Joe Paterno, le légendaire entraîneur-chef des Nittany Lions de l'Université Penn State qui a remporté plus de matchs que quiconque au football universitaire américain mais qui a été congédié à la suite d'un scandale sexuel qui a sali sa réputation, est décédé dimanche à l'âge de 85 ans.

Sa famille a émis un communiqué dimanche matin confirmant son décès: «Sa perte laisse un vide dans nos vies qui ne sera jamais comblé».

«Il est mort comme il a vécu», a précisé le communiqué. «Il s'est battu jusqu'au bout, est demeuré positif, n'a jamais cessé de songer aux autres et a constamment rappelé la chance qu'il avait eue de vivre cette vie. Ses ambitions étaient très élevées, et il n'a jamais crû qu'il devait quitter cette vallée pour les atteindre. Il était dévoué à sa famille, à son université, à ses joueurs et à sa communauté.»

Paterno a bâti un programme fondé sur le «succès et l'honneur», et il a atteint ces deux objectifs. L'homme surnommé «JoePa» a remporté 409 matchs et mené les Nittany Lions à 37 titres de bowls américains et deux championnats nationaux. Plus de 250 joueurs qui sont aujourd'hui dans la NFL ont été dirigés par Paterno.

«Il sera reconnu comme étant le plus grand entraîneur de football de l'histoire, a déclaré l'entraîneur-chef de l'Université Ohio State Urban Meyer à propos de son ancienne équipe, les Gators de l'Université de la Floride, qui ont vaincu Penn State 37-24 lors du Outback Bowl en 2011.

Le fils de Paterno, Scott, a déclaré le 18 novembre que son père avait été traité pour un cancer du poumon. Le cancer a été diagnostiqué durant une visite de routine suite à une vilaine bronchite. Quelques semaines après cette révélation, Paterno s'est fracturé le pelvis après une chute, mais n'a pas requis d'opération.

Paterno était sous observation à l'hôpital depuis le 13 janvier, pour ce qui était qualifié par les membres de sa famille de «complications mineures» relatives aux traitements de chimiothérapie. Peu de temps auparavant, il avait accordé sa seule entrevue depuis qu'il avait perdu son emploi, au quotidien Washington Post. Paterno a été décrit comme étant frêle, s'exprimant en murmurant et portant une perruque. La deuxième moitié de l'entrevue qui s'est déroulée sur deux jours a été réalisée à son chevet.

«Comme l'ont démontré les 61 dernières années, Joe a eu tout un impact», pouvait-on lire dans le communiqué de la famille. «L'impact a été ressenti et apprécié par notre famille, et s'est traduit par des milliers de lettres d'encouragement et d'innombrables gestes de bonté des gens dont la vie a été touchée par lui. C'est également évident si on considère les milliers d'étudiants-athlètes qui ont connu du succès et qui ont multiplié cet impact en s'installant à travers le pays.»

Les derniers jours de la carrière de Paterno à Penn State ont été les plus difficiles de sa carrière de 61 ans là-bas, et de ses 46 saisons à titre d'entraîneur-chef d'une équipe de football.

Ce fut principalement en raison du statut de demi-dieu de Paterno - il disposait d'une réputation plus impressionnante que tous ses joueurs et était l'un des entraîneurs les plus connus tous sports confondus - que sa chute a été si brutale. Durant une semaine trépidante tôt au mois de novembre, Paterno s'est retrouvé dans un scandale qui l'a forcé à démissionner, parce qu'il n'a pas dénoncé à la police en 2002 le fait qu'une jeune garçon ait été agressé sexuellement à l'intérieur des murs du complexe de football de l'Université Penn State.

«J'ignorais où donner de la tête... et plutôt que de me retrouver là et de faire une erreur», a-t-il dit en entrevue au Post.

Jerry Sandusky, l'ex-coordonnateur défensif qui devait remplacer Paterno avant qu'il annonce sa retraite en 1999, a été accusé d'avoir agressé sexuellement 10 garçons de plus de 15 ans. Deux dirigants de l'université ont démissionné après qu'ils eurent été accusés de parjure à la suite d'une enquête sur Sandusky. L'attention s'est cependant rapidement centrée sur des allégations de viol qui aurait eu lieu dans les douches du complexe de football, où l'adjoint de l'époque Mike McQueary aurait été témoin des gestes reprochés.

McQueary a témoigné en déclarant qu'il avait vu Sandusky attaquer un garçon et qu'il avait confié cette histoire à Paterno, qui a attendu une journée avant d'alerter les autorités. Les policiers n'ont jamais été appelés et le shérif de l'État a indiqué que Paterno avait échoué à remplir ses responsabilités en ne contactant pas les policiers.

«Vous savez, (McQueary) ne voulait pas verser dans les détails, a commenté Paterno au Post. Et pour être franc avec vous j'ignore si ç'avait été une bonne chose, parce que je n'ai jamais entendu parler de, de viol et d'un homme. En conséquence, j'ai fait ce que j'estimais être la bonne chose. J'ai parlé à des gens bien placés auxquels je croyais, s'il y avait un problème, qu'ils agiraient de bonne foi.»

Le matin du 9 novembre, Paterno a déclaré qu'il annoncerait sa retraite après la saison 2011. Il a ajouté qu'il était «totalement dévasté» par cette histoire d'agression.

«C'est une tragédie», a déclaré l'entraîneur. «C'est l'un des grands regrets de ma vie. Si je pouvais revenir en arrière, j'aurais aimé pouvoir faire plus.»