Après une première évolution réglementaire sans conséquence lors du dernier Grand Prix d'Europe, la Formule 1 affronte un nouveau changement de règle pour l'épreuve britannique qui, le paddock l'espère, secouera le plateau dimanche à Silverstone.

Constatant que «certains paramètres moteurs et de contrôle sont changés régulièrement après les qualifications», la Fédération internationale de l'automobile (FIA) avait annoncé avant Valence qu'elle interdirait toute modification des réglages des propulseurs avant la course.

La mesure devait, imaginait-on, ralentir Red Bull, dont les sept pole positions - six pour l'Allemand Sebastian Vettel, une pour l'Australien Mark Webber - commençaient à lasser. Mais la montagne accoucha d'une souris. Le champion en titre remporta sa huitième pole, devant son coéquipier.

«Il y a eu pas mal de discussions mais nous n'avions jamais compris pourquoi», avait commenté, après coup, l'Allemand, finalement vainqueur de la course, anticipant «encore beaucoup de discussions avant le prochain GP» de Grande-Bretagne.

Ce week-end, les échappements soufflés, qui procurent davantage d'adhérence, et donc de la performance, aux monoplaces lorsque les pilotes décélèrent, seront de fait bannis. Une mesure qui, selon Charlie Whiting, le délégué technique de la FIA, peut coûter jusqu'à «une demi seconde» par boucle à certaines écuries.

Red Bull devrait en faire les frais, espère la concurrence, qui goûte peu les six victoires en huit courses, plus deux deuxièmes places, de Vettel. Car si l'avance de 77 points qu'il compte sur ses dauphins Webber et le Britannique Jenson Button (McLaren) devait grandir dimanche, le Championnat perdrait tout intérêt.

Irréaliste

D'autant que Silverstone, un tracé aux nombreuses courbes rapides - huit virages pris à plus de 250 km/h et deux seulement à moins de 100, quand Monaco, par exemple, en propose huit à moins de 100 km/h et aucun à plus de 250 - convient à Red Bull, qui s'y est imposé en 2009 (Vettel) et 2010 (Webber).

«Tout le monde perdra quelque chose mais les gens s'attendent à ce qu'on perde plus que les autres. C'est là que je suis en désaccord», estimait Sebastian Vettel en Espagne.

Valence est «probablement notre pire piste de l'année, ou l'une des trois qui nous va le moins, et pourtant nous n'avons pas été trop mauvais, avait ironisé Webber, troisième du GP d'Europe en Espagne. Donc nous devrions être OK sur les autres circuits».

La concurrence muscle ses arguments. «Nous faisons face à de nouvelles interprétations très strictes de certaines règles. Celles-ci affecteront toutes les équipes. Il sera donc intéressant de voir si l'ordre du plateau en sera changé», observe le Britannique Lewis Hamilton.

«Silverstone est l'un des meilleurs circuits au monde. Je pense vraiment que le DRS (aileron arrière ajustable) et le SREC (système transformant l'énergie des freinages en chevaux supplémentaires à l'accélération) feront de ce GP l'un des meilleurs et des plus excitants à avoir jamais été courus», affirme-t-il.

Ferrari avance plus prudemment. «Personne ne peut encore dire si ce changement constituera un facteur significatif. On commencera à le comprendre durant les séances d'essais libres», commente la Scuderia, qui estime «irréaliste» d'anticiper un «renversement des rapports de force vus jusqu'ici».

L'humilité va bien à la "Rossa". Avec 99 points de retard sur Vettel après huit courses à peine, son champion, l'Espagnol Fernando Alonso, semble déjà hors délais pour le titre.