Alors que la Formule 1 fera son grand retour chez l'Oncle Sam à l'occasion du Grand Prix des États-Unis à Austin, les yeux des amateurs américains seront plutôt tournés vers la Floride, où se conclura dimanche la chasse à la Coupe Sprint du NASCAR. Mais le seront-ils vraiment?

Le NASCAR s'apprête à souligner l'an prochain son 65e anniversaire. Un anniversaire marqué par le changement, et même par une certaine remise en question. D'accord, le stock-car est toujours roi aux États-Unis, mais plusieurs réclament des changements dans la formule, qui apparaît de moins en moins efficace.

Depuis 2005, les foules sont moins nombreuses à suivre le cirque du NASCAR, autant dans les gradins des anneaux de vitesse que devant le petit écran. Plusieurs commanditaires ont quitté, nommément Red Bull, qui a fermé son écurie à la fin de la dernière saison. Malgré tout, FOX a tout récemment prolongé jusqu'en 2022 son entente pour la retransmission des courses de la première moitié de saison de la série Sprint. Selon le Sports Business Daily, le montant du contrat s'élève à 2,4 milliards de dollars, en hausse par rapport au précédent contrat de huit ans qui avait coûté 1,76 milliard au diffuseur. Semble-t-il que la couverture d'événements sportifs vaut toujours son pesant d'or; les amateurs préfèrent le direct et n'utilisent donc pas leurs enregistreurs numériques, ce qui plaît beaucoup aux publicitaires.

Et si la télé va, tout va, car les redevances versées par les télédiffuseurs sont plus importantes que les revenus aux guichets. Bref, il y a moins de monde dans les gradins, mais ça semble être un moindre mal, du moins tant que le NASCAR restera le deuxième sport le plus populaire aux États-Unis, derrière la monstrueuse machine de la NFL.

N'empêche, l'empire familial fondé par «Big» Bill France essaie de se secouer les puces. On a boulonné un moteur à injection sous le capot des voitures de série Sprint en 2012. Ça n'a pas changé grand-chose au spectacle, mais ça témoigne d'une évolution manifeste dans les mentalités.

L'an prochain, on roulera dans de toutes nouvelles voitures qui se veulent un clin d'oeil au passé «stock-car» de la série. On revient en effet avec des carrosseries aux formes distinctives selon qu'il s'agit d'une Ford Fusion, d'une Chevrolet SS ou d'une Toyota Camry. Dodge avait présenté sa nouvelle Charger, mais a annoncé son retrait de la compétition après avoir été largué par Penske, la seule écurie qui utilisait des voitures Dodge. Cruellement, Dodge pourrait remporter cette année son premier championnat en 37 ans, Brad Keselowski bénéficiant d'une avance de 20 points sur Jimmie Johnson avant la course ultime à Homstead. S'il gagne, il défendra l'an prochain son titre au volant d'une Ford.

 

La formule des qualifications changera aussi en 2013. Désormais, les 36 premières positions (sur 43) seront réservées aux meilleurs chronos de la séance de qualifs. Auparavant, on garantissait une place aux voitures qui occupaient les 35 premières positions du classement. Avec le résultat que plusieurs pilotes devaient plier bagage avant la course, même s'ils avaient signé un temps plus rapide que bon nombre de pilotes qualifiés d'office.

Aussi, NASCAR essaie d'élargir son spectre sur l'ensemble des sports motorisés nord-américains. La récente fusion entre sa série Grand-Am et la rivale American Le Mans en témoigne. Les voitures sport et les prototypes n'ont jamais été aussi bien représentés en Amérique du Nord. Ford a par ailleurs ouvertement suggéré que NASCAR mette la main sur la spectaculaire série Global RallyCross alors que d'aucuns souhaitent que l'IndyCar passe à son tour sous le giron du NASCAR.

L'empire du stock-car connaît sans doute des problèmes à l'interne, mais il reste néanmoins extrêmement puissant.

De toute façon, les amateurs de course américains n'ont pas d'alternative valable. Ce n'est pas une course de Formule 1 disputée dans l'indifférence générale à la même heure que l'épreuve décisive de la Coupe Sprint qui risque d'y changer grand-chose...

Photo AP

Brad Keselowski pourrait offrir à Dodge son premier championnat en 37 ans dans la série reine du NASCAR.