À Monaco, les particularités du tracé le plus lent de la saison laissaient penser que le doublé signé par les McLaren ne reflétait pas forcément une domination réelle.

À Monaco, les particularités du tracé le plus lent de la saison laissaient penser que le doublé signé par les McLaren ne reflétait pas forcément une domination réelle.

Au terme du Grand Prix du Canada, la semaine dernière, il était bien difficile de tirer une quelconque conclusion de la course la plus animée de l'année, sinon que Lewis Hamilton avait été épargné par les difficultés et que Fernando Alonso avait eu la malchance de devoir ravitailler au moment précis où ce n'était pas autorisé.

Mais hier, sur le tracé d'Indianapolis, plus d'excuses et d'explications théoriques. Les deux McLaren ont nettement dominé leur sujet et Lewis Hamilton a fait preuve d'une maturité inattendue, dominant pour la première fois Fernando Alonso à la régulière. Si la victoire du jeune Britannique, sur le circuit Gilles-Villeneuve, avait bénéficié d'un coup de pouce du destin, son succès d'hier n'a profité que de son formidable coup de volant.

Au début de la saison, Lewis Hamilton jouait plutôt profil bas. En Australie, il était fou de joie d'avoir terminé troisième. En Malaisie, à Bahrein et en Espagne, il se réjouissait de figurer sur la deuxième marche du podium.

Mais à Monaco, tout a changé. Pour la première fois de la saison, le Britannique s'est plaint d'avoir été rappelé aux puits trop tôt par ses ingénieurs, ruinant ainsi ses chances de victoire.

Et depuis, la bataille qui oppose les deux coéquipiers de l'écurie McLaren fait rage. Un combat qui rappelle de plus en plus les célèbres duels qui avaient déchiré Ayrton Senna et Alain Prost. À l'époque, en 1988 et 1989, le Brésilien et le Français se battaient eux aussi sur des McLaren nettement supérieures aux autres monoplaces.

Si la lutte qui oppose le Britannique à l'Espagnol, cette saison, s'annonce tout aussi intense, les similitudes s'arrêtent pourtant là. Car si Ayrton Senna et Alain Prost étaient déjà des vainqueurs confirmés, Lewis Hamilton, à l'inverse, n'est encore qu'un débutant qui fait face à un double champion du monde. Et c'est ce qui pourrait lui coûter cher.

Au début de la saison, le Britannique se contentait d'observer son maître, Fernando Alonso, et d'apprendre à ses côtés, impatient de comprendre comment on règle ces diables de monoplaces pour gérer l'usure des pneus ou la charge en essence.

Depuis, Lewis Hamilton a compris bien des choses. Hier, parti de la position de tête, il n'a plus lâché sa première place jusqu'à l'arrivée, parvenant à tenir en respect celui qui lui apprenait tout il y a quelques semaines seulement. L'élève avait dépassé le maître.

Désormais, le pilote de la McLaren numéro 2 ne pourra plus compter que sur lui-même. Après la course d'hier, Fernando Alonso ne va plus l'aider. Et l'écurie McLaren, comme toujours, refusera de se mêler au duel entre ses deux pilotes - on l'a encore vu hier, lorsque Dennis n'a rien fait pour empêcher Alonso d'attaquer Hamilton, même au risque d'un accrochage entre ses deux voitures.

Entre Hamilton et Alonso, les relations, désormais, vont probablement se durcir, un peu comme celles qui régnaient entre Ayrton Senna à Alain Prost. Jusqu'ici, le jeune Anglais profitait des réglages définis par l'expérimenté espagnol. Désormais, ce ne sera sans doute plus aussi convivial.

Fernando Alonso compte bien, alors, faire jouer son expérience pour démontrer à son jeune coéquipier qui est le meilleur. L'été s'annonce chaud chez McLaren.