Hamilton et ses poursuivants pied au plancher dans le brouillard? Les incendies de forêt en Indonésie risquent d'obscurcir le Grand Prix de Singapour de Formule 1, dimanche, que les organisateurs n'envisagent cependant pas d'annuler.

La visibilité pourrait bien poser de gros problèmes lors de la course, qui se déroulera dans les rues bosselées de la cité-Etat (départ à 20 h 00 locales, 8 h 00 heure de Montréal), quand l'humidité va fixer dans l'air la fumée omniprésente depuis plusieurs jours. En attendant, le «taux de pollution (PSI) varie d'heure en heure», souligne le promoteur, et des masques de chirurgien sont disponibles à toutes les portes d'entrée du circuit urbain de Marina Bay.

«Cela aurait posé un gros risque pour la santé si ça avait été aussi mauvais qu'hier» (mercredi), a déclaré à l'AFP le pilote McLaren Jenson Button.

«Je pense que ce sera bon pour le week-end, croisons les doigts. Ce n'est pas bon de respirer de la fumée quand on est dans une voiture de course et que les battements de coeur sont très élevés», a expliqué le Britannique, champion du monde 2009.

Comme chaque année pendant la saison sèche, l'Indonésie est ravagée par des incendies de forêts et de terres agricoles provoqués par la culture sur brûlis, pourtant illégale. Très vite hors de contrôle, les feux se propagent rapidement et la fumée atteint Singapour et la Malaisie, deux pays en face de l'île indonésienne de Sumatra

- Hamilton, encore? -

Dans la ville-État de 5,4 millions d'habitants, où la recherche de la propreté est quasiment obsessionnelle, les niveaux de PSI seront affichés tout le week-end sur les écrans géants disposés tout autour du circuit. Avec en prime des équipes médicales dédiées pour régler en urgence d'éventuels problèmes de respiration ou de vision.

Les organisateurs ont un secret espoir: qu'il pleuve beaucoup, pour améliorer la qualité de l'air. Revers de la médaille, ce serait un facteur de risque supplémentaire sur la piste, car les rues de Singapour sont recouvertes de bandes plastiques de couleur (passages piétons, etc.).

La situation est donc imprévisible, sauf en tête du peloton de F1, vu la supériorité des Flèches d'Argent de Mercedes.

Lewis Hamilton est en route vers un troisième titre mondial: il a 53 points d'avance sur son coéquipier Nico Rosberg, soit plus que l'équivalent de deux victoires, alors qu'il reste sept manches et qu'il en a déjà remporté sept en 2015.

- À la poursuite de Senna -

Dans la course aux records et en attendant ce 3e titre qui lui tend les bras, Hamilton va tenter de faire aussi bien que son idole de jeunesse, Ayrton Senna, sur deux plans.

S'il signe samedi soir sa 8e pole position d'affilée, il égalera le regretté Brésilien au volant d'une McLaren-Honda au siècle dernier. Et si l'Anglais gagne dimanche, l'égalité sera parfaite au ratio victoires/nombre de GP disputés: 41/161, soit 25% de réussite.

«Depuis tout petit, j'ai toujours voulu faire aussi bien qu'Ayrton, autant que possible», a dit Hamilton à Sky Sports, en évoquant son idole morte en 1994. «J'ai toujours voulu piloter comme il arrivait à le faire. C'est quasiment surréaliste de penser que 20 ans plus tard je me bats pour le même nombre de podiums ou de championnats. Il faut quand même se souvenir que s'il avait continué, il en aurait remporté beaucoup d'autres».

Son coéquipier Rosberg n'aura plus rien à perdre pour le titre mais devra surveiller sa 2e place au championnat, très convoitée par un autre Allemand, Sebastian Vettel (Ferrari). Gonflé à bloc par son podium (2e) à Monza derrière l'intouchable Hamilton, le quadruple champion du monde n'est plus qu'à 21 points de son compatriote.

Enfin, comme Singapour est un GP glamour, il y aura aussi de l'ambiance derrière les tribunes. Le programme des concerts est alléchant, avec Bon Jovi, Pharrell Williams, Spandau Ballet ou Jimmy Cliff. Même avec des masques, entre deux quintes de toux, les yeux piquants à cause de la fumée, les courageux spectateurs vont sûrement se régaler...