(Paris) « Je l’ai ! Je pense que je l’ai, le maillot blanc ! »

Avec l’Arc de triomphe en arrière-plan, Simone Boilard était extatique dans l’aire d’arrivée sur les pavés brûlants des Champs-Élysées, dimanche après-midi.

Une à une, ses coéquipières françaises de l’équipe St-Michel-Auber93 lui tombaient dans les bras, quelques secondes après la fin de la première étape du Tour de France Femmes.

Un peu plus tard, elle a appris qu’elle avait échappé cette première tunique de meilleure jeune (moins de 23 ans) par deux places. Il n’en demeure pas moins que la cycliste de Québec a fini huitième du sprint massif de cette étape historique, la première en 33 ans pour un véritable Tour de France féminin.

« Ouf, c’est solide ! a réagi Boilard. Je suis super contente qu’on puisse faire un top 10 avec l’équipe. On est une des équipes invitées parce qu’on est françaises, on ne va pas se le cacher. C’est un gros objectif pour nous de montrer qu’on a notre place ici. On a couru sans complexe et on a montré qu’on avait vraiment notre place au Tour. »

Des milliers de spectateurs bordaient déjà la plus célèbre avenue du monde quelques heures avant la conclusion de l’étape ultime du Tour masculin, disputée sur le même circuit.

« Ça donne des watts, vraiment, a souligné Boilard. C’est malade parce que c’est vraiment notre course maison. Notre service-course est à 5-10 kilomètres d’ici. Aubervilliers 93, c’est une banlieue de Paris. »

Ne se considérant « pas du tout » comme une sprinteuse, la cycliste de 22 ans s’est faufilée derrière le train de l’équipe DSM, qui a conduit la Néerlandaise Lorena Wiebes vers une victoire et un premier maillot jaune attendu.

PHOTO MICHEL EULER, ASSOCIATED PRESS

Lorena Wiebes (à droite) a remporté la course au sprint.

« C’est fou, il faisait chaud, a souligné Boilard. Je pense que d’habiter à Nice, ça paye. Ça m’a acclimatée à la chaleur. »

La médaillée de bronze aux Championnats du monde juniors de 2018 tentera de prendre le maillot blanc dès la deuxième étape, 136,4 km entre Meaux et Provins, ce lundi. Il appartient pour l’instant à la Néerlandaise Maike van der Duin (Le Col-Wahoo), sixième de l’étape. « Il y aura d’autres occasions », a assuré Boilard, pas trop déçue.

« Sept jours pour se reprendre »

Deux autres Québécoises participent au Tour de France : Olivia Baril, avec les Italiennes de Valcar-Travel & Service, et Magdeleine Vallières Mill, recrue de l’équipe américaine EF Education-Tibco-SVB.

Baril, 41e, s’est assurée de terminer dans le même temps que les prétendantes au classement général, tout en préparant le sprint pour sa coéquipière Eleonora Gasparrini (16e), qui visait elle aussi le maillot blanc.

« On a eu des soucis dans notre train de lead-out », a expliqué Baril après s’être douchée dans la camionnette d’équipe stationnée à la place de la Concorde. « C’est malheureux, mais c’est la première étape sur huit. On a sept jours pour se reprendre. »

Sa présence au départ du Tour est déjà un exploit. Personne n’y croyait après une chute à la troisième étape du Giro, le 2 juillet, ce qui lui a valu 25 points de suture au genou gauche.

« J’ai fait une semaine complète sans bouger du tout au lit. J’ai regardé le Giro de mon sofa. J’ai recommencé à pédaler tranquillement avec les points de suture. Aujourd’hui, c’était juste une remise en forme dans le peloton. M’assurer que je n’ai pas peur. Une chute, ça peut marquer aussi le mental. Je voulais simplement arriver sécuritairement à la ligne d’arrivée pour ne pas perdre de temps. »

L’athlète originaire de Rouyn-Noranda était heureuse d’avoir pu expérimenter cette course sur les pavés des Champs-Élysées.

Ça brassait pas mal, j’ai des ampoules sur les mains. C’est le fun de pouvoir vivre ce que les hommes ont vécu depuis toujours.

Olivia Baril

À l’ombre du gros autobus d’EF Education, une formation du WorldTour, Vallières Mill avait elle aussi les mains engourdies après sa 125place, à 56 secondes de la gagnante.

« J’avais un peu de misère dans le peloton, je n’étais pas positionnée où j’aurais voulu, a regretté la Sherbrookoise. Je n’ai pas pu aider autant que je voulais. Ça arrive. »

La jeune femme de 20 ans n’a appris qu’il y a une semaine et demie sa sélection au Tour de France, après une bonne prestation au Giro (38e). Pour la première fois de sa vie, elle a pu admirer la tour d’Eiffel, lieu de départ de l’épreuve de 81,7 km.

« C’est très beau ici, a-t-elle noté en balayant les édifices du regard. C’est très spécial de faire le premier Tour de France Femmes. »

Wiebes a devancé dans l’ordre la Néerlandaise Marianne Vos (Jumbo-Visma) et la Belge Lotte Kopecky (SD Worx).

Le Tour de France Femmes se terminera dimanche prochain à la Super Planche des Belles Filles, lieu d’arrivée de la septième étape de son pendant masculin.