La réduction des coûts est devenue une nécessité pour la survie des équipes de Formule 1, une réalité accentuée par la crise financière mondiale qui sévit actuellement; pourtant, les instances dirigeantes et les patrons d'écuries ne sont pas sur la même longueur d'ondes.

Max Mosley, le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), et Bernie Ecclestone, qui gère les droits commerciaux de la F1, sont partisans de solutions radicales.

Les deux hommes, à nouveau très liés après quelques semaines de flottement lors de l'affaire de moeurs qui a éclaboussé Mosley au printemps dernier, font cause commune sur ce sujet sensible et appellent à des «réductions urgentes et drastiques des coûts».

«Bien avant les difficultés économiques actuelles, il est devenu évident que la Formule 1 n'est pas viable. Si nous ne réglons pas ça d'ici 2010, nous aurons un grave problème», a prévenu Max Mosley mercredi sur la BBC.

Dans une interview au Times, Bernie Ecclestone évoque de son côté par exemple une standardisation des moteurs à l'horizon très proche de 2010. Cela permettrait une économie de plusieurs dizaines de millions d'euros par an dans chaque équipe.

Mais la majorité des patrons d'écurie rejettent contre cette idée. Vendredi, en marge du Grand Prix du Japon au Mont-Fuji, Mario Theissen (BMW Sauber), Nick Fry (Honda) et John Howett (Toyota) semblaient à des lieux de vouloir accepter une telle proposition.

Révolution

«Nous avons beaucoup d'idées pour réduire les coûts tout en conservant l'essence de la Formule 1, tempère ainsi John Howett. Mais étant donné le contexte de crise certains pourraient faire pression plus que de raison. J'espère qu'on réussira à avoir des discussions constructives pour trouver des solutions.»

Les deux parties sont loin de s'entendre. Elles entameront des discussions le 19 octobre à Paris où Max Mosley a convoqué une réunion d'urgence. Il souhaite rencontrer les membres de la FOTA (Formule One Team Association), c'est-à-dire l'association des patrons d'écuries, pour discuter des «décisions stratégiques nécessaires à adopter par rapport aux problèmes économiques mondiaux».

Max Mosley et Bernie Ecclestone semblent partisans d'une révolution. Les équipes sont plus mesurées et pour le moment ne consentent que des évolutions.

«Une réaction de panique de notre part serait catastrophique», affirme encore John Howett. «Bien sûr la Formule 1 va être touchée par la crise, comme toutes les industries, comme tous les parraineurs. On va devoir s'adapter», ajoute Mario Theissen.

«On sort d'un des plus beaux week-ends de course (à Singapour) et la Formule 1 est très forte mais pour survivre il faut être sûr que les 10 écuries s'entendent et travaillent ensemble», conclut Nick Fry.

Elles devront s'entendre rapidement: selon certains journaux britanniques, Williams, une des dernières écuries indépendantes, aurait par exemple perdu quelque 90 millions d'euros sur les deux dernières saisons. A ce train, l'écurie ne survivra pas longtemps.