette renaissance offensive, préférant souligner le travail de l'ensemble des entraîneurs.

«Ce que j'amène à la table, c'est une expérience positive et un désir de compétitionner, de m'améliorer et de faire de mon mieux. Et ça, c'est contagieux. Quand vous amenez ce genre d'attitude et de personnalité, comme le font à mon avis tous les entraîneurs, les joueurs sont preneurs. Et quand ils sont preneurs de votre système, vous récoltez alors les fruits des joueurs qui jouent du bon football.»

Garcia a beau se montrer humble, c'est quand même sous sa gouverne que Crompton est sorti d'un anonymat relatif pour devenir le quart partant des Als, contre toute attente. Il n'a peut-être pas des statistiques à tout casser, mais il réussit le plus important: gagner.

«Jonathan suscite une énergie et un enthousiasme sur le terrain, note Garcia. Il ne laisse pas une erreur le tourmenter. Il ne laisse pas un mauvais jeu le dévorer vivant. Il faut avoir la couenne dure, être capable de passer par-dessus ses erreurs et d'en tirer des leçons. C'est ce que je vois en Jonathan.»

Mais malgré tous ces signes encourageants, Brandon London se garde bien de crier victoire prématurément.

«Nous sommes encore en mission. Nous devons encore conclure ce périple. Ce que je peux dire, c'est que nous nous plaçons en bonne position pour terminer ce qu'on a commencé et nous sortir du trou que nous nous étions creusé», résume-t-il.